InterviewG4E. Vincent Planté : « Bordeaux, j’ai toujours aimé ce club, j’aurais aimé avoir comme mentor Dominique Dropsy »

    (Photo by XAVIER LEOTY / AFP)

    Portier emblématique de Malherbe durant de belles saisons, six pour être précis, il est resté de nombreuses années au haut niveau, et a dégoutté de nombreux attaquants. Qui plus est, Vincent Planté a connu des partenaires prestigieux et a vécu des moments uniques de footballeur. C’est pour cela que nous avons voulu nous entretenir avec lui, afin d’évoquer toutes ses anecdotes et ses ressentis. Ceci est à déguster auprès du feu, avec un chocolat chaud (si vous habitez au-dessus de Nantes), avant d’aborder ce Caen-Bordeaux de dimanche. Installez-vous, voici notre interview complète de Vincent Planté.

    Vous étiez le gardien numéro 1 pendant plusieurs saisons à Caen, avec Benoît Costil comme doublure. Comment était votre entente, et saviez-vous déjà qu’il allait réussir une belle carrière ?

    « On avait une entente cordiale. Benoit était un jeune joueur prometteur et talentueux du club, un pur produit de la formation caennaise. On savait très bien que, s’il continuait à travailler comme il le faisait et qu’il s’adaptait au haut niveau, Benoit ferait une longue et une belle carrière. Tout ce qui lui est arrivé, il se l’est procuré. Son transfert à Rennes, il est allé se le chercher. Tout ce qu’il a pu avoir par la suite, que ce soit Rennes, les Girondins, l’Equipe de France, c’est grâce à son travail. C’est vraiment un gros bosseur. Il peut être très fier de lui ».

     

    Que regard portez-vous sur les prestations de Benoit Costil aux Girondins, depuis son départ de Rennes ?

    « Depuis son départ de Rennes, il faut avouer qu’il a eu un gros coup de moins bien dès son arrivée aux Girondins. Il arrive aussi après Cédric (Carrasso), qui était adoré du public bordelais. Il a au fil du temps réussi à trouver sa place aux Girondins, et je pense qu’aujourd’hui, cela reste un très bon choix pour lui ».

     

    https://youtu.be/62V5aA7Zd2s

     

    Quel souvenir avez-vous de ce fameux 5-0 contre les Girondins en 2017-2018 ? On ne peut pas ne pas vous parler des propos de Franck Jurietti… Brahim Thiam nous disait lors d’une interview la saison dernière que… c’était des « déclarations hasardeuses et inutiles, Jurietti il n’a jamais fait peur à personne ». C’était votre sentiment aussi ?

    « C’est vrai que les propos de Franck ont été compliqués. C’est aussi de la frustration d’avoir perdu un match comme ça, important pour eux. On ne s’attendait pas à un tel match, tout nous réussissait […] Ces déclarations, c’est en quelque sorte le jeu du chat et de la souris. Les propos à chaud, après un match, ne sont jamais bons à prendre. C’est souvent différent lorsque l’on se pose plus tard après le match. Sur le match, quand on revoit le carton rouge de Matthieu Chalmé, c’est aussi un peu complexe. Ce n’est pas tous les joueurs qui veulent mettre un rouge à Matthieu Chalmé à ce moment-là, c’est l’arbitre. Par la suite, il y a eu un enchaînement positif pour nous et négatif pour eux. Il y a eu beaucoup de tension dans ce match, surtout à la fin.  C’était un match où tout nous réussissait. C’est tombé contre eux, ça aurait pu être n’importe quelle équipe ».

     

    Et puis avec Caen, il y a un plus mauvais souvenir pour Malherbe, avec ce 0-1 (but de Yoan Gouffran qui évoluait au club la saison précédente), synonyme de titre pour Bordeaux, et de descente pour Caen…

    « Cette rencontre était à très grand enjeu. Comme mentionné, Bordeaux jouait le titre et nous on jouait pour ne pas descendre. Il fallait une victoire pour Bordeaux, il nous en fallait une aussi. Il y aurait eu un perdant quoi qu’il arrive dans ce match-là. Voire les deux équipes perdantes en cas de match nul. Pour nous, c’était une année déjà compliquée, en plus on perd ce dernier match face à une équipe qui fête son titre chez nous, grâce à un ancien caennais. Tout était très compliqué pour nous. Voilà, c’est le football après tout, il faut des gagnants, des perdants, des champions, des deuxièmes et trois équipes qui descendent. C’était bien pour les Girondins. Ils ont en quelque sorte pris leur revanche du 5-0 si je peux me permettre, en remportant un titre chez nous ».

     

    Cela a dû être d’autant plus dur que c’est Yoan Gouffran qui scelle le sort des deux équipes…

    « Yoan était un super joueur, qui nous a fait beaucoup de bien, et qui a fait beaucoup de bien aux Girondins. Je m’en rappelle, l’année de leur titre, il avait fait une jolie saison avec des buts et des passes décisives. On sait très bien qu’un joueur ne vit pas qu’avec qu’un club. A un moment donné, ça tourne. Ce jour-là, c’était le jour de Yoan, de marquer contre son ancien club, de sceller notre descente et de donner le titre aux Girondins. Yoan est un joueur talentueux, une personne qui s’est toujours démenée, il a toujours été très respectueux. Dans tous les clubs où il est allé, il a été adoré par ses partenaires et ses supporters ».

     

    Vincent Planté
    (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

     

    Vous souhaitez alors rester en Ligue 1 et l’opportunité de jouer à Saint-Étienne se présente, même si vous ne jouerez que 4 matches de Coupes…

    « C’était une année très frustrante pour moi. Je sortais de quelques belles saisons avec Malherbe. J’avais l’opportunité d’aller à Saint-Etienne, mais dans d’autres clubs aussi. J’avais donné ma parole à Saint-Etienne que j’allais venir. D’autres clubs se sont manifestés, mais j’ai dû refuser. Cela n’a pas bien fonctionné à cause de certaines raisons personnelles, que je vais garder sous le secret. J’ai essayé de rebondir à Arles-Avignon, à l’En Avant Guingamp. Je n’ai jamais réussi à retrouver le niveau qui était le mien au Stade Malherbe. J’ai de la frustration de ne pas avoir réussi à Saint-Etienne. Ce n’est pas moi inconsciemment, je ne saurais pas vraiment l’expliquer. C’est la vie. Je ne regrette en aucun cas le choix de carrière que j’ai fait. J’ai toujours assumé tous mes choix. Que ce soit au centre de formation, quand je suis parti à Cannes, puis à Caen et donc aussi Saint-Etienne. J’ai eu la chance de vivre de très belles choses au haut niveau dans ce sport qui était mon métier. Le seul regret que je peux avoir, c’est de ne pas avoir pu toucher au grand niveau. Celui de jouer les Coupes d’Europe et l’Equipe de France. Pour le reste, avec 16 ans de carrière derrière moi, je pense avoir vécu une belle carrière ».

     

    Plus globalement, quel regard avez-vous sur les Girondins de Bordeaux ?

    « J’ai toujours aimé ce club. J’ai toujours eu des connaissances, beaucoup de joueurs formés à l’AS Cannes, qui ont joué aux Girondins. J’en ai toujours entendu que du bien. Que ce soit au niveau des infrastructures, que ce soit au niveau des gens qui travaillent au club, ou encore au niveau des supporters. C’est vrai que vous n’avez pas forcément été gâtés sur ces dernières années mais vous avez la chance d’avoir un beau public. Je n’ai pas encore eu la chance d’aller au Matmut Atlantique, mais il y avait une très bonne ambiance à Chaban Delmas. J’ai toujours aimé aller dans ce stade ».

     

    Avez-vous eu déjà des contacts avec les Girondins ?

    « Non, je n’ai jamais eu de contacts avec les Girondins. Cependant, oui, j’aurais aimé connaitre les Girondins, plus de l’intérieur on va dire. De plus, il y avait Dominique Dropsy, qui était un entraîneur que j’aimais bien, que j’appréciais. J’aurais aimé l’avoir comme mentor aussi. C’est un club qui me parait sain, propre de l’intérieur ainsi que de l’extérieur. En plus, vous avez la chance d’avoir une superbe ville, car j’ai eu la chance de venir quelques fois. Mais aussi une belle région, c’est vrai que ce cadre m’aurait plu ».

     

     

    Parlons de l’actualité et donc de ce Bordeaux-Caen qui se profile. Caen a plutôt tendance à réussir ces dernières années au Matmut Atlantique… (deux victoires et un match nul en trois matchs)…

    « Cela va être un match très dur à pronostiquer. Cette saison, les Girondins sont très mal partis. Le Stade Malherbe a connu beaucoup de changements, et eux aussi sont très mal partis. Si je peux me permettre de placer un pronostic, je partirais sur un match nul, avec un léger avantage pour les Girondins […] Pour Caen, l’objectif du maintien sera jouable. L’équipe a du mal à se mettre en route. J’ai vu des images du match du week-end dernier contre Rennes (nldr : défaite à domicile face à Rennes, 0-2) et c’est assez léger sur certains points. Pour les Girondins, je pense qu’ils vont monter en puissance. Ils ont un groupe très costaud. Le jour où la mayonnaise va vraiment prendre, j’espère pour vous le plus tôt possible, ça va exploser. J’espère aussi que le club retrouvera l’Europa League, voire la Ligue des Champions, même si je vous le souhaite, ce sera très compliquée ».

     

    NB : En bonus, en grande partie adressé aux supporters normands, Vincent Planté a glissé un petit mot sur la situation du Stade Malherbe de Caen. Cela n’a bien entendu aucun rapport avec les Girondins, mais nous tenions à la mettre, car cela reste du foot. Et nous le foot, on aime ça.

     

    « Cela me fait mal au cœur de voir le Stade Malherbe galérer sur ces dernières années. C’est un club qui mérite de rester en Ligue 1 et de ne surtout pas descendre. Je ne sais pas comment sont vos relations entre supporters bordelais et caennais, mais ce sont de vrais fans aussi. J’ai encore la chance d’échanger avec certains sur les réseaux sociaux. Ce sont vraiment des passionnés, ils suivent le club depuis 15/20ans. Vous, comme eux, resteront, à l’inverse des joueurs qui ne sont que de passage. Je souhaite au Stade Malherbe de se maintenir le plus tôt possible ».

     

    Vous avez depuis quelques temps choisi de vous diriger vers une après-carrière, dans le football… Pouvez-vous nous parler de ce choix ? Quelles sont les qualités requises ?

    « Il y a quatre/cinq ans, quand je suis parti en National au Red Star, en région parisienne, le club m’a proposé d’aller entraîner les gardiens d’une association. Par la suite, j’ai enchaîné par prendre tous les gardiens du club, de l’école de foot jusqu’à l’équipe première. Cela m’a plu de transmettre tout ce que l’on a pu m’apprendre durant ma carrière et tous ce que mes anciens entraîneurs ont pu me faire découvrir aussi. J’ai passé les diplômes d’entraineur des gardiens de but l’année dernière. J’ai ensuite eu la chance d’entrainer les gardiens de Chambly, en National. De suite après ma carrière, j’ai eu la chance qu’un club me fasse confiance. Ce n’est pas toujours évident pour les clubs. Cela fait deux ans que je suis en poste à Chambly. J’ai mis en place tous les entraînements spécifiques pour les gardiens de l’école de foot jusqu’à l’équipe première. C’est un plaisir d’aller à l’entrainement, comme lorsque j’étais joueur. Mis à part qu’aujourd’hui c’est un peu différent, je tape dans le ballon au lieu de le recevoir […] Transmettre c’est une chose qui se fait naturellement. Une personne qui n’est pas patiente avec les gardiens aura toujours du mal à venir les entraîner.  Personnellement, j’ai la chance d’avoir un gardien qui a un certain niveau, avec un vécu du centre de formation, Ligue 2 et puis National depuis quelques années. Il a des acquis déjà supérieurs. Aujourd’hui, on travaille plus sur des détails que des acquis, c’est en tout cas comme ça que je travaille. Même en temps qu’entraineur, j’apprends encore, en allant dans les centres de formation, de parler avec d’autres entraîneurs. J’en apprends encore sur ce poste de gardien ».

     

    Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?

    « J’aimerais que Chambly monte en Ligue 2. C’est compliqué car ce championnat de National est très serré. Pour les Girondins, j’aimerais les revoir comme à la belle époque, en Coupe d’Europe, avec les Duga et compagnie. Je ne vais pas vous rappeler de bons souvenirs non plus (rires). Nous étions tous devant notre télé, en train de supporter les Girondins ce jour-là. C’est ce que je souhaite aux Girondin ».

     

    Nous aimerions, au nom de toute l’équipe Girondins4Ever, remercier Vincent Planté, pour sa gentillesse, sa simplicité ainsi que pour le temps qu’il nous a consacré. Un plaisir énorme à interviewer. Bonne continuation Monsieur Planté !