Jacques Ekomié : “Je suis critiqué par la presse, par les supporters. Je n’étais pas préparé à ça. Je ne sortais même plus de chez moi”

    Pour « Au cœur du jeu », l’ancien latéral bordelais, Jacques Ekomié, s’est exprimé sur les critiques qu’il a subies lors de sa deuxième et dernière année en professionnel aux Girondins de Bordeaux.

    « Au début, ça se passe plutôt bien. Les résultats ne sont pas fameux, mais quand je suis sur le terrain, je me sens bien. A ce niveau, je ne me rends pas compte. Il a suffi d’un match, un mauvais match, et là je commence à recevoir les critiques. Je commence à être critiqué par la presse, par les supporters. Là, quand tu es jeune et que tu n’es pas préparé à ça, c’est très dur, très compliqué. On voit souvent le bon côté des choses, mais être joueur professionnel c’est une exigence mentale incroyable. Quand je me suis fait critiquer au début, je n’étais pas prêt à ça. Au début, quand je vois les critiques, je suis limite en dépression, même si je ne veux pas utiliser des termes trop importants. C’est très dur. Tu doutes de ton football, tu n’as plus forcément envie de jouer au foot. Tu as l’impression que tout ce que les gens disent, c’est vrai. Tu crois plus la parole de ceux qui disent du négatif que ceux qui vont te dire du positif. Je suis rentré dans une période de doute complet. Mes coéquipiers me disaient que les gens critiqueront toujours, mais à ce moment-là j’étais atteint mentalement. Quand tu es atteint mentalement, forcément, footballistiquement ça se ressent. Pendant un long moment, je dirais même presque toute la première partie de saison, j’étais dans le doute. J’avais peur de décevoir. Je ne prenais plus de risques dans mon jeu parce que je ne voulais pas perdre la balle… Je prends même à un moment un carton rouge, et on perd 1-0 par ma faute. A ce moment-là c’était le plus dur. La presse te critique, tu vois des articles sur toi, ça te fait mal. Les supporters te critiquent… Je ne sortais même plus de chez moi. C’est très dur à gérer. Une fois que tu l’as vécu, que tu as passé des bons moments après, c’est là où prends en expérience. Pour sortir la tête de l’eau, c’était un déclic. Un jour j’étais chez moi, et je me suis dit que peu importe si j’étais bon ou mauvais, on allait me critiquer. Les critiques ne changent rien à ce qu’on sait faire, donc j’ai débranché mon cerveau et j’ai joué pour moi. On avait eu un changement de coach (Albert Riera, ndlr), et le coach avait un style de jeu qui ne mettait pas forcément en avant mes qualités. On jouait à trois défenseurs, sauf que je suis un latéral qui fait des allers-retours. Au début, il me demandait de rester en tant que troisième défenseur central…  C’était hybride. J’avais vu un commentaire après ça ‘mais Ekomié il ne monte jamais’, sauf qu’ils ne comprenaient pas la tactique… je n’allais pas aller sur Insta pour dire que le coach me disait de ne pas monter… Petit à petit, j’allais mieux, je ne dénaturais pas mon jeu. Il faut avoir confiance en soi, je suis revenu de très loin mentalement. A partir de ce moment-là, j’ai totalement arrêté de regarder ce qui se disait sur les réseaux sociaux. Les avis ne sont pas objectifs par moment. Il y en a qui sont objectifs, mais il y en a beaucoup, non. Il y en a beaucoup qui vivent avec l’émotion. Je suis supporter du Barça, quand je regarde le match, j’insulte les joueurs du Barça… Pourtant, je suis joueur professionnel, je sais ce que ça demande, qu’ils ne le font pas exprès… Quand je me mets à la place des supporters, si on a perdu le match, que j’ai perdu la balle et qu’on a pris un but, c’est normal qu’ils m’insultent… Ce n’est pas contre moi, mais contre l’action que je viens de faire, qui leur fait du mal aussi à eux ».

    Retranscription Girondins4Ever