Matrisciano, adjoint aux multiples facettes
Un joueur de l’Est…
Originaire de la France-Comté, Sylvain Matrisciano débute sa carrière professionnelle dans sa région natale. En formation depuis le début des années 70 au RCFC Besançon, il débute sa carrière professionnelle de gardien de but lors de la saison 1981-1982 dans les rangs du club bisontin, alors pensionnaire de la seconde division française. Malgré un interlude d’une saison dans le nord où il découvre la première division au sein de l’effectif du LOSC, Sylvain reste quatre saisons dans le Doubs, et ne quitte son club formateur qu’à la suite d’un dépôt de bilan en 1986.
Se retrouvant au chômage, il rejoint finalement la région voisine en signant en faveur de l’AS Nancy-Lorraine, repéré par l’entraîneur Arsène Wenger. En dépit de débuts difficiles, il conserve le poste de titulaire, qu’il ne quittera plus, et évolue sous les couleurs nancéiennes durant six saisons, partagées entre la première et deuxième division. Faisant les frais des choix d’Olivier Rouyer, il quitte finalement la Lorraine durant l’été 1992 et rejoint de nouveau le nord de la France en signant à Valenciennes. Mais sa carrière de joueur est stoppée brutalement à cause d’une grave blessure à la hanche…
Un entraîneur, bourreau des bordelais
Cependant, Sylvain Matrisciano ne peut quitter le monde du football, et prend alors en charge l’entraînement des gardiens de l’USVA (ancien nom du Valenciennes FC). Il choisit de poursuivre dans cette voie et se rend à l’INSEP afin d’y obtenir un DEUG en management et métiers du sport. Il obtient également un brevet d’État d’éducateur sportif (DEF) et son diplôme d’entraîneur de football professionnel (DEPF), lui permettant de connaître une nouvelle carrière, celle d’entraîneur. Elle débutera réellement lors de son retour à Besançon en 1997, et dure quatre saisons. Il prend ensuite le chemin de l’US Lusitanos Saint-Maur en 2001, et croisera malheureusement le destin des Girondins de Bordeaux en participant à l’une des défaites les plus marquantes dans la mémoire des bordelais, avec cette élimination en seizièmes de finale de la Coupe de France…
Viennent ensuite des expériences en Bretagne (Stade Brestois en 2002-03) et en Bourgogne (Louhans-Cuiseaux en 2003-04), avant d’effectuer son retour, encore, au Besançon RC, dans un rôle de coordinateur général et président délégué. A partir de 2006, Sylvain Matrisciano obtient un poste de cadre technique fédéral (CTD) au sein de la Ligue de Franche-Comté, et remplit également des fonctions de formateur aux diplômes fédéraux et brevet d’État, et d’entraîneur des gardiens de but. Il est également spécialisé dans la préparation mentale, fort du diplôme (Niveau DU, coaching et préparation mentale) obtenu à l’Université de Bourgogne. Il a également occupé un rôle d’adjoint de différentes sélections nationales de jeunes de l’Équipe de France (U18, U19 et Espoirs), prenant place notamment aux côtés d’un ancien joueur bordelais, Jean Gallice, mais aussi d’Erick Mombaerts, et surtout Willy Sagnol.
Les automatismes d’un duo
Travaillant en collaboration depuis plusieurs mois, Sylvain Matrisciano a donc décidé de lier son avenir à celui du désormais ancien sélectionneur de l’Équipe de France Espoirs, et rejoint les Girondins de Bordeaux dans un rôle d’adjoint. Ne nous leurrons pas, le caractère inconnu de son nom et l’apparente faiblesse de ces expériences au poste d’entraîneur ont, au mieux, laissé de marbre l’ensemble des supporters à l’annonce de sa nomination par Willy Sagnol. Un cas qui n’était pas sans rappeler l’arrivée de Jean-Louis Gasset aux côtés de Laurent Blanc il y a quelques années. Cependant, ces quelques recherches concernant son parcours et ses différentes expériences nous permettent de découvrir un technicien aux multiples activités, notamment depuis son arrivée à la Fédération Française de Football. Sa fonction d’accompagnement parait totalement en adéquation avec ses compétences et ses spécialités, et il ne semble pas avoir été choisi par hasard par l’ancien munichois.
Complémentaire d’Eric Bédouet
Revenons d’ailleurs sur l’une des spécialisations de Sylvain Matrisciano : la préparation mentale. Les mauvaises langues diront que cette arrivée n’est guère un luxe au vu des différentes carences démontrées depuis plusieurs années par les joueurs Marine et Blanc. Peut-on raisonnablement leur donner tort ? Mais nous reviendrons plus particulièrement sur le lien établi par l’intéressé lui-même entre la préparation mentale et physique, dans une interview accordée au magazine Vestiaires : « En jouant sur la motivation et la préparation mentale intégrée. Autrement dit en orientant les exercices vers tout ce qui est challenge, défi et/ou en mettant des variables avec des contraintes d’ordre psychologique. Par exemple: remonter un handicap fictif de 2 buts en 5 minutes. Par ailleurs, il s’agit que l’entraînement ait un sens pour le joueur, qu’il en perçoive l’utilité. Cela implique que l’éducateur consacre du temps à donner les raisons qui ont conduit à la mise en place de chaque séance. (…) Pour tous ces efforts où la dimension ludique est moins évidente, il convient surtout d’imprégner le joueur de l’intérêt qu’il en retirera pour pouvoir s’exprimer dans son jeu. (…) Cet impact peut prendre plusieurs formes. D’abord au niveau de la cohésion du groupe. On sait depuis longtemps que des liens se créent entre les joueurs qui « en bavent ensemble ». Le fameux « esprit commando » a une réalité objective et il peut se développer. Par ailleurs, à un niveau plus individuel, après une grosse séance, le joueur qui a souffert dans son corps peut légitimement nourrir un sentiment d’estime de soi. Celle-ci va déboucher sur la confiance en soi. En d’autres termes, une séance dure peut aussi s’apparenter à du « gainage mental ».» Il est désormais très clair qu’il se place comme le complément naturel d’Eric Bédouet, préparateur physique des Girondins et désormais de l’Équipe de France, actuellement au mondial brésilien.
Et Sylvain Matrisciano devra mettre en application ses talents dès la reprise de l’entraînement, et évoque d’ailleurs cette phase délicate, très souvent redoutée par les joueurs de football : « L’éducateur doit avoir un vrai questionnement sur la nature des motivations du joueur et l’accompagner en conséquence. Si les motivations sont intrinsèques, c’est-à-dire centrées sur le plaisir de la pratique, il devient assez facile de faire admettre la nécessité de faire des efforts et d’aller dans le dépassement de soi. En s’appuyant sur le projet personnel du joueur, on change la représentation de cette période. »