#InterviewG4E. Kévin Olimpa : « Les Girondins peuvent faire mieux sur la manière de remercier leurs joueurs »
Bonjour Kévin, tu as quitté le club grec de Platanias en
2016, quel a été ton parcours depuis ?
Depuis, je suis revenu en France, plus précisément sur Bordeaux. Je
suis en inactivité professionnelle, c’est-à-dire que je n’ai pas de
club. Et depuis septembre, j’ai pris une licence éducateur au SA
Mérignac, où j’entraîne les équipes U9 et U13. Ce qui me permet de
gagner un peu de temps sur l’expérience, le coaching, en commençant
par les plus jeunes. J’ai passé diverses formations intéressantes.
Mais surtout, depuis mon retour, j’ai gardé la condition physique
et la forme en m’entraînant avec l’équipe première du SAM, et celle
du Stade Bordelais aussi, depuis quelques semaines.
Malgré ta formation d’entraîneur, penses-tu continuer ta
carrière professionnelle quelques années, toi qui n’a que 29 ans
?
Mon but absolu est de continuer ma carrière et d’aller jusqu’au
bout. Le plus loin possible. Ce n’est pas du tout ma priorité
d’être entraîneur dès maintenant, mais c’est quelque chose que
j’essaie de fructifier dès à présent car j’ai un peu de temps
libre. Donc j’essaie de le rendre productif.
Tu arrives à Bordeaux en 2004 en provenance de
Clairefontaine. Avais-tu d’autres propositions ? Pourquoi les
Girondins ?
Lorsque je suis arrivé, notamment lors de ma dernière année à l’INF
Clairefontaine, j’avais eu durant ces trois ans, certaines
sollicitations, de centres de formations, de clubs professionnels,
que j’ai visité avec mes parents. J’ai eu des propositions
concrètes. J’ai visité les centres du PSG, de Monaco, de Lens entre
autres, le Stade Rennais. Mais lors de la dernière année à l’INF
Clairefontaine, c’est là que mon choix s’est avéré décisif. Les
trois derniers concurrents qui étaient toujours en lice et bien
présents, étaient les Girondins de Bordeaux, l’Olympique Lyonnais
et le FC Sochaux. Bordeaux, il y avait tout un contexte
environnemental, scolaire et sportif qui collait. Notamment le côté
scolaire qui est important pour les parents, c’était un point très
très sensible pour ma mère. Bordeaux, avec des études assez élevées
et des cours avec peu d’élèves, qui permettait toujours d’avoir un
suivi scolaire suffisamment pointilleux pour décrocher au moins un
diplôme, était un point très important pour elle, elle y tenait,
donc de ce côté-là, ça collait très bien. Le côté sportif, une
proposition du club des Girondins de Bordeaux, à ce moment-là, je
n’avais que 16 ans, je suis passé directement avec les 18
Nationaux, j’ai aussi été international en moins de 16, moins de
17, donc c’était une proposition très bonne, forcément, ça joue. Et
le côté environnemental… J’ai eu un petit coup de cœur pour les
Girondins de Bordeaux, car cela me faisait penser à l’INF
Clairefontaine. Son château, avec autour sa petite forêt, ses
terrains, j’ai eu un petit coup de cœur à ce moment-là.
Tu as eu quelques sélections avec la Martinique. Si tu
avais dû choisir une seule sélection entre la Martinique et
l’Equipe de France, laquelle aurais-tu pris ?
En étant respectueux pour tout le monde, je ne peux pas vraiment
choisir. Mais forcément, lorsque l’on est conscient, qu’on a la
chance de pouvoir jouer pour l’Equipe de France, je ne pense pas
que cela se refuse. Si j’avais eu l’opportunité, après l’Equipe de
France Espoir, après les sélections de jeunes, et continuer avec
les A, je n’aurais pas dit non. Ce n’est pas vraiment un choix à
faire, car la Martinique reste un département français, même si
elle peut se permettre de faire des compétitions internationales
dans l’autre partie du globe, mais je ne pense pas que cela se
choisisse vraiment. La France est une nation importante, une
opportunité très forte et importante, donc c’est toujours un
privilège et une fierté de jouer pour l’Equipe de France. Mais la
Martinique est aussi quelque chose qui touche à nos origines, nos
liens familiaux, et c’est aussi un bonheur à ce niveau-là.
Tu as connu ta période professionnelle bordelaise aux
côtés d’Ulrich Ramé puis de Cédric Carrasso. Que penses-tu du
départ de ce-dernier et du fait qu’il n’ait pas été célébré comme
il se doit ?
Je pense que sur son départ, le grand public ne sait pas tout.
Comme tout grand joueur qui soit passé par les Girondins de
Bordeaux, je pense qu’à ce niveau-là, on peut faire mieux. Les
Girondins peuvent faire mieux sur la manière de remercier leurs
joueurs, leurs talents, qui ont marqué d’une manière parfois très
forte, ou moins forte, le club. Je pense que cela se remercie d’une
manière honorable. Ce sont des petits points, des détails, qui
peuvent s’améliorer. Maintenant, il y a des choses qui sont en
coulisses, qu’on ne peut vraiment trop commenter, car on n’a pas
tous les ingrédients. Jussiê, comme Cédric, comme d’autres,
s’attendaient à des remerciements différents. Ce sont des petits
points, des détails, où le club devrait avancer là-dessus; cela
augmenterait leur côte de popularité, et correspondrait davantage
au cliché « élégance à la bordelaise ».
Benoît, c’est un copain, on se connaît depuis les sélections de jeunes. Il est de la génération 87 et moi 88. On s’est déjà croisé en Espoirs et en sélections de jeunes. Il n’a pas été en réussite depuis le début de saison. Il y a du mieux aujourd’hui. Du moins, l’équipe, le club, tournent un peu mieux aujourd’hui. Le contenu n’est pas encore assez fourni. Mais il y a des résultats qui sont en progrès, qui permettent de grappiller des points. Certains diront « c’est l’essentiel ». Moi je fais partie de ceux qui ne se contentent pas du peu. Surtout sur le contenu. Mais voilà, aujourd’hui on doit faire avec. Mais Benoît est un bon gardien. Maintenant, c’est vrai que la particularité aux Girondins, c’est d’avoir un bon gardien, par le passé on en a souvent eu. Les bons gardiens, dans les bons clubs, doivent être décisif, et faire gagner des points. C’est ce qui le mettra le plus en avant. Donc aujourd’hui, depuis le début de la saison, cela n’a pas toujours été le cas. Il y a du mieux aujourd’hui, et c’est une des seules choses qu’on demande et qu’on demandera.
Peut-on se qualifier pour la Coupe d’Europe en fin
d’année ?
On peut se qualifier, certes, oui. Je ne vais pas dire qu’on ne
peut pas, je pense que l’on peut se qualifier, ça dépendra
forcément de chacun, chaque joueur individuellement, du collectif
et des résultats. Mais encore une fois, je reviendrais sur le
contenu. On peut se qualifier, mais pas de n’importe quelle
manière. Est-ce que l’on doit s’en contenter ? Moi personnellement,
je ne pourrais pas me contenter de certaines prestations que j’ai
vu au stade ! Mais on est là pour y croire, pour aller chercher
quelque chose, on est encore dans les clous, donc pourquoi pas ? Si
au final, c’est pour trouver le moyen de se qualifier sur les
dernières journées et l’année d’après, se retrouver sur des
performances en barrages comme nous avons vécu cette année (NDLR :
Videoton), ce n’est pas possible. Se qualifier, oui. Pour en faire
quelque chose, oui. Mais si c’est pour faire ce que l’on a fait en
début de saison, c’est un peu moyen.
Pas particulièrement. Il y a certains supporters qui ont gardé des contacts sur les réseaux sociaux avec moi, avec qui j’aime bien discuter, mais je n’ai pas particulièrement gardé de contacts avec le club d’Angers à l’heure actuelle. Avec les joueurs, on se croise, et puis le lendemain chacun est reparti à un autre bout donc ce n’est pas toujours évident. Mais c’est une aventure dont je garde un excellent souvenir.
Ont-ils les armes pour obtenir un résultat sur la
pelouse des Girondins ?
Je pense que le club d’Angers a des joueurs intéressants, qui ont
des capacités pour faire de bonnes performances. En ce moment, il
me semble qu’ils ne sont pas forcément très réguliers. Ils ont un
attaquant, qui, lui, est assez régulier ! Qui arrive à mettre
certains buts, qui leur a sauvé la mise plusieurs fois, qui a
permis de prendre des points. Encore une fois, c’est le genre de
match qui va se jouer sur le contenu. Si on a des Girondins qui
sont entreprenants, avec une certaine maîtrise de balle collective,
ils pourront créer de sérieux problèmes à cette équipe d’Angers.
Maintenant, si on a des Girondins attentistes, et spectateurs du
jeu, cela risque d’être un peu compliqué.
Le joueur dont tu me parles, Karl Toko Ekambi, est un
joueur que nous avions failli recruter à l’intersaison, puis le
club avait finalement opté pour Nicolas de Préville.
Tu sais, depuis des années que j’écoute les Girondins, j’ai entendu
plusieurs joueurs qu’on a « failli failli » et puis qu’au
final, ont eu une carrière, qui ont fait un bon en avant sans
signer aux Girondins. C’est cela qui est dommage et malheureux. Je
pense qu’aux Girondins, certaines personnes ont de bonnes idées,
mais les dossiers ne se concrétisent pas forcément tout le temps.
C’est bien d’avoir des idées, mais ce serait bien de pouvoir les
concrétiser.
Quelles sont d’après toi, les raisons des départs de
jeunes joueurs vers le SCO (Olivier Auriac, Ted Lavie, Enzo
Crivelli, Thomas Touré notamment…) ?
Dans le football, c’est beaucoup de relations humaines. Je pense
qu’il y a eu certains épisodes dans le passé comme Bruno Ecuele
Manga, qui après être passé par Rodez, a fini à Angers. Il y a eu
aussi Ted Lavie, qui était aux Girondins et qui est passé par là.
Floyd Ayité… Ces différents liens enrichissent les relations entre
clubs. Des fois, de bonnes expériences, des fois, des un peu moins
bonnes en réussite, facilitent les échanges. Je ne pense pas qu’il
y ait forcément un favoritisme direct, c’est comme ça, tout
simplement. La situation se propose comme ça, et c’est une bonne
opportunité. À Angers, il n’y a pas forcément énormément de
pression non plus, il y a moyen d’avoir un club qui ne joue pas
toujours le haut de tableau mais a des conditions de travail
intéressantes. Ils se sont développés à ce niveau-là d’ailleurs.
Ils ont toujours une ambition de bien vouloir jouer au football,
d’essayer d’apporter quelque chose, de progresser. Donc pour un
jeune joueur, cela peut être intéressant. À ce niveau-là, les
Girondins peuvent y trouver leur compte.
Quel est ton pronostic pour le match de samedi
?
J’ai envie de dire une victoire bordelaise parce que je vais être
chauvin, mais je crois que je vais dire un match nul… Un petit 1-1
je pense. J’aurais tendance à dire Martin Braithwaite comme buteur,
mais je ne suis pas convaincu pour ce match-là… S’il y a un
François Kamano, une chose comme ça… cela pourrait faire
l’affaire.