Prior : “C’était magique”

    Né en 1995 à Toulon, Jérôme Prior, le gardien de la réserve des Girondins de Bordeaux, touche de plus en plus près le groupe professionnel. Déjà aux entrainements, où il est régulièrement appelé cette saison, afin de suppléer ses trois coéquipiers Cédric Carrasso, Kévin Olimpa et Azbe Jug.

     

    C’est la filière cannoise, qui a formé de nombreux grands joueurs pour les Girondins mais aussi à l’échelle européenne, qui a vu Jérôme éclore au grand jour. Arrivé il y a un an et demi, il a été supervisé à plusieurs reprises par Franck Chaumin qui entretenait des relations avec son homologue cannois, afin de suivre encore plus prêt son évolution : « Franck prenait pas mal de nouvelles de moi, donc forcément… ». Mais Bordeaux n’était pas le seul club sur la liste des prétendants « D’autres clubs s’intéressaient à moi, mais Bordeaux était celui qui a montré une envie supérieure aux autres de me recruter ». En plus, il allait faire le voyage avec un autre pensionnaire de l’AS Cannes « Pour être honnête, je n’ai pas regardé qui, en tant que cannois, était passé ou était actuellement aux Girondins. J’ai d’abord écouté les conseils de mes proches, même si lorsque j’ai su qu’Enzo (Crivelli) venait aussi, ça a conforté et facilité un peu plus mon choix ».

     

    D’origine corse et espagnole, il arbore fièrement la fameuse ‘Tête de Maure’, symbole de l’Ile de Beauté, sur un de ses mollets. Mais tout en discrétion car avec les chaussettes de match, il sera toujours dissimulé. C’est un de ses traits de caractère, la discrétion : « J’ai toujours été un peu isolé, un peu à part. C’est ma mentalité, je suis quelqu’un de discret et d’introverti, même si j’ai du caractère ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne se dévoilera pas complètement, et qu’il ne dévoilera pas non plus les discussions internes avec le club, comme cette réunion qui a eu lieu cet hiver, entre les gardiens et leurs responsables « En effet, il y a eu un point de fait cet hiver, mais j’ai d’abord une saison à terminer avant d’en parler ».

     

     


     

    Il sait de toute façon que sa réussite « passe par le travail », dans un poste qu’il apprécie car « c’est un poste particulier », certainement en rapport avec sa personnalité. Un poste où l’on se doit d’être « exigeant chaque jour avec soi-même ». « Il n’y a qu’une place sur le terrain à ce poste, contre dix joueurs de champ. Il faut donc être bon, sinon ça se paye cash. Quand on revient d’une période sans jouer, il faut être présent tout de suite. C’est vraiment un poste qui demande beaucoup de caractère et de force mentale ». En parlant d’absence, il a été écarté récemment des terrains lors d’un match de Gambardella où il a eu un échange vigoureux avec le corps arbitral. Ayant pris sept matches de suspension, il ne regrette pas ce moment de sa vie de footballeur, et s’en servira à l’avenir « Je ne regrette pas et je ne le regretterai jamais car cela fait partie des bons et mauvais moments de ma vie. Cela m’aura fait prendre conscience de pas mal de choses ». Pas de place pour les regrets, tel est aussi son leitmotiv.

     

    Les évènements qui vont suivre vont d’ailleurs le renforcer dans son choix de carrière et son souhait – presque dissimulé – de devenir professionnel dans le milieu du football. Cédric Carrasso blessé, la hiérarchie était claire : titularisation de Kévin Olimpa, suppléé par Azbe Jug. Mais devant l’indisponibilité de dernière minute du premier, il allait alors devenir le gardien remplaçant lors de cette rencontre de Ligue 1, face à Nice. Apprenant la nouvelle la veille au soir, il ne passa pas au travers du fameux ‘bizutage’ « J’ai choisi de chanter ‘Ferme les yeux et imagine toi’, de Soprano. Ils m’ont un peu taquiné avant que je chante, mais sinon ils m’ont réservé un bon accueil et l’ambiance était géniale ». Résultat, premiers pas à Chaban Delmas lors d’une rencontre de première division, même si ce fut dans la peau du gardien remplaçant « C’était comme-ci un petit bout de mon rêve se réalisait, c’était magique ». Sur les réseaux sociaux, une photo (voir ci-dessous) a été publiée entre Jérôme et le Numéro 1 et capitaine bordelais lors de l’avant match. Une discussion intense entre les deux hommes, et certainement rassurante « Il m’a donné quelques petits conseils et m’a dit, en gros, de savourer cet instant, et bien sur de rester prêt au cas où… ». Ce sont ces entrainements répétés avec les professionnels qui l’ont amené jusqu’ici, à progresser encore et toujours « Oui, il y a du mieux dans mon comportement depuis que je fréquente le groupe professionnel, et bien sur aussi dans le but. Plus on s’entraine avec une équipe, plus on s’adapte et forcément, on progresse ».

     

     

     

     

    Un avenir tout tracé ? Si la logique est respectée, Kévin Olimpa devrait quitter les Girondins au terme de son contrat, en juin prochain. De quoi lui laisser la place pour être, officiellement, le troisième gardien dans la hiérarchie du groupe professionnel. Quoi qu’il en soit, le gardien titulaire lors de la victoire en Gambardella la saison dernière, se rappelle au bon souvenir d’une première grande compétition remportée avec brio « Cette victoire au Stade de France restera le plus beau moment de ma vie au niveau football. C’est mon premier titre, mes premières émotions fortes. Ma famille était présente, sans oublier les supporters bordelais… Un moment inoubliable ».

     

    « En espèrent que ce ne soit qu’un début » conclue-il. Le sujet du contrat professionnel restera tabou, même s’il ne cache pas son envie, son rêve, d’être professionnel. Mais avant tout, « Je dois réaliser une bonne fin de saison. J’ai plusieurs objectifs pour la suite, se donner des objectifs aide à avancer. J’espère réellement faire une belle et grande carrière dans le football ». On espère que ce sera aux Girondins de Bordeaux.