#InterviewG4E. Eric Dagrant : « Je me rappelle, j’allais en colo, et dès qu’il y avait une voiture immatriculée 33, je disais ‘Allez Bordeaux' »
Aujourd’hui, nous sommes allés à la rencontre d’Éric Dagrant, speaker officiel des Girondins de Bordeaux. L’homme, toujours souriant et énergique avant les matchs au Matmut Atlantique, nous parle en exclusivité pour Girondins4Ever, de son métier et bien entendu, de son amour, les Girondins de Bordeaux.
Bonjour Éric, depuis quand êtes-vous le speaker officiel des Girondins de Bordeaux ?
On peut se tutoyer ! C’est ma quatrième année.
Comment t’es-tu retrouvé à ce poste ?
Il se trouve que, j’ai commencé à présenter des matchs de rugby. Lors d’un France-Irlande, qui avait lieu à Lescure, je pense que les dirigeants bordelais -qui devaient accompagner les dirigeants de la Fédération Française de rugby dans l’organisation du match- m’ont vu. Il y a eu une deuxième piqûre de rappel puisque, lors de l’Euro 2012 en Ukraine et en Pologne, j’animais la tournée KIA-RMC, et nous étions passés par Bordeaux. Je pense que ça a dû rajouter à ma crédibilité. À l’époque, Kia était partenaire maillot des Girondins, et ils ont renouvelé le partenariat ce jour-là, et j’étais chargé de présenter devant la presse, ce renouvellement.
Quel est ton champ d’activité ?
D’abord, celui que l’on m’octroie. Je ne prends pas d’initiative. J’ai un conducteur à suivre, mais ensuite, sur la forme, je le dis avec ma sensibilité et en fonction du message et de la dramaturgie de celui-ci. Mon rôle est de communiquer sur le club, sur ses actions promotionnelles, sur le calendrier et les différentes informations aux supporters et aux spectateurs présents. Enfin, animer avec enthousiasme l’avant-match, les changements et bien sûr les buteurs et puis je m’autorise une annonce à l’anglaise sur le temps additionnel, c’est ma petite touche personnelle.
Il y a-t-il un événement, un match, où tu aimerais officier en tant que speaker ?
Je ne suis pas féru du terme « speaker ». Je préfère « maître de cérémonie ». Car le football comme d’autres sports de ce niveau, sont des spectacles et qu’ils faut les mettre en scène, il suffit de voir d’ouvrir les yeux et de se balader dans différents événements sportifs pour se rendre vite compte qu’il y a un cérémonial visuel, artistique et sonore. Pour revenir à ta question, c’est une finale de Coupe du Monde, avec l’Équipe de France. Ça, ou une finale de Coupe du Monde de rugby avec l’Équipe de France. Dès qu’il s’agit de la France, je suis quand même un tout petit peu chauvin… À ce propos, j’espère être de la partie pour la prochaine Coupe du Monde féminine qui se déroulera en France l’été prochain…
Avant d’officier pour Bordeaux, avais-tu un lien avec les Girondins ?
Je pense que, mon père m’emmenait au stade avant que je sache marcher ! J’ai tellement de souvenirs à Lescure et au Virage Sud, c’est là-bas que j’étais quand j’étais plus jeune. J’ai toujours aimé ce club. Je me rappelle, j’allais en colo, et dès qu’il y avait une voiture immatriculée 33, je disais « Allez Bordeaux ». Je suis certain que mes employeurs à la FFF savent tous que je suis de Bordeaux (rires).
Le Matmut Atlantique a une capacité de 42 000 places environ. Pour quelles raisons, selon toi, cette enceinte est rarement pleine, et ce, malgré des opérations comme pour le match de La Gantoise ?
Je pense que c’est un tout. Si demain, les Girondins avaient les moyens d’avoir Messi, le stade serait rempli. Je pense que si on gagnait tous nos matchs 10 à 0, le stade serait rempli. Je pense que si les Girondins affrontaient le Real Madrid toutes les semaines, le stade serait rempli. Je pense que si on allait chercher les gens en hélicoptère pour les ramener à leur place, le stade serait rempli. C’est utopique, c’est fantasmagorique, mais je pense que c’est une association de plein de choses, qui fait que le stade ne le soit pas souvent.
Force est de constater que la politique mise en place pour le club contre la Gantoise a porté ses fruits, ce qui démontre bien que le club est réactif et sait se mobiliser. Tout le monde est d’accord pour dire que l’ambiance contre La Gantoise, était géniale. Je dois faire une vingtaine de stades par an, en France et à l’étranger et, ce que nous avons vécu jeudi, cela m’a rappelé Anfield ! J’étais tellement content que, quand Jimmy Briand marque le but sur penalty, je saute dans les bras de mon responsable. Ce soir là, c’était juste génial.
Quel est ton sentiment sur la situation que traverse le club ? Entre les mauvais résultats en championnat, l’épisode Thierry Henry, la mise à pied de Gustavo Poyet…
D’abord, j’ai un devoir de réserve, faisant partie des Girondins. Je ne suis pas persuadé que mon avis soit intéressant, ou pertinent. Je pense que personne aimant le club, qui peut se réjouir de vivre ces atermoiements, que ce soit au niveau du staff, ou que ce soit au niveau des résultats. Je pense que tous les grands clubs vivent des moments difficiles. Le nôtre, c’est aussi le cas, mais je pense que l’on est qu’à la quatrième journée de Ligue 1, qu’on est qualifié pour les matchs de poules en Europa League en n’ayant pas perdu un seul sur les 6 qui furent les nôtres. Je pense qu’il faut relativiser. Je me rappelle d’Aimé Jacquet qui disait qu’il fallait faire le bilan en championnat, au bout de 10 journées. Je suis assez d’accord avec cette phrase.
Quand Benoît Costil dit que la crise, c’est surtout les journalistes qui la provoquent, c’est vrai donc ?
On serait nul dans le jeu, je serais mal à l’aise, mais là, les deux derniers matchs me rendent plutôt confiant. Quand je dis « les deux », je parle des deux derniers matchs à domicile (Monaco et La Gantoise).
On parle d’une arrivée très certaine, quasi imminente, de Ricardo sur le banc des Girondins. Comment accueillerais-tu cette nouvelle ?
Plutôt bien, je fais totalement confiance au club pour jauger celui qui est à même de reprendre le relais. Il y a un contexte particulier, on a quand même un staff qui est en place, avec Éric Bédouet, qui est de la maison, que Ricardo connaît. Ricardo connaît le club. Si je devais avoir un avis, il serait donc plutôt favorable.
Penses-tu qu’une place finale dans les 5 premiers est possible dès cette année ? Puisque c’est l’un des objectifs de GACP.
Tout dépend comment on vit l’Europa League. Je pense que notre parcours européen aura une incidence sur notre comportement en Ligue 1. Je ne connaissais pas les joueurs qui ont été recrutés par les Girondins, et il faut bien se rendre compte que ce sont des bonnes pioches. Tout est possible. Si on finit 5ème de la saison, et qu’on est en huitièmes de finales de la Coupe d’Europe, je me dis que l’on aura fait une belle saison.
Quel est ton meilleur souvenir en tant que speaker des Girondins de Bordeaux ?
J’aime tellement ce que je fais ! Mais vraiment… Si tu dois noter quelque chose, c’est ça. Vraiment. Je suis tellement passionné par ce que je fais. Que ce soit avec les équipes de France, et je dis bien LES équipes de France parce que j’ai eu la chance de faire les championnats du Monde de hockey par exemple, avec l’Équipe de France, ou le rugby, ou donc le foot, mais vraiment, dès que je suis à ce micro, j’ai un plaisir indicible. Et ce plaisir indicible, il est démultiplié quand ce sont les Girondins. Parce que c’est mon club, parce que c’est ma ville, parce que j’aime ce que je fais. Et même quand je fais le Racing en rugby, comme c’était le cas ce week-end, je le vis pleinement. Vraiment, si on doit retenir une phrase sur tout ce que tu vas présenter sur moi, c’est celle que j’aime vraiment mon métier, vraiment. Je viens toujours avec enthousiasme. Est-ce que j’ai un moment, un match particulier ? Alors bien sûr, je pourrais te dire le dernier match à Chaban, le premier au Matmut… Je pourrais te dire le match de jeudi contre La Gantoise, je pourrais te dire la dernière victoire, de Bordeaux contre Paris, 3 à 2, dans les arrêts de jeu, à Chaban… il y en a tellement ! Mais finalement, tous les matchs, je viens toujours avec le sourire au stade, et je repars en espérant avoir fait le maximum.
Et le plus mauvais ?
Je n’ai pas de mauvais souvenir, juste la déception de constater de voir, quand Bordeaux encaisse un but, des gens se lever parce qu’ils sont supporters de l’équipe adverse. Ça, ça me fait du mal.
Tu parles des matchs contre Marseille ou Paris donc…
Par exemple. Là, ça me fait du mal. Mais ça me fait vraiment du mal. Ça me blesse, ça me touche. C’est comme si tu m’enfonçais un doigt dans le foie ou dans le ventre jusqu’à ce que ça me fasse mal. Je respecte les équipes adverses et leurs supporters, mais par exemple, en Angleterre, tu ne peux pas supporter un club adverse si tu n’es pas dans la tribune prévue à cet effet. Je me rappelle d’avoir été à Anfield, avec les Girondins. Quand Henri Saivet marque le but, je me suis levé, et j’ai les stadiers qui sont venus me voir pour m’engueuler parce que je n’étais pas dans le parcage. C’était assez frustrant, mais je comprends cela, alors qu’en France….
Que peut-on souhaiter aux Girondins pour cette saison ?
Le meilleur ! Des victoires à domicile, des victoires à l’extérieur ! Des qualifications en Coupe d’Europe… Le Milan AC en huitièmes de finales, avec un 3-0 au retour… Avec Dugarry et Zizou qui rentrent et qui marquent les 2èmes et 3èmes buts. (rires)