#Interview. Mickaël Pagis: « Bordeaux, c’est un club que je suivais, qui me plaisait bien… »

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    Ancien attaquant passé par Marseille, Rennes, mais aussi Strasbourg, Mickaël Pagis a laissé de bons souvenirs partout où il est passé. Arrivé en première division à l’âge de 28 ans, le français s’est confié à Girondins4ever sur ses deux années en Alsace, sur le beach-soccer, et Bordeaux. Confessions.

     

    Pagis Arrache Niang
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    Salut Mickaël, tu as arrêté ta carrière en 2010, et tu as connu ensuite l’Équipe de France de beach-soccer. Comment as-tu atterri dans cette discipline ? 

    Aujourd’hui, je n’y suis plus, mais j’ai joué pendant 4 ans après la fin de ma carrière de footballeur professionnel. J’ai intégré le beach-soccer par le biais de la famille Cantona. J’ai découvert ce sport en Corse où j’ai joué avec Pascal Olmeta, lors de sa dernière année de joueur au Gazélec Ajaccio. Il m’avait proposé de participer à un événement qui se déroulait sur Bastia, des matchs avec célébrités. Il m’y avait convié et j’y étais allé avec les Cantona. Jean-Marie Cantona était mon agent d’ailleurs, ce qui a aidé au rapprochement. Eric (Cantona) m’appréciait bien en tant que joueur, j’ai donc au l’occasion de discuter avec lui ce jour-là. Ca m’avait bien plu le beach, c’est une discipline que je ne connaissais pas. C’était en 1998, et il m’avait dit « Le jour où tu arrêteras ta carrière, tu viendras nous rejoindre en Equipe de France ». Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd! Les années sont passées et le jour où j’ai arrêté, ils m’ont sollicité pour intégrer l’Equipe de France. Donc c’est parti comme ça…

     

    C’est plutôt flatteur d’être contacté par les Cantona…

    Sur le moment, c’était super de pouvoir discuter avec Eric, puisqu’il me propose d’intégrer le beach… A la fin d’une carrière, c’est un bon moyen de continuer dans une discipline, de continuer la compétition, de ne pas s’arrêter comme ça, net.

    Tu as connu de bons clubs comme Strasbourg, Rennes et Marseille. As-tu déjà été contacté par les Girondins au cours de ta carrière ?
    Oui, enfin… contacté, c’était indirectement. Ça date, c’était en 1995. J’avais signé mon premier contrat pro au Stade Lavallois, j’ai été formé là-bas, et lors de ma deuxième année pro, j’ai été prêté à Châtellerault, en National, un club dans la Vienne. A l’occasion d’un match, Pierrot Labat était venu me voir. C’est une histoire sympa avec le recul… Avec le temps, je m’en suis mordu les doigts. Je faisais de bons matchs, mais à celui-là, en début de match, je prends un carton rouge ! Au bout d’un quart d’heure, vingt minutes… Très tôt dans le match. Pierrot Labat était venu, il a vite fait demi-tour ! Il n’est pas resté longtemps ! Ce match a été un échec… Que je sache, il n’est pas revenu me voir, je ne pense pas. Pour moi, ça a été dur, car c’est un club que je suivais dans les années 90, qui me plaisait bien. Et quand j’ai eu cette info qu’ils venaient me superviser, j’étais content. Mais les faits en ont décidé autrement !

     

    Tu aurais aimé jouer à Bordeaux ?

    Oui oui, c’était un club qui avait une belle image ! Qui tournait bien à l’époque, dans les années 90, avec une belle histoire, une région sympa. C’est l’image que j’en avais, et que j’ai toujours.

    Quel est le match, le genre d’affiche, la compétition que tu aurais voulu jouer durant ta carrière ?
    Je vais te dire, tout simplement, des matchs de Coupe d’Europe. Pas forcément une finale de Champion’s League. Un match de Ligue des Champions, mais dans un club anglais. J’aurais aimé aller jouer un match de Coupe d’Europe dans un stade anglais oui. Je ne suis jamais allé jouer en Angleterre. C’est un football qui me plaisait, l’ambiance, le jeu anglais… C’est quelque chose qui me plaisait. Voilà le match que j’aurais aimé jouer.

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    Quel est ton plus gros regret, sur ta carrière ?
    Je n’ai pas vraiment de regret… Je n’ai jamais remis en cause mes choix de carrière. En fait, ce n’était même pas trop des choix de carrière. C’était des choix qui se sont proposés à moi, je n’ai jamais eu trop le choix finalement. Ce serait un match en fait. Une finale de Coupe de France, que l’on a perdu quand j’étais à l’OM, et c’est vrai que j’aurais vraiment aimé pouvoir remporter un trophée avec l’Olympique de Marseille. Des finales perdues, ça ne fait jamais plaisir mais s’il y avait bien une finale perdue que je regrette, ce serait bien celle-ci.

    Que penses-tu de la saison de cette équipe strasbourgeoise ? 
    Je ne regarde pas énormément de matchs. J’ai regardé Strasbourg-Paris, et ils m’ont fait une forte impression. Avec des valeurs qui correspondent tout à fait aux valeurs de la région alsacienne. Des valeurs de combat, de jeu vers l’avant, de simplicité dans le jeu. J’ai retrouvé ça dans ce match.

    Ils avaient fait belle impression à tout le monde ce jour-là…
    J’ai vraiment apprécié regarder ce match. Je regarde des matchs de temps en temps, où je serais prêt à couper la télé. Mais là, j’étais scotché. J’ai trouvé ça pas mal. Avec un public extraordinaire… On s’en rend compte davantage aujourd’hui, maintenant qu’ils sont montés en Ligue 1 mais, de mémoire, même quand ils étaient aux étages inférieurs, il y avait beaucoup de monde qui suivait. C’est vraiment une terre de foot. C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai signé là-bas et comme on dit, c’est un peu le Marseille de l’est. Ils sont derrière leur équipe, vraiment! Autant, certains supporters, quand ça va moins bien, on les entend un petit peu moins mais, eux, même quand ça va moins bien, ils sont là! Justement, ils font vraiment le douzième homme. En tant que joueur, c’est vraiment appréciable.

    Tu as connu une génération dorée en Alsace avec Mamadou Niang, Cédric Kanté, Pascal Johansen notamment, où vous aviez fini 11èmes du championnat en 2004-2005. Penses-tu que le Strasbourg de cette saison peut faire mieux que vous ? Pourquoi ?
    Oui, je leur souhaite! Cette saison là, de mémoire, on n’avait pas gagné sur les 11 ou les 13 premiers matchs. Donc on avait pris beaucoup de retard. On avait vraiment galéré en début de saison. En deuxième partie, on avait fait une remontada. On avait une belle équipe aussi… Au départ, ça n’avait pas pris, et nous n’avions pas de réussite non plus. Mais après, ça allait beaucoup mieux, et c’est pour ça qu’on a pu finir à une place honorable. Si on avait fait un début de saison plus régulier, on aurait pu prétendre à finir beaucoup plus haut.

    Donc, tu penses que pour le Strasbourg d’aujourd’hui, c’est possible.
    Après, c’est toujours pareil, quand on parlait du match de Paris. Le plus difficile, c’est pas de se mettre au niveau de Paris sur un match, mais c’est aussi être capable de rééditer des performances comme ça contre des équipes inférieures, qui sont à leur portée, qui luttent aussi pour le maintien.

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    Quels sont leurs points forts ? Leurs points faibles ? 
    Franchement, je n’ai qu’une référence, c’est ce match de Paris. Je n’en ai pas beaucoup d’autres, j’ai vu quelques images. La chose sur laquelle ils doivent d’appuyer, c’est ça. C’est une équipe qui joue de l’avant. Il y a de bons techniciens, c’est assez propre techniquement. Ils jouent sur l’identité du club, de la région. Ils ne veulent rien lâcher.

    À l’aller, le Racing s’était imposé sur le score sans appel de 3-0 à Bordeaux. Penses-tu qu’un tel scénario peut se reproduire, alors que les Girondins commencent à sortir la tête de l’eau, et restent sur une victoire méritée à Nantes et une belle performance devant Lyon ?
    Je ne sais pas, je ne suis pas visionnaire… Après, quand on est sur une période difficile comme les Girondins et qu’on arrive à aller gagner contre deux grosses cylindrées que sont Nantes et Lyon, ça veut dire quelque chose quand même. Mais en même temps, rééditer les matchs, c’est toujours la grosse difficulté. S »ils arrivent à garder les ingrédients qu’ils ont mis sur les deux derniers matchs, je ne pense pas que Strasbourg réussira à faire la même chose.

    Que penses-tu du départ de Jérémy Toulalan, qui a suivi Jocelyn Gourvennec ? 
    C’est fort de sa part de l’avoir fait. Une solidarité comme ça, d’un joueur envers son entraîneur, je crois que ça s’est rarement vu, voire jamais. Voilà, après c’est son choix, je ne connais pas l’histoire.

    Aurais-tu été capable d’un geste semblable envers un entraîneur ? Si oui, envers quel coach ?
    Sacrée question! J’ai eu un entraîneur, Jean Fernandez, pour qui j’avais beaucoup d’estime. C’est lui qui m’a fait connaître la Ligue 1, qui m’a fait venir à Marseille. J’aurais été prêt à faire beaucoup de choses pour lui, pour le suivre, pour être solidaire de ce qui aurait pu lui arriver. Peut-être plus en fin de carrière… C’est le cas de Toulalan. Mais en fin de carrière, pourquoi pas oui.

    Je me doutais un peu de ta réponse…
    C’est un entraîneur qui m’a fait connaître le haut niveau, il m’a fait venir à Marseille et pour moi, c’était malgré tout, un rêve! Porter le maillot de l’OM, je n’y aurais jamais cru. Même aujourd’hui, je me dit que j’ai quand même joué à l’OM, alors que ma carrière au plus haut niveau a commencé très tardivement. Pour moi, c’est quelqu’un, Jean Fernandez, que je respecte, c’est un grand passionné de ballon, c’est un homme sain et franc, que j’apprécie beaucoup beaucoup.

    Un pronostic pour ce match entre Strasbourg et Bordeaux ?
    Je ne suis pas fan de pronostics… Il y a tellement de paramètres qui rentrent en jeu dans un match… Il y aura des buts! Strasbourg, c’est une équipe qui attaque, Bordeaux est toujours porté vers l’avant, c’est sa marque de fabrique je trouve, alors on va dire 3-3! Une grosse côte! Je veux voir des buts, il faut qu’il y ait des buts!