#InsoliteG4E. Vivez l’interview croisée de Hervé Bugnet et Laurent Pionnier ! Rires, anecdotes mais surtout Amitié !

    Deux jours après la victoire des Girondins de Bordeaux sur le terrain de Montpellier (3-1), Girondins4ever vous propose de vivre notre première interview croisée entre Hervé Bugnet, ancien attaquant du cru bordelais et Laurent Pionnier, gardien mythique du club héraultais. À vos sourires, prêts, lisez !

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    Si je te dis Hervé Bugnet/Laurent Pionnier, à quoi penses-tu ?

    Laurent Pionnier : C’est une question qui mérite un long débat ça ! Forcément un bon mec, un bon joueur. Un « petit » attaquant mais qui a su marquer son poste. Et quand je dis un mec attachant, c’est qu’on avait la chance de se côtoyer aussi en dehors parce que c’est aussi un bon musicien, car on a cette passion commune et ça m’évoque de bons moments, parce qu’on a passé sur le terrain mais aussi en dehors.

    Hervé Bugnet : Comment je pourrais le qualifier… (rires). Laurent Pionnier ? Un super mec, déjà. Même si c’est un chambreur, à la base, c’est un super mec. J’ai eu la chance de le connaître à Montpellier, et on avait la particularité aussi de pratiquer un instrument de musique, la guitare. Et Lolo, très souvent, venait à la maison pour qu’on se fasse des petits « bœufs » tous les deux. Et voilà, c’était des moments à nous et il n’y avait personne pour nous embêter et c’était super de se retrouver pour faire des chansons, surtout des années 80 ! 70, 80, 90, c’était sympa. Et c’est un fou aussi ! Mais bon, c’est un gardien de but. C’est un petit fou (rires) ! J’ai eu le malheur un jour de lui faire une panenka à l’entraînement… Il y a un penalty, il est dans les buts et je lui fais une panenka. Il m’a coursé, il voulait me frapper !! J’ai couru, et bien sûr, il ne m’a jamais rattrapé ! En criant « Et ça en match tu ne le fais pas, je vais te niquer ! » Ses mots à lui, normal. Je lui ai répondu « C’est vrai qu’en match ne je le fais pas, je ne le referai plus ! ». Bon, en même temps, il avait raison car en match je ne me serais jamais osé faire une panenka. Je sais la faire mais il faut avoir une grosse paire pour la tenter. Puis la faire, c’est aussi chambrer le gardien. En pro ou en CFA, je ne l’ai jamais tenté. Même au futsal, je ne le tente pas. C’est le souvenir que j’ai de lui, c’est un fou !

     

    Quelle est sa principale qualité en tant qu’homme ?

    Laurent Pionnier : C’est dur de répondre sur une seule qualité… C’est vraiment quelqu’un de gentil et qui est prêt à faire beaucoup en amitié. Il est généreux. Quand tu as en face de toi quelqu’un de généreux, tu le retrouves aussi sur le terrain, dans les efforts, dans ce qu’il faut faire pour être performant. C’est quelqu’un sur qui tu peux compter.

    Hervé Bugnet : S’il a envie de te dire « merde », il ne passera pas par 4 chemins ! C’est une de ses qualités. Je n’ai pas de souvenir précis, mais dans le vestiaire, s’il avait envie de dire à un mec « Tu casses les couilles, tu te la racontes, joue simple ! », il le disait et ne passait pas par l’entraîneur. S’il avait quelque chose à dire, il le disait. Il a plein de qualités Lolo ! Mais il faudrait plus demander à sa femme qu’à moi ! (rires)

     

    En tant que joueur ?

    Laurent Pionnier : C’est un bosseur, obnubilé par le but. Ce qui est une bonne chose pour un attaquant.

    Hervé Bugnet : Lolo était très bon sur sa ligne. Je ne dis pas qu’il était mauvais dans ses sorties, aériennes ou au pied mais c’est vrai que sur sa ligne, c’était un super gardien. Ses principales qualités, il les a encore, puisqu’il est toujours en lice pour jouer au foot, et moi non.

     

    Son pire défaut en tant qu’homme ?

    Laurent Pionnier : C’est quelqu’un qui ne supportait pas perdre ou manquer. Perfectionniste, c’est à la fois une qualité et un défaut. Quand il était seul devant le but et que je lui arrêtais tout, il était un peu en colère tu vois (rires). Des fois, il me mettait en colère en marquant tout, c’était donnant-donnant.

    Hervé Bugnet : Son pire défaut ? Bonne question… C’est qu’il ne m’appelle jamais ! Mais bon, je fais pareil ! Je l’ai vu aux Oscars UNFP l’année dernière, et on était très content de se voir. C’est comme si on ne s’était jamais perdu de vue. Mais bon, c’est vrai que chacun a sa vie, on est loin. Je ne pense pas très souvent à prendre de ses nouvelles, mais quand on se voit, on est toujours très contents de se voir. Je lui donne comme défaut de ne jamais m’appeler ou m’envoyer de message, mais je fais pareil.

     

    Bugnet Henrique

     

    En tant que joueur ?

    Laurent Pionnier : C’est la même chose, il n’aime pas perdre, ou qui n’aime pas faire mal. Donc forcément, quand c’est le cas, il se braque. Ce qui est normal. À l’inverse pour moi, c’est plus une qualité qu’un défaut. Je pense que c’est un atout pour faire cette carrière-là, de haïr la défaite et d’être perfectionniste. C’est un atout, mais on ne peut pas en dire autant dans la vie de tous les jours.

    Hervé Bugnet : Son pied gauche, ça va, pour un gardien de but. Il y a des joueurs de champ qui n’ont pas les deux pieds. À mon grand désarroi, qui n’ont vraiment qu’un pied ! Il vaut mieux en avoir un bon que deux moyens, mais je trouve aujourd’hui, scandaleux, de ne pas pouvoir faire une passe de son mauvais pied à 10 ou 20 mètres. Moi, depuis l’âge de 10-11 ans que je suis aux Girondins de Bordeaux, j’ai toujours appris à me servir des 2 pieds avec Pierrot Labat ! Et aujourd’hui, si on me demande de faire une transversale de 30 ou 40 mètres, ça ne me pose aucun souci de la faire du pied gauche. Et on m’a souvent demandé -et ça me fait plaisir- si je suis droitier ou gaucher. Le défaut de Lolo, au niveau de son football… Je ne lui trouve pas de défaut particulier…

     

    Quel est votre meilleur souvenir ensemble ?

    Laurent Pionnier : Je ne sais pas si on aura le même ou pas mais je me souviens, par rapport à lui, d’une victoire contre Bordeaux en Coupe de France. On était en Ligue 2 et Bordeaux en Ligue 1. Et de pouvoir battre une Ligue 1, c’était vraiment bien. Et pour Hervé, c’était son club formateur et cela avait une saveur particulière. C’était un bon moment qu’on a pu vivre à deux. Évidemment que c’est un bon souvenir d’équipe mais on avait tous une pensée pour lui car c’était son club formateur, qui ne l’avait pas conservé pour jouer en Ligue 1, et pouvoir apporter une réponse sur le terrain, ça devait être jouissif pour lui. Mais on a pu partager ça avec lui et c’est là que ça reste un souvenir remarquable. C’était une grosse équipe de Bordeaux, c’était dans les tours élevés de Coupe de France. Puis on a toujours eu une histoire particulière avec la Coupe de France ici. Le boss (NDLR : Loulou Nicollin) adorait cette coupe et faire une réelle communion dans ce stade, c’était formidable.

    Hervé Bugnet : C’est un de mes meilleurs souvenirs avec Montpellier, mais on était ensemble, on jouait dans la même équipe. C’est la victoire contre Bordeaux. C’était en Coupe de France, on reçoit Bordeaux, à La Mosson. On gagne 1-0 et c’est moi qui marque. Frappe de Lafourcade, elle tape le poteau, et elle revient sur moi, on gagne 1-0. Éliminer Bordeaux, c’était quelque chose de spécial pour moi. Éliminer un club de Ligue 1, c’était quelque chose. Surtout que Bordeaux tournait bien à l’époque, c’est un beau souvenir.

     

    Si tu devais citer un film qui te fait penser à lui, ce serait… ?

    Laurent Pionnier : Ce serait un film comique ! Forcément ! Je ne sais pas si les gens le connaissent sous cet angle mais c’est quelqu’un qui adore la déconnade, être l’instigateur du rire tu vois ! Un film avec Louis de Funès, un truc comme ça ! Car c’est vraiment un bout-en-train ce mec-là. Ça le caractérise bien.

    Hervé Bugnet : Un film où il y a de la musique. Un film qui me fait penser à Lolo ? Tu me scotches là… Alors là je n’en sais rien !

     

    Si tu devais citer une chanson qui te fait penser à lui, ce serait… ?

    Laurent Pionnier : Comme on a passé pas mal de temps à faire des petits bœufs tranquillou, ou même en stage. En stage, il faut savoir qu’on mettait une petite guitare dissimulée dans le bus ! Histoire que personne ne la voit mais pour la retrouver quand on arrivait sur place. Toutes les chansons qu’on a pu faire, du Goldman, des choses comme ça… Quand moi-même je prends ma guitare et je joue tout seul, je me dis « Putain, quand il était là… Je pouvais partager ça avec quelqu’un d’autre, c’était cool ». Une chanson de Goldman ça ira très bien !

    Hervé Bugnet : On avait pas mal de chansons communes, surtout Goldman. Celle que tu veux de Goldman ! « Puisque tu pars », on la faisait à la gratte. Mais cette chanson, c’est une des plus belles chansons de Goldman, donc « Puisque tu pars », allez !

     

    Loulou Nicollin

     

    Dans quelles fonctions vois-tu Hervé/Laurent, après sa carrière ?

    Laurent Pionnier : Si c’est dans le foot, je le vois bien… pas commercial, mais dans le relationnel avec des partenaires du club, des choses comme ça. C’est quelqu’un qui est très attachant, et dans ce rôle-là, il saurait y faire. Il aime parler aux gens, il est attachant, il saurait mettre ces qualités-là au bénéfice de cette fonction-là.

    Hervé Bugnet : Il va continuer dans le foot. Je crois qu’il s’engage pas mal avec l’UNFP, et il est d’ailleurs représentant délégué de l’UNFP pour le club de Montpellier. Et je sais qu’il participe beaucoup à des réunions avec l’UNFP. Et puis bon, il a le charisme et l’intelligence d’être au sein de ce syndicat. J’en suis sûr. Il est pour protéger tous les joueurs, etc… Et je sais qu’il est engagé là-dedans, et je le vois complètement là-dedans.

     

    Dernière question : Si je te dis Loulou Nicollin, qu’est-ce que cela évoque pour toi ?

    Laurent Pionnier : Pour moi, ça a été un père. Ce sont des mots qui sont assez forts. Je l’ai même dit à mon propre père ! Tu vois ce que ça représente ? C’est fort mais en même temps c’est la réalité des choses. On est beaucoup à avoir ce sentiment-là sur Montpellier. Son départ a été une tragédie pour bon nombre de personnes. J’ai passé 20 ans ici, donc si on le connait un peu de l’extérieur, imagine de l’intérieur… Son charisme était tel que quand il disparaît, c’est un vide insurmontable. En ce qui concerne la direction du club et sa gestion, je me souviens, quand je suis arrivé en pro, son fils Laurent était déjà aux manettes. Pour les gens qui disent « Comment ça va se passer ? », ils ne connaissent pas le club, comment il était géré. Laurent est là depuis très très longtemps, donc pour lui, c’est la continuité. On ne lui a pas donné les rênes du jour au lendemain. Il les tient depuis déjà longtemps. C’est vrai que son père décidait aussi avec lui et que maintenant, il décide seul mais, les grandes décisions, il les prenait déjà lui. Il n’y a pas se souci à se faire de ce côté-là : c’est simplement sur le côté affectif, qu’il y a un gros vide pour nous. Le club en démontre la saison qu’on fait. On fait une belle saison, on a une belle équipe, c’est que ça continue à être bien géré. Mais on aura tous ce vide-là, car on a perdu, au-delà du dirigeant, on a perdu quelqu’un de proche. Le club est là, et continuera dans ce que Loulou voulait.

    Hervé Bugnet : (Il prend la voix de Loulou Nicollin) « Hé Bugnet, tu me files ton maillot ! ». C’était une semaine après qu’il m’ait défoncé (rires). Loulou Nicollin, c’est un peu à cause de lui que je suis parti, j’étais jeune et con… On va jouer à Sedan, et on perd 2-0. À la fin du match, il rentre dans le vestiaire, et il fait « Il est où Bugnet ? ». Et dans ma tête, je me dis que je vais en prendre plein la gueule. Et je lui dis « Oui, je suis là ». Il me dit « Toi, t’es qu’un petit tricheur, t’es si, t’es là… ». Il m’a traité de tous les noms. J’ai avalé ma salive, je suis sorti du vestiaire, je suis rentré dans le bus, j’ai appelé mon agent et je lui ai dit « À la fin de l’année, je ne suis plus là ». Et une semaine après, on reçoit je ne sais plus qui, on gagne 2-1. J’étais dans le vestiaire, et pour aller à la douche il fallait passer dans un petit sas où il était, et il me dit « Hé Bugnet, file-moi ton maillot ». Je lui donne mon maillot, il m’attrape par le cou et me fait des bisous. C’était Loulou Nicollin, mais moi, j’étais resté sur mon idée de partir alors qu’il me restait 2 ans de contrat. Et là, je fais le con… Je suis parti, pour signer un an à Dijon. Je pense que j’ai fait une erreur de partir de Montpellier. Même si la saison ne s’était pas très très bien passée, il me restait 2 ans de contrat et je savais qu’on avait un potentiel pour faire quelque chose l’année d’après. Puis l’année d’après, ils ont pris Olivier Giroud. J’ai signé à Dijon, ça s’est bien passé… Voilà mon anecdote avec Loulou.

     

    Un immense merci à Lolo et Hervé pour ce moment convivial !