#Interview. Didier Tholot: « C’est un peu plus serein aux Girondins que côté ASSE »
Depuis quelques semaines, Girondins4ever vous propose à chaque rencontre, l’interview d’un joueur, dirigeant, qui a connu les deux équipes. Aujourd’hui, Didier Tholot, entraîneur français qui a connu Saint-Etienne (1991-1993) puis Bordeaux (1995-1997), répond à nos questions.
Bonjour Didier, comment voyez-vous cette rencontre entre Bordeaux et Saint-Etienne, qui sont au plus mal ?
C’est un match compliqué pour les deux équipes. Je dirais que c’est un peu plus serein côté Girondins de Bordeaux que du côté de l’AS Saint-Etienne où il y a eu pas mal de bouleversements ces dernières semaines. Il y a eu certainement des remises en questions, c’est un match à l’extérieur. C’est un match qui peut permettre certainement à une de ces deux équipes de se relancer, elles sont toutes les deux dans une dynamique pas très positive. Il y aura de la crispation et une pression sur les deux équipes. Bordeaux a quand même l’avantage de jouer à domicile. Saint-Etienne peut se servir de son Chaudron pour enflammer les matchs à domicile mais… Pour les deux équipes, c’est un match important pour pouvoir relancer la machine. Bordeaux restait sur un contenu assez positif contre l’Olympique de Marseille. Il faudrait enchaîner avec le contenu, mais le résultat aussi.
De plus, Sablé, depuis sa prise de fonctions, n’a pas connu la victoire…
Non, il n’a pas connu la victoire, puis il y a un calendrier difficile qui les attend, avec Bordeaux, Nantes, Marseille et Monaco !
Qu’est-ce qui ne va plus à Bordeaux qui avait réalisé un bon début de saison, et qui au final, malgré le fait d’aligner son onze type, n’y arrive plus ? Est-ce uniquement mental ?
Dans le football, il y a une grande partie de confiance. On sait qu’un joueur professionnel, au-delà des qualités, joue sur la confiance. Après, on sait qu’il n’y a pas que ça. Il y a certainement un tout… Je lis un peu, je regarde un peu, je sais que Jocelyn cherche les solutions pour essayer de faire réagir, évoluer, jouer différemment. Il essaie de trouver tous les leviers qui peuvent être positifs pour inverser la tendance. Il y a eu en début de saison, la Malcom-dépendance, où il était un peu au-dessus. Aujourd’hui, ça passe certainement par autre chose. Ça passe par un esprit complètement collectif, ça passe par un engagement peut-être plus important, ça passe par le fait de faire confiance peut-être à d’autres joueurs. Je laisse les gens qui sont en place et à l’intérieur de ce groupe-là pour trouver ces solutions-là.
On parle dans les médias d’une Malcom-dépendance. Bordeaux va mal car Malcom est moins bien. Au final, d’autres joueurs, comme Sankharé, sont en-dessous…
Je pense que c’est un tout. Aujourd’hui, ce serait vraiment trop réducteur de dire que, parce que Malcom va moins bien, l’équipe va moins bien. C’est un tout, il y a eu une perte de confiance. Il y a eu aussi de la réussite en début de saison. Il y a plein de petits points qui sont importants et c’est aussi le travail d’un staff de pouvoir trouver des solutions pour faire repartir la machine parce qu’il y a aussi de la qualité dans cette équipe.
Nicolas De Préville a inscrit son premier but contre Marseille, et a une nouvelle fois été bon contre Caen, malgré la défaite. Il y a un débat sur le fait que ce ne soit pas un réel numéro 9 ? Quel est votre avis ?
Je pense qu’il est plus à l’aise quand il y a quelqu’un devant lui, où il tourne autour. Voire sur un côté, avec une certaine liberté plutôt que de jouer dos au but. Déjà, par son profil, ce n’est pas vraiment ce type-là. Maintenant, on a pu s’apercevoir aussi qu’en jouant seul devant contre l’OM, il a été très bon. Il retrouve la confiance. Il a mis un très beau but. Moi, si je donne mon avis, je préfère le voir évoluer à deux, ou un peu plus en retrait que la pointe. Ça reste mon avis. Un 9 et demi.
Donc vous êtes plus sur une association avec Alexandre Mendy, plutôt que Nicolas De Préville tout seul ?
Oui, ce n’est que mon avis. Jocelyn voit des choses à l’intérieur que nous ne voyons pas de l’extérieur mais dans son registre, ce n’est pour moi, pas un avant-centre type.
Vous avez rejoint l’écurie de Christophe Hutteau depuis quelques jours. Vous l’aviez déjà eu en tant qu’agent lorsque vous étiez joueur. Pouvez-vous nous parler de votre relation et de votre choix ?
Le choix, il est tout simple parce qu’à un moment donné, je fonctionnais seul. Aujourd’hui, par rapport au football qui a changé, il faut s’entourer. Il y a la communication, il y a beaucoup de choses… On s’était perdu de vue mais je suis de nouveau sur Bordeaux. Il y a de la proximité avec lui, il n’est pas loin de Bordeaux. Au-delà de ses compétences, quand on avait travaillé ensemble, il avait Valbuena, Kaboré, Gragnic, et pleins d’autres. Je trouve que quand je travaille avec quelqu’un, j’ai besoin de proximité. Il est à côté, on peut discuter, on peut se voir, on peut échanger, on peut mettre une stratégie en place, on peut discuter réellement de choses concrètes. Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’avoir quelqu’un qui me fasse rêver en me disant « Oui, j’ai dix clubs pour toi… », et puis finalement, au bout, il n’y a rien. Il faut qu’il y ait cette relation de confiance et cette relation, je dirais, réaliste. Voilà les raisons pour lesquelles je vais travailler avec Christophe.
Et le terrain ne vous manque pas trop ? Vous qui n’avez plus de banc depuis 1 an ?
J’aurais pu reprendre, mais aujourd’hui, je veux reprendre dans des conditions qui puissent me permettre de faire quelque chose avec une équipe. D’essayer de jouer plutôt vers le haut que vers le bas, sans faire injure aux équipes qui m’ont demandées, car ça fait toujours plaisir. J’ai pas envie d’aller n’importe où. Je me suis donné encore un peu de temps pour essayer de garder le haut niveau parce que je sors quand même de deux Coupes de Suisse et d’une Europa League et quand on a goûté à ça, on a envie d’y retourner.
Malgré que vous vous laissiez du temps, si vous avez une proposition au mercato hivernal, vous n’avez pas peur de remettre le survêt ?
Non non, pas du tout! Je n’ai pas peur du challenge du tout, ni de la difficulté car je connais bien! Je suis allé deux fois à Sion, deux fois ils étaient derniers, et deux fois on s’est sauvé et on a gagné la Coupe de Suisse à la fin. Ça ne me fait pas peur. C’est assez facile d’être un entraîneur quand on gagne, et c’est très valorisant et gratifiant de prendre un groupe qui est en difficulté parce qu’arriver à le renverser, c’est le vrai travail d’un entraîneur.
Vous avez eu des contacts ces-derniers temps ?
J’ai eu Tours, j’ai eu un contact en Suisse, j’ai eu Créteil en National. Ce ne sont pas forcément des projets qui m’intéressaient sur le très court terme. J’ai eu également une proposition à l’étranger mais je n’ai pas voulu y aller. Je me suis encore donné un peu de temps. Après, on sait que quand il y a un train qui passe, on n’est jamais sûr de prendre l’autre. J’ai envie de trouver quelque chose, le terrain me manque vraiment, mais je ne suis pas aux abois.
Beaucoup d’entraîneurs français prennent des équipes nationales africaines aujourd’hui, vous seriez prêt à signer pour l’équipe de Tanzanie ou du Congo ?
Rien ne me fait peur aujourd’hui. Prendre une équipe en difficulté, ou une équipe lointaine, ça ne me fait pas peur. Après, il y a une qualité de vie que j’ai envie d’avoir. J’ai eu la chance de faire une carrière de joueur, une carrière d’entraîneur. Il y a aussi des équipes qu’il ne faut pas prendre pour ne pas s’enterrer. Je préférerais à la limite prendre une équipe de National avec un projet sportif si jamais dans 8 mois, 9 mois, je n’ai rien plutôt que d’aller forcément au bout du monde.
La team Girondins4ever remercie Didier Tholot pour sa gentillesse, et pour sa rapidité de réponse lorsque nous l’avons contacté.