Jacques Ekomié : “Je sentais que Matthieu Chalmé m’aimait bien, mais je n’arrivais pas à m’aimer à ce moment-là”
Pour « Au cœur du jeu », l’ancien latéral bordelais, Jacques Ekomié, s’est remémoré en détails son passage au centre de formation des Girondins de Bordeaux
« Quand j’arrive au centre de formation, mon objectif est clair, c’est de passer professionnel. Je me dis que je suis dans les meilleures conditions, que je suis dans ma ville. J’aurais pu signer ailleurs et être loin de mes bases, mais tout est favorable au fait que je progresse et que j’atteigne mon objectif ».
Mais tout ne fut pas si simple…
« En arrivant, mauvaise surprise, je ne me sens pas au niveau. C’est là où tu vois que l’aspect mental est important. En amateur, sans le montrer, je me suis toujours senti au-dessus des autres, mais là quand j’arrive je prends une gifle. Je me rends vraiment compte des exigences et du niveau de chaque joueur, de leur qualité. Les joueurs étaient trop forts. On avait une très bonne génération, et beaucoup de joueurs sont aujourd’hui professionnels. Malcom Bokélé, Logan Delaurier-Chaubet, Moudja, Dilane Bakwa, Amadou Traoré… L’équipe de titulaire, tout le monde est en professionnel maintenant. Ça a été une période très difficile pour moi, qui a duré deux bons mois. On avait des joueurs vraiment trop forts, je me suis pris une gifle. Lors de toute la préparation, j’ai douté de mon football. Limite à l’entrainement, je regarde mes pieds, j’ai la boule au ventre, je stresse… Mon coach était Matthieu Chalmé. Je sentais qu’il m’aimait bien, mais je n’arrivais pas à m’aimer à ce moment-là ».
Puis, il y eut le déclic.
« A l’entrainement, je me sens moyen, mais la chance que j’ai c’est que le coach me mettait quand même en titulaire, alors que je m’estimais dégueulasse. A force de me remettre, et avec sa confiance, ça s’est débloqué petit à petit. Ce qui change la donne c’est qu’en fin de préparation, on a des entretiens individuels avec le coach et le staff. On était trois ou quatre joueurs en attente, et ils me demandent ce que je vais dire au coach. Je leur explique que je vais lui dire que c’est dur, que je ne me sens pas forcément au niveau… Les mecs me regardent et me disent ‘mais, t’es fou ou quoi ? Franchement, depuis que tu es arrivé, on n’a pas remarqué ça, tu es bon ! Toi, il y a plus de choses positives à dire que nous’. J’arrive devant le coach, qui me dit qu’il est super content de moi, que ma progression est linéaire, et qu’ils sentent qu’ils peuvent m’amener loin. Il y avait Pierre Espanol qui me dit que j’ai des lacunes, mais qu’il ne savait pas que je venais d’un club amateur, on est très contents de ce que tu fais’. A ce moment-là, je ressors de l’entretien, et je me dis que je suis un fou… J’ai repris ma lucidité en me disant que j’étais au niveau, et j’ai repris ma lucidité ».


