[Exclu] Béda : « Toujours lié aux Girondins »
Démarrant à l’AS Cannes, Mathieu Béda vient terminer sa formation aux Girondins de Bordeaux, au lendemain du titre de Champion de France de 1999. Démarrant avec la réserve, le jeune défenseur central va petit à petit s’intégrer au groupe professionnel. En quête de temps de jeu et de gain d’expérience, Mathieu fait une pige à Nancy en 2001-2002, puis rentre aux Girondins où il jouera plus d’une dizaine de rencontres au plus haut niveau. Il quitte la Gironde pour la Belgique et Saint-Trond puis le Standard de Liège, et véritablement exploser au plus haut niveau en Allemagne ; d’abord à Kaiserslautern, puis à Munich 1860. Il termine sa carrière en Suisse et au FC Zurich, dans la peau d’un capitaine.
Aujourd’hui à la retraite sportive, Mathieu a finalement opté pour la continuité, puisqu’il gravite toujours dans le monde du football, en tant que manager sportif et a intégré deux sociétés depuis plusieurs mois. De son premier match au Parc des Princes avec les Girondins à sa relation avec le club en scapulaire, en passant par la descente aux enfers de Cannes et son nouveau métier, vous allez tous savoir sur un amoureux de notre club.
Bonjour Mathieu. Quinze ans ont passé depuis ton arrivée aux Girondins de Bordeaux en provenance de l’AS Cannes. Quel souvenir en gardes-tu ?
Je serai toujours lié aux Girondins, c’est le club où j’ai signé mon premier contrat professionnel, où j’ai réalisé mon rêve d’enfant. Très jeune, j’ai pu découvrir un grand club, une superbe ville et une magnifique région. Je me souviens de mes premiers moments en Champions League, de mon premier match de Ligue 1 au Parc des Princes. Mes premiers pas au Parc Lescure avec sa superbe ambiance. J’ai appris beaucoup à Bordeaux et rencontré des gens magnifiques.
Tu débarques en Gironde après le titre de Champion de France obtenu au terme d’une confrontation à suspens. Cela a-t-il influencé ton choix à l’époque ?
Un grand souvenir et une belle anecdote, j’avais vu ce dernier match Paris-Bordeaux avec tous les autres jeunes du centre de formation à Cannes, je n’avais pas encore 18 ans. Quelques semaines plus tard entre mes épreuves du Bac, je signe aux Girondins, le Champion de France. L’anecdote est que le PSG et Bordeaux me voulaient, je suis donc allé visiter et discuter avec les 2 clubs. Mon choix de rejoindre la Gironde fut une décision de cœur, et le discours des dirigeants a fait la différence.
Reconnu pour la qualité de sa formation, l’AS Cannes avait d’ores et déjà fourni les rangs bordelais, avec notamment Zinédine Zidane ou Johan Micoud. Rêvais-tu de suivre leurs traces ?
En effet, la formation cannoise était très renommée à l’époque, et pas mal de joueurs faisaient ensuite le grand saut aux Girondins comme Zidane, Jo’ Micoud mais aussi David Jemmali, Peter Luccin ou encore Romain Ferrier. Cela a aussi fortement contribué et influencé mon choix à l’époque.
Triste nouvelle aujourd’hui puisque l’on apprend que l’AS Cannes vient d’être rétrogradée en septième division (DHR) par la DNCG. On imagine que cela doit te faire quelque chose…
Oui, je suis triste, ce club m’a formé en tant que joueur mais aussi en tant qu’homme. A l’époque, chaque année nous étions plus de la moitié du centre de formation à jouer dans les équipes de France de jeunes, et l’équipe professionnelle était en Ligue 1. C’est un beau gâchis ! Mais je suis sure que ce club remontera la pente un jour, c’est aussi le souhait du nouveau Maire de Cannes, David Lisnard.
Ta carrière de joueur est désormais terminée. Nous avons appris cependant que tu ne quittais pas le monde du football et collaborera au sein d’une compagnie de management de joueurs basée en Suisse. Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai arrêté ma carrière en septembre 2013, je voulais penser d’avantage sur le long terme. Je suis établi à Zurich depuis plus de trois ans, j’ai passé les trois dernières saisons de ma carrière en tant que capitaine du FC Zurich avec de belles campagnes en Europa League. Après quinze années de haut niveau et quatre pays différents, je reste au cœur de l’Europe au sein d’une structure très intéressante. Je viens d’intégrer deux sociétés ONE GOAL et IFA (International Football Arena, ndlr). La première est une agence internationale de « players management » très active sur le marché des transferts depuis des années, et la seconde, entre autre sponsorisée par FC Chelsea ou encore Audi et Samsung, organise deux à trois congrès par an sur le football business. Nous bénéficions d’un énorme network et je viens apporter mes expériences de la France, l’Allemagne (six années de Bundesliga, ndlr) ou encore la Belgique.
Avais-tu envisagé cette reconversion de longue date, ou s’agit-il d’une opportunité qui s’est présentée à toi ?
Un peu les deux. L’été dernier, je n’ai pas trouvé le dernier challenge que j’attendais en tant que joueur. A Zurich, j’avais commencé à établir de très bonnes relations avec des gens de différents horizons – sport, finance, marketing – c’est une ville très cosmopolite où tout le monde parle trois-quatre langues. Et puis j’ai repris aussi un peu à étudier, quelque part je préparais un peu ma sortie…
Comptes-tu profiter de tes relations avec tes anciens coéquipiers, encore en activité ou non, dans tes nouvelles fonctions ?
Il est certain qu’après avoir passé tant d’années dans le milieu du football et dans quatre pays différents, cela aide pas mal ! On garde contact de près ou de loin avec tellement de gens, et puis le monde est petit celui du football encore plus. De plus, la société ONE GOAL possède aussi un énorme carnet d’adresses. J’ai passé ces derniers mois en voyageant et téléphonant pas mal pour présenter mes nouvelles fonctions.
Tu dois te rendre au Brésil d’ailleurs prochainement. Est-ce pour le travail ou supporter les Bleus (ndlr: interview réalisée avant le quart de finale de l’Equipe de France face à l’Allemagne) ?
J’avais planifié ce voyage depuis quelques mois, je suis aussi souvent avec des gens de la FIFA qui est aussi basée à Zurich. Je vais à présent joindre l’utile à l’agréable car j’ai quelques rendez vous là-bas. J’embarque mon frère avec moi, nous allons pour les demi-finales et la finale à Rio, on rêverait d’aller supporter les Bleus jusqu’au bout. Voir la France championne du monde au Maracana, ce serait magique !
Tu nous disais être en contact avec les Girondins ces derniers temps. Peux-tu nous en dire plus ? Est-ce pour créer une relation d’avenir, ou pour des joueurs que tu aurais pu leur proposer ?
Comme vous le savez, j’ai toujours suivi les Girondins, je sais que l’équipe vient en préparation à Divonne-les-Bains, pas loin de la Suisse. A mon retour du Brésil, j’ai planifié d’aller revoir tout le monde. Nous discuterons surement du passé mais aussi du futur… Par ailleurs, le choix de Willy Sagnol en tant que nouvel entraîneur est une excellente nouvelle. Pour avoir joué pas mal de fois contre lui en Allemagne, Bordeaux avait besoin de quelqu’un comme lui ; dynamique, ambitieux et avec une grande expérience à l’étranger.
Au final, que gardes-tu en mémoire de ton expérience bordelaise… On te laisse conclure.
J’ai passé quatre années de ma vie à Bordeaux, j’ai naturellement beaucoup de souvenirs. Ce fut une aventure humaine et sportive que je ne pourrai jamais oublier. J’ai toujours suivi les superbes saisons du club, mais aussi les moins bonnes. Même si avec le temps, garder intact toutes les relations avec les anciens coéquipiers devient difficile, je suis resté en contact avec Duga que je vois de temps en temps sur Paris, avec Nicolas Sahnoun – je suis venu pour son mariage à Bordeaux – et Rio Mavuba. J’ai revu aussi pas mal de fois Jo’ Micoud et Pascal Feindouno. Je sais que beaucoup de personnes que j’ai côtoyé sont toujours au club, je me réjouis de les revoir bientôt. Un grand merci à vous et comme vous dites si bien… « scapulairement ».
Nous remercions chaleureusement Mathieu pour sa sympathie et sa disponibilité en nous accordant du temps pour réaliser cette interview.