[Interview Girondins4Ever] Cédric Hengbart : “Là, avec le stade, avec l’ambiance, avec ce qui va se dégager autour, c’est vrai que ça va nous mettre tout de suite dedans”

Nous l’avions interviewé la saison dernière alors qu’il était l’entraîneur du Blois Foot 41. Ancien défenseur professionnel, que l’on identifie à un football qui pourrait nous rendre, nous, nostalgiques, Cédric Hengbart vient de prendre la tête de l’US Avranches cet été, et se voue corps et âme à sa passion, le football. Samedi, il sera l’entraineur d’en face, celui du normand, lui qui a supporté les Girondins de Bordeaux étant plus jeune. Un grand merci à lui pour le temps qu’il nous a de nouveau accordé, son discours vrai, et sa gentillesse.
Bonjour Cédric. Déjà comment allez-vous ? On s’était croisés la saison dernière alors que vous étiez entraîneur de Blois. Vous voilà maintenant à la tête d’Avranches. Est-ce que vous aviez envie d’un nouveau challenge ?
Beh, écoutez, ça va bien, merci. Oui c’est vrai, et si j’étais resté à Blois on n’aurait pas été dans le même groupe (sourire). Un nouveau challenge ? Au départ, pas spécialement. En fait c’est l’opportunité qui a fait que j’ai pris cette décision. Mais au départ j’avais encore un an de contrat à Blois donc l’idée était de rester. En ayant cette opportunité, on en a discuté, j’ai échangé avec pas mal de monde. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de paramètres qui faisaient que cette opportunité-là était intéressante pour moi.
Vous récupérez un effectif qui finalement, a subi peu de changements durant cette intersaison (départs de Rabuel, Delpech, Tertereau, Mupemba, Pannafit et Tiéhi) donc est-ce plus simple lors de la préparation d’avant-saison ?
Oui et non parce qu’on perd quand même cinq joueurs majeurs sur l’équipe titulaire donc il faut refaire. Il y aura aussi des nouveaux principes de jeu, une nouvelle façon d’entraînement, donc il y a une adaptation autour de ça. Maintenant j’ai des joueurs qui sont quand même professionnels pour certains, depuis quelques années. J’ai une qualité qui est quand même bonne donc ça me permet d’avancer vite dans la compréhension du jeu. Mais c’est quand même plus facile.
Quelles différences avez-vous pu constater entre Blois et Avranches ?
Les infrastructures, je le dis assez souvent dans les médias mais c’est vrai que j’ai des infrastructures qui sont quasiment de Ligue 1, franchement… J’ai deux terrains d’entraînement pour moi, j’ai toute une salle de muscu. Tout est parfait pour s’entraîner donc c’est sûr que ce n’est pas une excuse. C’est la principale différence.
Les terrains d’Avranches sont meilleurs que ceux de Blois, que ce soit pour les entraînements ou les matches. On imagine que ça change beaucoup de choses…
C’est clair que c’est quand même plus agréable, et encore, pour l’instant on est en été, donc ce n’était pas la plus grosse problématique l’été. Mais quand on va arriver à cet hiver, je pense que je vais être content d’être là où je suis. Comme je l’ai dit, c’était vraiment compliqué, et pour le match, et pour l’entraînement, donc c’est vrai que c’est une donnée qui est quand même assez importante.
Quand on change d’équipe, est-ce que ça remet en cause toute sa stratégie en termes de système et plan de jeu, ou est-ce que ce sont plutôt aux joueurs de s’adapter ?
On essaye de partir sur ce qu’on aime faire. Après, c’est une adaptation par rapport aux joueurs. Le système est bien mais s’il n’y a aucun joueur qui peut rentrer dans le système, c’est compliqué. Donc l’objectif de cette prépa a été de mettre des choses en place que je voyais, puis petit à petit on évolue selon ce qu’on a vu dans les matchs de prépa. On va continuer d’évoluer au fil de la saison je pense, mais le but c’est de garder ma philosophie de jeu. J’y crois et c’est comme ça qu’on prend plaisir et qu’on donnera du plaisir aux gens. Maintenant, à l’intérieur il y a quelques modifications parce que, bien sûr, les joueurs ne sont pas pareil.
Est-ce que vos dirigeants ont défini un objectif précis cette saison ?
Non, l’objectif va se définir petit à petit. Bien sûr qu’on veut être le plus haut possible. Maintenant, dans les six premières journées, on a quand même six matchs importants. On va à Bordeaux, on reçoit Saint-Malo, on va à Angoulême et on a La Roche, donc on a quand même quatre équipes qui étaient en N2 l’année dernière dans le haut de tableau. A nous d’être performants au début et après, les objectifs vont se définir tout seul.
Vous débutez la saison en jouant dès la 1ère journée par ce déplacement à Bordeaux, de quoi rentrer directement dans le bain ?
Au moins c’est bien, ça va être une bonne rentrée (sourire). C’est le match qui va, entre guillemets, nous montrer un petit peu ce qu’est le niveau N2, même si l’ambiance on ne l’aura quasiment qu’à Bordeaux. C’est vrai que c’est quand même plus facile. Des fois, les premières journées au mois d’août, il fait très chaud, il n’y a pas beaucoup d’ambiance et c’est vrai qu’on se dit que ça sent encore un peu les matchs amicaux. Là, avec le stade, avec l’ambiance, avec ce qui va se dégager autour, c’est vrai que ça va nous mettre tout de suite dedans.
Les joueurs ont dorénavant des repères dans ce grand stade des Girondins, cela devient un avantage ?
Ouais, après j’ai quatre-cinq joueurs qui ont été professionnels donc ils connaissent les ambiances et les stades de Ligue 1 ou de Ligue 2. Pour ça, je n’ai pas d’appréhension par rapport à ça justement. Pour moi, que ce soit la première fois ou la deuxième fois, je pense que ça ne change pas grand-chose. Aujourd’hui, quand on est joueur de foot c’est la concentration et ce qu’on y met à l’intérieur, et là-dessus je n’ai pas de doutes.
Vous avez pu constater que les Girondins ont changé la quasi-totalité de l’effectif de la saison dernière. Quel est votre avis en tant que coach ?
Comme quasiment les trois-quarts des équipes en N2 (rires). J’ai la chance d’avoir gardé pas mal de monde, mais il y a beaucoup d’équipes, vu que ce sont des contrats d’un an, elles changent quasiment tous les ans. Donc en fait ils sont comme tout le monde, ils reconstruisent à chaque fois, mais comme je le dis, c’est le lot de quasiment toutes les équipes de N2. Maintenant, je ne sais pas trop quoi en penser, je ne les ai pas vus, je ne sais pas comment ça se passe. Après on verra, c’est difficile de les jauger parce que c’est pareil, il y a beaucoup de nouveaux joueurs. Je pense qu’on verra ça sur place directement.
C’est le début du championnat donc les équipes ne sont pas encore vraiment rodées et il est encore difficile de savoir ce que les entraîneurs adverses vont mettre en place comme système. Comment on aborde ça ?
On connaît quand même à peu près les systèmes des équipes adverses. Je veux dire que Bruno Irles a dû se renseigner, il sait comment je joue. Ça fait quand même deux ou trois ans que je joue de la même façon, même si en fait à l’intérieur c’est plus les animations. Les animations, on peut les changer quasiment toute l’année, donc je trouve que ce n’est pas trop l’inconnue. Pareil, aujourd’hui je sais dans quel système Bordeaux va jouer par rapport à ce que j’ai lu aussi. Le fameux 3-5-2 ? Voilà, mais encore une fois ce n’est pas trop le système. Ce n’est pas ce qui fait la différence dans les matchs, c’est ce qu’il y a à l’intérieur et ce que mettent les joueurs par rapport à ça, qui font qu’il faut faire attention. C’est vrai que ça peut être une inconnue mais c’est l’adaptation aussi des joueurs, c’est-à-dire que les grands joueurs arrivent à s’adapter tout de suite à ce qui va se passer en face. Puis, les joueurs qui sont moyens vont être surpris, “Ah bin ils jouent comme ça…”, c’est à nous de nous adapter à ça.
Cette fois, Bruno Irles a eu le temps de recruter, de cibler et de faire une préparation d’avant-saison. Ce sont des facteurs qui peuvent énormément compter dans une saison ?
Oui, après l’année dernière… On dit ça mais l’année dernière, au mois de janvier ils sont premiers, donc la montée de l’année dernière ne s’est pas jouée sur le début de saison, elle s’est jouée sur la fin. On peut me dire ce qu’on veut, ce n’est pas le début qui a compté. Les joueurs, aux mois de février-mars-avril, je pense que ça faisait quand même un moment qu’ils jouaient ensemble, qu’ils gagnaient en plus donc ils performaient. Je ne sais pas si aujourd’hui on peut dire que c’est mieux ou que c’est moins bien. Aujourd’hui, il a pu choisir ses joueurs, il a pu travailler un peu plus, mais l’année dernière il y a eu deux journées qui ont été reportées. En fait, je ne sais pas trop quoi en penser, vraiment, encore une fois ça va dépendre de comment il va arriver à mettre l’alchimie entre chaque joueur, c’est surtout ça.
Quel regard portez-vous sur le recrutement bordelais ? Semble-t-il plus fort, ou plus adapté au championnat que la saison dernière à l’image de la venue de Matthieu Villette, meilleur buteur de La Roche ?
C’est clair qu’en recrutant des joueurs comme Matthieu Villette, ça montre que ces joueurs-là connaissent le niveau de N2. Maintenant c’est toujours pareil, c’est qu’on a un départ de performances puis au fil de l’année il y a des joueurs qui, soi-disant, sont performants en N2 puis qui déçoivent. Et il y en a d’autres à qui on ne s’attendait pas, puis qui vont performer. Encore une fois, ce n’est pas le début de saison, ce ne sont pas les noms sur le papier qui font une équipe, c’est l’évolution au cours de la saison, c’est la cohésion d’équipe puis ce sont plein de paramètres. Les noms c’est bien, mais ce qu’on arrive à faire avec ce qu’on a qui est le plus important.
Au vu du recrutement et de la constitution des effectifs, quelles équipes semblent être les plus armées pour jouer les premiers rôles cette saison ?
Forcément, il y a toujours Bordeaux. Ce sont les moyens qu’ils mettent sur les joueurs, que nous on ne peut pas mettre. On a rencontré Saint-Malo et Saint-Malo ne va pas être loin encore parce qu’ils ont bien recruté et ils ont des joueurs de qualité. Ils ont un groupe nombreux donc dans les moments où il va y avoir besoin de rotation, ils vont pouvoir compter là-dessus. Puis après, il y a toujours une équipe surprise. Tous les ans, il y a toujours une équipe qu’on n’attend pas et qui est en haut. On l’a vu avec Saint-Brieuc l’année dernière. Il y a toujours une équipe qui arrive à surprendre. Les Herbiers ? Ouais, Les Herbiers aussi ont bien recruté, ça fait deux ans qu’ils sont quand même bien armés. Ils connaissent le coach donc ouais, ça peut. Après, on le voit chaque année, ce championnat de N2, comme tous les championnats, c’est serré et ça se joue à pas grand-chose. Si on sera dans les outsiders avec Granville et Angoulême ? Granville a très bien recruté aussi. C’est clair que Granville on ne s’y attend pas parce qu’ils ont été avant-derniers l’année dernière et qu’ils ont été repêchés, mais c’est vrai qu’ils ont bien recruté. C’est vrai que ça peut être une équipe. Puis on sait qu’Angoulême c’est toujours compliqué d’aller jouer là-bas. Donc il y a quand même cinq ou six équipes qui sont intéressantes. Puis nous c’est pareil, je nous mets en outsider parce qu’on a quand même onze ou douze joueurs qui sont d’un très bon niveau N2. Maintenant, on n’a pas un effectif très large en quantité. Si on n’a pas de blessés, si on n’a pas trop de suspendus, on pourra peut-être faire des surprises. Mais ça va vraiment dépendre de nos six premiers matchs. On peut aussi mettre La Roche dedans parce que c’est toujours une équipe qui joue. Elle a quasiment fini première l’année dernière sur les matchs retours. Il y a quand même six ou sept équipes qui peuvent performer dans ce championnat.
Quelles seront selon-vous les clés du match ?
Ça va être la présence dans les deux surfaces. Nous, c’est ce qui nous fait un petit peu défaut sur la préparation, c’est qu’on a beaucoup, beaucoup d’occasions et qu’on ne marque pas. Puis des fois on fait une erreur et on prend un but. Donc ce sont vraiment les deux surfaces qui vont compter, ce qui se passe à l’intérieur est important. Puis peut-être le côté athlétique, en début de championnat on sait que souvent à partir de la 60ème, 70ème, ça s’ouvre. En plus ils annoncent des grosses chaleurs et on n’a pas du tout été habitués du mois de juillet donc les joueurs risquent peut-être de tirer la langue à un moment donné. Ça peut être un paramètre important.
Est-ce que vous avez fini votre recrutement ou est-ce que vous allez avoir des retouches à faire d’ici la fin du mercato ?
Il nous manque au moins un attaquant. On cherche un attaquant, on attend, on a des pistes. Ça avance moyennement, il y a des pistes qui se sont refroidies mais on va trouver un attaquant.
Certains de vos joueurs ont-ils été contactés par les dirigeants bordelais ?
Ca je ne sais pas du tout. Et à Blois ? Non, on ne m’a rien dit, je ne sais pas.
On vous souhaite un bon match pour samedi et on va espérer de meilleures températures
On mettra de la crème solaire avec des lunettes de soleil (sourire).
Un Grand Merci à Cédric et que le meilleur gagne !