Guillaume Hoarau : “Il faut mettre un mot dessus. Dépression. On vide. Tu es vidé. La petite mort, c’est… C’est violent”

    Sur Kampo, l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux, Guillaume Hoarau, s’est exprimé sur son après carrière, une fois qu’il a raccroché les crampons professionnels.

    « C’est quelque chose que tu ne sais pas, et tu as de l’appréhension, de l’incertitude, et la vie sans foot, on ne connait pas… Je suis consultant, le foot est toujours là. En fait… On parle de petite mort. S’il y a vraiment un sujet sur lequel j’aimerais que nous, les footeux, entre nous, on arrive à créer quelque chose, pour ne serait-ce qu’en parler, c’est celui-là… C’est une première étape en parler, mais derrière, on fait quoi ? Il y a des choses à faire ».

    Car oui, l’ancien bordelais a connu la dépression.

    « Il faut mettre un mot dessus, et encore une fois, ce n’est pas un mot qui est négatif. Quand tu prends l’avion, on dépressurise la cabine, là c’est la même chose. Tu as été sous pression, et là on enlève la pression. On vide. Tu es vidé. La petite mort, c’est… Tu sais que ça va se terminer. Tu as un proche qui a une maladie, qui va malheureusement s’éteindre bientôt, tu prépares, tu anticipes, mais tu ne sais pas… Le jour où ça tombe, vivre sans cette personne… Tu ne sais pas. Entre le préparer, l’anticiper, le vivre, l’accepter, vivre avec… Ce sont des étapes différentes. Le préparer, l’anticiper, c’est comme pour tout. L’anticipation, c’est au quotidien, dans ton approche avec le foot. Sur l’aspect alimentaire en lui-même, comment tu vas gagner ta vie demain… On peut tous trouver une reconversion, mais je parle plutôt dans le côté développement personnel, comment tu vis la chose, et donc l’accompagnement. Mais après, c’est propre à chacun. Comment les gens font leur deuil, on ne sait pas vraiment. Cela fait trois ans déjà pour moi, j’apprends encore, et j’ai fait plein de choses. Je suis retourné à La Réunion, j’ai voulu monter une académie, je suis arrivé avec beaucoup d’humilité, d’envie, on m’a fermé la porte au nez… Aujourd’hui, la communication a repris et on va, avec le nouveau président de la Ligue, on est sur des projets. Il a fallu que je prenne cette claque-là dans la tête pour me dire… ».

    Puis, il poursuit.

    « Aujourd’hui, je suis encore privilégié, j’ai la chance avec Ligue 1+ d’être en bord terrain, et c’est quelque chose qui correspond à ma personnalité. Je dois encore trouver mes marques, mais je me rapproche des clubs. J’ai envie de monter cette académie de foot pour les enfants de La Réunion… Je suis en place pour observer, poser des questions. J’ai rallumé une flamme, il y a un truc sur la transmission… Sur le plan plus personnel, artistique, le seul moment où je ressens cette adrénaline, c’est quand je fais mes concerts en Suisse. C’est peut-être le moment de faire de la musique, mais en même temps, la musique, c’était un peu ma bulle, ma cathédrale… Je peux chanter cinq heures sous mon cocotier, et là on me demande de performer encore dans la musique. Je pense que l’électrochoc, ça a été ma séparation. Ça s’est arrêté au bout de cinq ans, et c’est là où je me suis dit qu’il fallait que je me reprenne en main, qu’il ne fallait plus subir les choses, que je retrouve le fait d’être acteur […] On ne prend pas le temps de faire le point sur qui on est, ce qu’on veut… C’est violent parce que depuis l’âge de 6 ans on te formate en quelque sorte, même si c’est ta volonté, pour être professionnel. Tu le deviens, tu es dans une bulle… Et du jour au lendemain, c’est fini. C’est violent. Et derrière, la vie continue… Je comprends quand les anciens prennent leur retraite à 65 ans, et quelques années après il y en a qui décèdent… Mon père, quand il a pris sa retraite à 65 piges, il n’a pas tenu en place. Il a fait sa dépression à sa façon. Nous, footballeurs, avec le taux d’adrénaline fois 1000, c’est une drogue… ».

    Retranscription Girondins4Ever