[Interview G4E] Jean-Noël Latour (ASMUR) : “Quand on est né fan des Girondins, quand on a grandi Girondins, on est chanceux de pouvoir les affronter”
Avant la rencontre entre le club de Mazères Uros Rontignon (Régional 1) et celui des Girondins de Bordeaux, comptant pour le match du 8ème tour de la Coupe de France, nous nous sommes entretenus avec Jean-Noël Latour, entraîneur de cette équipe depuis Juillet 2024. Avec lui nous évoquons son parcours, l’équipe de Mazères Uros Rontignon, son amour pour les Girondins, la rencontre à venir et plein d’autres choses…
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Jean-Noël Latour, j’ai 32 ans, je suis papa d’un petit garçon et fiancé. Je travaille au district de football des Pyrénées Atlantiques. J’ai un parcours 100% foot, j’ai été formé au Pau FC en tant que joueur. Après, j’ai fait deux, trois clubs de régional à côté de chez moi. Très vite, j’ai pris goût au côté éducateur via mon ancien éducateur, qui n’est plus parmi nous, à 14 ans. Après, j’ai eu des petits soucis d’adducteurs. Je me suis vite aussi rendu compte que je préférais être éducateur que joueur. J’ai bâclé ma scolarité pour aller le plus vite possible en STAPS. Ça me laissait du temps pour passer mes diplômes d’entraîneur. Après, j’ai pu enchaîner deux, trois boulots nécessaires. J’ai eu la chance d’être contacté par le district pour entrer en tant qu’assistant technique, conseiller technique adjoint au district des Pyrénées Atlantiques, où j’exerce depuis cinq ans et où je suis à plein temps là-bas. En parallèle, vu que je n’appartiens pas à la Fédération Française de Foot à 100%, j’ai eu la chance de pouvoir coacher. Dans mon parcours de coach, en priorité c’était les jeunes. Il y a 2 ans, je suis revenu aux Seniors pour un projet à l’ASMUR avec un groupe relativement jeune et un niveau de pratique assez cohérent.
Pourquoi avoir rejoint le club de Mazères Uros Rontignon ?
C’était une volonté d’être chez les jeunes à Pau, mais c’est vrai que dans le programme de formation, on est un peu moins sur la performance. Je ne connaissais pas mes capacités persos à évoluer dans un milieu où la performance est importante. Ils sont venus me chercher au bon moment, sur le timing aussi, avec un délai de réflexion très court. J’ai tranché assez rapidement, en deux, trois jours, je n’avais pas trop le choix non plus. Ce goût de peut-être chercher la performance, avec des valeurs qui restent assez familiales à la base, mais sur le terrain en lui-même, c’est la performance qui m’a un peu plus attiré. C’était un petit défi aussi, parce qu’il y avait 19 joueurs qui partaient, c’était reconstruire quelque chose. J’aimais bien avoir carte blanche sur le recrutement et sur le projet de jeu en lui-même à l’ASMUR.
Justement, vous nous avez dit que vous aviez 32 ans, c’est relativement jeune pour un entraîneur. Est-ce que c’est facile de faire passer les messages dans le vestiaire avec des joueurs qui sont peut-être plus âgés ou de votre âge ?
Dans le monde sénior, quand j’ai mes premières expériences, c’était à 23 ans sur une R3. J’étais joueur avec eux, voire même leur capitaine un temps. Ça a été assez difficile, mais je l’ai fait par nécessité parce que le club avait besoin de me couvrir pour le diplôme. Ce n’était pas la meilleure expérience, mais je pense qu’elle était nécessaire aussi. Quand je suis reparti chez les jeunes, c’était plus facile. Forcément, j’étais plus âgé qu’eux. Au Pau FC, il y a un cadre de travail qui permet d’avoir cette exigence. Ma jeunesse fait aussi que, dans mon choix d’aller à l’ASMUR en R1, les joueurs recherchent la performance. Quand on propose du contenu, quel que soit l’âge, quand on crée un projet commun quel que soit l’âge, je pense qu’on peut arriver à fédérer des joueurs. Mais le fait d’avoir un groupe jeune aussi, c’est facilitant au quotidien, c’est sûr.
En Coupe de France vous venez de passer cinq tours, trois contre des clubs de niveau départemental et deux contre des clubs de votre niveau. C’est votre premier gros match, et quel match ! (D1 Pau Jeanne d’Arc Béarn 1-4 / D2 FC Bords de Garonne 1-3 / R1 Arin Luzien 2-2 4 TAB 2 / D1 Pessacais Stade UC 1-1 3 TAB 5 / R1 FC 2 Rives 82 0-1)
Quand on joue la Coupe et qu’on est du secteur Béarn, on fait tout pour avoir le Pau FC ou les Girondins à un moment donné. On a dû attendre un petit peu et passer quelques étapes, mais on arrive à ce qu’on a espéré, un gros match avec une grosse ferveur. Surtout, ce qui nous tenait à cœur, c’était de pouvoir faire cette fête, mais avec tout le monde, parce qu’on est tous plus ou moins fans des Girondins. Nous, c’était aussi essentiel, et c’est ce qui a pris pas mal de temps la semaine dernière, de pouvoir accueillir les Girondins et leurs supporters. Parce que pour être béarnais et pour être ici, les joueurs, c’est une chose, le logo, c’est une chose, mais d’avoir le plus de supporters possible, c’est important pour nous. On veut contribuer, nous, à notre façon, pas sportivement en laissant le match, mais à montrer que les Girondins existent et existeront toujours. Donc, faire une belle fête samedi prochain. Après, le terrain, ce sera autre chose, ce ne sera peut-être pas la fête mais en tout cas, nous, on ne pouvait pas rêver mieux. On ne pouvait pas rêver mieux en termes de tirage.

Quelle a été votre réaction lors du tirage qui vous a donné les Girondins de Bordeaux ?
Il y a deux temps dans la réaction, parce que le tirage au sort, il s’est fait sur le septième et le huitième tour. Donc, on était focalisé sur le septième tour. On est allé dans une autre ligue, un adversaire qu’on ne connaissait pas du tout, qui était invaincu aussi. On était focalisé sur ça. Mais forcément, de savoir que derrière, il y avait les Girondins, que ce soit pour nous ou pour Golfech qu’on a affronté, on va chercher 110%, parce que c’est les Girondins et qu’on se dit que pour la majorité de mon groupe, voire l’entièreté du club, ce sera la première et dernière fois qu’on aura la chance de faire une fête comme ça. Donc, il y a un supplément d’âme. Après, honnêtement, la semaine dernière, je n’ai pas eu le temps de me projeter trop sur ce qu’étaient les Girondins parce qu’on reste un club à une échelle familiale. On avait beaucoup de boulot pour organiser le match avant de le préparer. C’est vraiment cette semaine que je bifurque individuellement sur la préparation du match. Donc, oui, c’est prenant. C’est très, très prenant.
Le club du FC 2 Rives avait déposé une réserve concernant l’un de vos joueurs mais elle n’a pas abouti. Est-ce que vous avez eu peur durant un instant de ne pas pouvoir jouer les Girondins ?
Pour être très honnête, quand il y a le coup de sifflet final, il y a le gardien adverse qui demande à ses joueurs de sourire et qui me chambre presque parce qu’on a fait un joueur suspendu. J’essaie de dégager de la sérénité, mais j’ai un coup de panique, même si je suis assez confiant sur ce que j’ai fait. Donc, franchement, j’ai eu deux heures d’après-match qui ont été assez compliquées. La fête a été un peu gâchée. Ça n’arrive qu’une fois dans une vie pour la plupart de mes gars donc c’est assez dur. Mais peut-être que j’aurais fait la même chose. Alors je ne peux pas le savoir parce que nous, pour le coup, on a gagné. Mais je ne sais pas si j’aurais réagi pareil. Ce qui est sûr, c’est que le gardien de Golfech m’a conseillé d’apprendre à lire les règlements. Finalement, je ne sais pas si c’est très utile de savoir lire. Il vaut peut-être mieux les connaître et les comprendre que les interpréter. En aucun cas on était en tort. Après, j’entends l’argument sur l’équité sportive. Mais si on rentre sur l’équité sportive et les règlements, on a joué 16 matchs, ils en ont joués 8. On joue une coupe de plus qu’eux, on a repris 3 semaines avant eux. Mais c’est peut-être de bonne guerre, je n’en sais rien, en tout cas, on n’était pas inquiets. Mais on a eu un peu de panique, c’est sûr.
Que représente ce club pour vous ?
Alors, moi, personnellement, c’est mon club, en fait. Je suis né à Pau, donc j’ai grandi palois, mais Pau n’existait que peu sur la carte de la France, je suivais les Girondins. Je suis dans la génération, à mon sens, parfaite. J’étais au stade pour Chamakh, pour Gourcuff, pour tous ces joueurs-là, pour Alou Diarra… donc Ligue des Champions, Bayern… On va dire que je n’ai eu que le gratin des Girondins dans ma carrière. Là, ce sont des moments un peu plus durs. Mais je trouve que honnêtement, moi, ça représente quelque chose de fort dans le sens où si on me demande maintenant, je pense que c’est peut-être la meilleure période pour moi en tant que supporter dans le sens où il n’y a pas le sportif, mais il y a l’âme des supporters et l’âme du club qui est en train de se reconstruire. Donc je trouve qu’au-delà des résultats, c’est peut-être la plus belle image qu’on voit depuis un an, un an et demi, là. Même avec tout ce qui se passe, et que je ne cautionne pas du tout, sur la gestion du club. C’est des avis personnels. En tout cas, ce qui fait l’essence même des Girondins, c’était Chaban et les supporters. Là, il n’y a plus le niveau de pratique, mais il y a toujours les supporters donc forcément, quand on est né fan des Girondins, quand on a grandi Girondins, on est chanceux de pouvoir les affronter, de pouvoir leur présenter quelque chose. On va leur présenter ça aussi, comment on est et ça, c’est rare dans une vie.

Quelle a été votre réaction de vois ce club passer de la Ligue 1 au championnat de National 2 en quelques saisons, en tant que néo-aquitain ?
Ce sont des éléments qui souvent me dépassent. Mon métier me permet de prendre du recul et de ne pas trop juger les choses que je ne maîtrise pas. Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai le plus grand regret qu’on puisse laisser une gestion comme ça avec des instances fédérales, voire même des mairies, où il n’y a pas un champ d’intervention plus fort pour ne pas laisser ce club périr comme il a pu le faire. Mais je préfère me dire que c’est peut-être mieux reculer pour mieux repartir avec les moyens qu’il y a actuellement et peut-être développer d’autres valeurs. On a souvent entendu dire que Bordeaux, c’était le meilleur endroit de France pour les footballeurs parce que le cadre était fabuleux, il y avait le niveau pratique en face. On sait que maintenant, ils ne viennent pas que pour le cadre et que pour le niveau, parce qu’il n’y est pas. Donc, on sait pourquoi ils viennent. De ce que je vois, je n’ai pas l’impression qu’il y ait un joueur qui triche donc, ça veut dire que les joueurs sont à l’image de leurs supporters. C’est peut-être ça la meilleure des nouvelles dans cette chute aux enfers qui, pour moi, je l’espère, est bientôt terminée.
De votre œil de supporter, vous gardez quels souvenirs à Lescure ou au Stade Atlantique ?
Moi c’est Lescure. Le Stade Atlantique j’y suis allé, je ne sais pas si c’est comme tous les supporters, mais je ne me sentais pas trop chez moi quand j’y étais et pour y avoir tellement été. Pour moi c’est Gourcuff en fait ! J’ai vu les matchs de Gourcuff… C’est le seul joueur où je ne savais pas à quoi m’attendre et donc j’étais surpris à chaque fois qu’il se passait quelque chose. Maintenant, je comprends que ces joueurs avaient de la valeur avec mon métier parce que c’est du spectacle. C’était du spectacle. Je trouve que cette équipe-là, cette génération-là, c’est quelque chose qui m’a aussi animé dans mon côté éducateur. C’est qu’il y avait de l’équilibre. C’était fort défensivement, mais il y avait de la créativité. Il y avait de la liberté dans les joueurs. On voyait que le groupe vivait bien. Mais j’ai rarement vu quelque chose d’aussi complet, d’aussi beau dans le monde du football. Donc forcément, je trouve que c’est un exemple pour moi. Gourcuff à Lescure, c’est exceptionnel. Donc, fan du duo Gourcuff-Chamakh ? Ah oui, complètement !
Est-ce qu’on arrive à se préparer pour une telle rencontre ou est-ce plus compliqué avec la gestion des émotions ?
Je dirais que la gestion des émotions, ça va. Moi, je suis assez tranquille sur ça. Je ne suis pas trop stressé et je n’ai jamais été stressé. Je ne pense pas que les joueurs le soient non plus. On s’est fixé l’objectif de montrer à beaucoup de monde ce qu’on fait depuis un an et demi ensemble. Donc, on le voit plus comme une partition générale où on donnera ce qu’on a et on ne changera pas de ce qu’on sait faire. Donc, il n’y a pas de stress. Par contre, c’est très, très différent dans l’approche du match en lui-même. Les places, la gestion de la billetterie, obtenir le stade, les accords, la préfecture, ça, ça nous dépasse complètement. On n’avait pas les épaules pour le préparer, on a été aidés et heureusement parce que sinon, on n’est pas en mesure de faire ça. Ça prend beaucoup d’énergie sachant que ce n’est pas notre quotidien. Notre quotidien, c’est nos familles et nos métiers. Donc, ça prend une énergie folle mais on sait pourquoi on le fait. Je trouve que ce n’est pas très compliqué.
En parallèle vous êtes aussi engagé en Coupe des Pyrénées. Est-ce que l’enchaînement des matchs est facile à gérer à votre niveau ?
Là où c’est compliqué, c’est en tant que coach, d’appréhender les événements et de faire comprendre aux joueurs qu’on ne peut pas tout jouer tout le temps. Parce que nous, on est engagé en Coupe de France, en R1, en Coupe des Pyrénées et en Coupe d’Aquitaine. Donc, c’est assez complexe. Mais au final, ça permet aussi de récompenser l’ensemble des joueurs qui travaillent au quotidien et qui n’auront pas la chance, par exemple, d’être dans les 18 ce week-end. On a gagné la coupe des Pyrénées, on veut la garder. On est en haut tableau, pour l’instant, en R1 même si ce n’est pas l’objectif, on a envie d’y rester. Donc, au final, d’avoir beaucoup de matchs, ça nous permet de concerner beaucoup de joueurs et de valoriser notre projet. Mais c’est dur de dire aux joueurs, tu ne joueras pas celui-là parce qu’il faut te reposer. C’est le plus dur à dire aux joueurs. Là, il n’y a plus rien de blessé. Enfin, s’il y a des blessés, des graves blessures, mais sinon, même s’il y avait des petits pépins, quand c’est la semaine des Girondins, personne ne le dit. Il faut anticiper.

Est-ce que vous allez changer vos habitudes pour préparer le match ?
Non, pas du tout. De toute façon, d’une, parce qu’on n’a pas les moyens de changer quoi que ce soit. Et de deux, parce que, pour le coup, à notre échelle, ça fonctionne. Donc, ce sera un adversaire différent mais on appréhendera le match comme on a appréhendé un match de R1 ou de Coupe des Pyrénées il y a deux semaines. On n’a pas les moyens, ne serait-ce que d’envisager autre chose en fait. On n’a pas 50 joueurs à disposition donc on fera de l’ASMUR, on essaiera de faire de l’ASMUR. Si on s’entraîne trois fois par semaine ? Trois fois par semaine, oui. Après, on n’a pas de terrain synthétique. Là, on rentre dans la période compliquée. On a des solutions de repli, on va dans un complexe sportif demain (mardi). On a essayé via le partenariat avec le Pau FC d’obtenir des terrains mais on n’a eu qu’un créneau mercredi à 21h. Donc exceptionnellement on va s’entraîner à 21h. Jeudi, normalement, il arrête de pleuvoir donc, on pourra s’entraîner sur herbe. En fait, on est habitué à ça. donc, ce n’est pas quelque chose qui sort de l’ordinaire. C’est un peu notre quotidien, et ce sera différent, je pense, dans le tunnel pour les joueurs samedi soir. Ce sera différent quand on va rentrer sur la pelouse. Mais après, une fois que c’est sifflé, on remplacera le maillot des Girondins par une équipe de la poule et on essaiera de faire la même chose. S’ils sont plus forts, ils sont plus forts.
Ce week-end vous deviez affronter Mérignac-Arlac en championnat mais la rencontre a été annulée. Est-ce que pour vous c’est mieux pour préparer ce match de Coupe de France ou avez-vous peur que ça casse un peu le rythme de vos joueurs ?
Concrètement, nous, on savait qu’il allait pleuvoir. Le samedi, il ne pleuvait pas trop donc, on voulait jouer le match pour être dans le rythme parce que Mérignac, c’est assez fort, c’est structuré. On aurait été en grosse difficulté et donc, du coup, ça ne nous a pas arrangé le dimanche matin quand on est arrivés, quand on a vu les flaques. Ça ne nous a pas arrangé. Du coup, on voulait essayer de trouver une opposition pour le début de semaine, mais il faut trouver un terrain. Donc, ce n’est pas ce qu’on aurait préféré. On aurait préféré jouer mais bon, on n’a pas les moyens de décider. On va faire avec. On mettra un peu plus d’intensité sur la première séance.
Quel va être votre discours vis-à-vis de vos joueurs pour ne pas les voir s’éparpiller devant un tel engouement ?
Le discours, il va être assez simple parce que mine de rien ça fait un an… enfin c’est ma deuxième saison avec eux, on a quand même vécu beaucoup de choses. On est partis d’un projet où il n’y avait rien. À la base, on nous promettait la descente. On finit cinquième, on gagne la Coupe des Pyrénées. On s’est dit qu’on aurait du mal à faire mieux que la saison dernière et pour l’instant, on est passé deuxième avec trois matchs de retard. On est encore en Coupe du Pyrénées et on joue un match historique donc en fait, je pense qu’on a un groupe où on ne se rend pas compte, mais rien n’est impossible. Donc, à eux d’en prendre conscience. Moi, le seul mot que je veux leur dire, c’est que je suis convaincu qu’on peut faire un exploit et qu’on peut gagner. La question, c’est est-ce qu’ils veulent faire une fête ou est-ce qu’ils veulent tenter un exploit ? Ce sera mon maître mot. Mais honnêtement, je pense que les joueurs (18:17) ne vont pas le vivre comme une fête. Ils appréhendent l’environnement. Ce serait une fête pour le club, mais les joueurs sont focus sur leur match, montrer qu’on bosse depuis un an et demi. Quel que soit le résultat, on veut montrer qu’on sait jouer et qu’on aime jouer.

Cette saison l’équipe est en pleine forme et va arriver confiante. Cela va amener encore plus d’envie pour réaliser l’exploit ?
Honnêtement, s’ils avaient été cinquièmes, j’aurais peut-être dit le même discours. Mais en tout cas, d’être en premier, on augmente la taille de la montagne et c’est encore mieux en fait. C’est encore mieux parce qu’on se dit que c’est le premier de N2, qui en fait est sûrement le treizième national à l’heure actuelle, ou le douzième. La montagne est là. Ils ont la deuxième meilleure attaque, ils ont la meilleure défense. Donc, leur marquer un but, c’est compliqué. Ne pas en prendre, c’est compliqué. Ils ont dix victoires d’affilée. Ça va nous servir de levier de motivation, mais il ne faut pas qu’on l’appréhende comme une peur parce que franchement, on peut marquer un but. On en a marqué à toutes les équipes. On a les armes pour répondre, est-ce qu’elles seront assez puissantes ? Je ne sais pas, mais en tout cas, on n’appréhendera pas le fait de jouer. On ne les voit pas comme invincibles.
Vos joueurs vont aussi devoir gérer le contexte avec de nombreux supporters dans un grand stade, dont la plupart seront sans doute acquis à la cause bordelaise. On suppose que cela va être la première fois pour la plupart ?
Oui, c’est ça. On a joué la finale de la Coupe des Pyrénées l’année dernière, c’était 2 000 personnes acquises à notre cause, Donc là, on va voir sur 3 500 places il y en a déjà 1 000 pour les Girondins quasiment, plus les supporters qui seront dans le public. Même moi, je ne sais pas comment ils vont réagir, on va se préparer à ça, parler entre nous pour essayer de dédramatiser l’événement et de ne pas en faire plus qu’il le faut. Mais c’est clair qu’on verra au bout de 10 minutes comment on a réagi. Mais à la rigueur, ce ne sont que des bonnes nouvelles. Vu que ça ne nous arrive pas souvent, tant mieux.
Quelles seront les clés du match pour réussir un possible exploit ?
Je pense que nous, le plus gros combat qu’on aura envers nous-mêmes c’est de ne pas être pris par la pression et de faire ce qu’on aime faire et ce qu’on sait faire, de ne pas déjouer à forcément faire que du jeu long, à rester bas. Ça va être très compliqué à combattre parce qu’ils sont quand même très, très, très, structurés. L’objectif, ce sera d’essayer de les déstructurer, mais ça c’est compliqué parce qu’on voit aussi que la coupe, ils l’appréhendent avec sérieux. Sur les matchs que j’ai observé des Girondins, si l’état de la pelouse n’est pas catastrophique, voire moyen, je pense qu’il n’y a aucun match qui finit à moins de 4-0. On sait aussi qu’on va leur servir un billard, donc on n’aura pas les mêmes adversaires, qu’on a pu voir contre d’autres équipes en coupe, parce que le terrain leur permettra de faire quelque chose. L’une des clés aussi, ça va être de gérer les côtés parce que c’est quand même assez fort sur le côté de manière générale, entre les latéraux et les excentrés. C’est assez fort. Puis en plus, c’est dur pour nous de les lire, parce qu’ils ont utilisé récemment deux animations un peu différentes. Mais une fois de plus, on n’a pas trop les armes pour se permettre de regarder l’adversaire. On va être très, très focus sur nous et essayer d’exister sur ce qu’on veut être. Après, ça passera ou ça passera pas.
Que peut-on vous souhaiter pour cette saison sportivement en Régional 1 ?
Le maintien, être dans l’objectif du club. Là, on sait qu’on est bien, qu’on est en haut, on n’a qu’une défaite, et tout gagné. On a trois matchs en retard, mais on sait aussi que ça peut coûter très cher la Coupe de France dans les émotions, donc il faut qu’on soit prêt à une série difficile. On veut rester à notre place et elle est en R1. Pour l’instant, on n’est pas prêts pour aller au-dessus. Structurellement, financièrement, on n’est pas prêt à aller au-dessus. Peut-être qu’à cinq journées de la fin, si on est encore en haut, on va tenter l’expérience, on va y aller, on verra bien. En tout cas, il faut être réaliste et il faut avoir les objectifs à l’échelle du club. À l’échelle du club, c’est de se maintenir en R1, d’avoir des joueurs qui sont heureux d’être là et pérenniser ça. C’est une poule où tout le monde peut battre tout le monde et il y a quand même quatre ou cinq prétendants à la montée. Tout le reste peut jouer le maintien. Il n’y a personne qui se dit je vais être tranquille au milieu du tableau. On sait très bien qu’en plus, il y a des séries dans cette poule, il y a des équipes qui enchaînent des victoires, il y en a qui enchaînent des défaites et quand ça tourne, ça peut aller très très vite. Donc nous, on est positifs pour l’instant et si elle tourne négatif, c’est le maintien même quand on gagne. On avance vers le maintien et pas vers la montée, ça c’est sûr.
Un Grand Merci à Jean-Noël Latour pour sa disponibilité, son amour du football et sa passion pour les Girondins.



