InterviewG4E. Jean-Daniel Padovani : « Bordeaux voulait me faire signer en tant que deuxième gardien, derrière Ulrich Ramé, mais je n’ai pas voulu »

    Passé par Cannes, Nice, Dijon, la Corse ou encore Angers (le timing est tout trouvé), Jean-Daniel Padovani a connu de nombreux clubs en France et a engrangé une excellente expérience au poste de gardien de but. Avant d’affronter le SCO, nous avons décidé de l’interroger sur qui touche Bordeaux, le match face à Angers, mais aussi sa carrière de footballeur en passant par les anciens bordelais qu’il a connus. Même un girondin actuel, on n’en dit pas plus, rendez-vous en fin d’article. Pour l’heure, voici notre entrevue très agréable avec cet ancien portier.

     Pour commencer, donnez nous d’un point de vue extérieur, l’image que vous avez de Girondins de Bordeaux ? 

    « J’ai 38 ans, je suis né en 1980, et vu que je suis marseillais, j’ai toujours eu cette image de la rivalité entre Marseille et Bordeaux. J’ai l’image d’un grand club, avec un beau passé, avec notamment l’épopée en Coupe d’Europe. Je n’ai joué contre Bordeaux qu’à une seule reprise, avec Angers en 2009, en match amical. Il y avait Laurent Blanc encore, nous avions fait 2-2. C’était un match de reprise au moins de janvier ».

     

    Auriez-vous pu signer dans notre club ?

    « En 1997, j’ai commencé à jouer à Martigues en Ligue 2 à 17ans. C’était Christian Delachet entraîneur des goals à l’époque à Martigues, qui a joué à Bordeaux. L’année d’après, il est retourné travailler pour Bordeaux, dans la cellule de recrutement peut-être. Il était venu me rechercher, c’était Gernot Rohr le coach à cette époque-là, moi j’étais en Equipe de France Espoirs. Bordeaux voulait me faire signer en tant que deuxième gardien, derrière Ulrich Ramé, mais je n’ai pas voulu et j’ai préféré rester à Martigues pour jouer une saison entière et parce que je suis d’ici. Mais j’aurais pu signer à Bordeaux, ils étaient venus me voir par le biais de Monsieur Delachet, que je connaissais bien ».

     

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    Jean Daniel PADOVANI – 21.09.2007 – Angers / Montpellier – 8eme journee de Ligue 2, (Photo : Thomas Bregardis /Icon Sport via Getty Images)

     

    Que pensez-vous des rachats de clubs français par des investisseurs étrangers ?

    « La finalité, c’est d’avoir des résultats et de gagner. Quand on entend rachat par des américains, il faut savoir ce que cela engendre et si pas mal de sous vont être mis dans le club, ou si c’est juste pour être là et s’implanter. Tout dépend de l’état d’esprit, des projets, des envies, moi je ne suis pas contre. Si cela peut faire évoluer le club et le championnat ainsi que faire venir des grands joueurs, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Il ne faut pas qu’ils viennent faire une franchise. Avec un club comme Bordeaux, je ne vois pas trop l’intérêt. S’ils viennent et qu’ils s’investissent à fond, cela peut être intéressant ».

     

    Vous faites une excellente saison au SCO d’Angers, qui vous vaut le titre de meilleur gardien de Ligue 2. Que cela représente pour un gardien de but ?

    « On ne peut pas dire que le poste de gardien est à part et ne pas être fier de recevoir ce genre de récompense. C’est un travail d’une année. Par rapport au trophée d’UNFP, car j’étais aussi nommé dans les quatre meilleurs gardiens de l’année, c’est différent. Le trophée France Football, ce sont les journalistes qui votent, on ne sait jamais comment le prendre, c’est un œil d’une personne sur un match peut-être. Cela dépend vraiment du journaliste. C’est beau, c’est un beau trophée, on ne peut pas le dénigrer. Mais j’étais d’autant plus fier, même si je ne l’ai as gagné, d’être dans les quatre de l’UNFP, car ce sont les joueurs et les coachs qui votent. D’un œil de sportif et de joueurs, c’est encore plus représentatif que lorsque ce sont les journalistes qui votent ».

     

    La saison d’après, on vous préfère Kevin Olimpa, un garçon que l’on connaît bien ici. Quelle était votre relation avec lui ?

    « Aucune relation. J’en ai parlé il n’y a pas longtemps avec une personne d’Angers, qui m’a confié et qui m’a confirmé, qu’ils s’étaient trompés en faisant venir quelqu’un comme lui au club. Il ne représentait pas du tout la mentalité du club et ce que l’on avait créé avec Angers. Même si ce n’est pas moi qui ait fait Angers, on était parti de National, on était monté et quelque chose de beau. Il est arrivé là avec une mentalité qui n’était pas celle du club. En tant que gardien, lorsqu’il me prend ma place, je l’avais mal pris mais ce n’était pas par rapport à lui. Avec le recul, je le comprends, je n’avais pas fait ce qu’il fallait pour être performant. C’est un bon gardien au niveau des qualités de footballeur. Au niveau mentalité, c’est complètement l’opposé de moi. Je suis quelqu’un avec beaucoup d’humilité, de simplicité, proche des gens et avec beaucoup de respect. C’est tout le contraire de lui. Cela s’est très mal passé là-bas, avec les supporters. Le coach avait fait un choix. Il a fait de bons matchs, d’autres moins bons. J’avais joué les six premiers, il a ensuite joué une quinzaine de matches et après le coach m’avait repris sur les dix derniers matches car il n’était pas content. Mais il avait surtout fait une interview chez France Football un jour, en disant qu’il était venu à Angers par défaut, qu’il coupait les chaussettes au-dessus du logo du SCO car il ne se sentait pas angevin. Plein de choses bizarres qui nous avaient choqués. Vu que j’étais en concurrence avec lui, c’était un peu plus compliqué. Aucun rapport donc, on a dû se parler une fois ou deux. Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je suis quelqu’un de très humble et très proche, qui discute. On ne fait que du foot, on ne se prend pas la tête, on ne se prend pas au sérieux. C’est comme ça ».

     

    Kévin Olimpa

     

    Autre ancien bordelais que vous avez côtoyé, il s’agit de Julien Faubert à l’AS Cannes…

    « On était à Cannes ensemble oui. On a fait une première saison ensemble de 2003 à 2004. Il était souvent blessé, il venait de se faire opérer des quadriceps. Il avait une musculature particulière, et en National, il n’avait peut-être pas le bon suivi. Il était ensuite parti. C’était un très bon joueur, avec une formation à la cannoise. On s’est ensuite perdu de vue mais il a fait une belle carrière après. Il avait la qualité pour et il a fait ce qu’il fallait. Je trouvais que c’était un très bon joueur, très puissant. Quand on est à Cannes et formé là-bas, c’est toujours une ville spéciale. Mais il a été très bon et je pense qu’il est parti au bon moment pour faire la carrière qu’il a fait. Il est souriant, apprécié, bosseur. On n’a rien sans rien de toute façon, il n’aurait pas eu ce qu’il a connu sans bosser. On parle du Real, c’est peut-être un coup de chance car c’est très haut, mais il a eu le mérite d’y aller et ils l’ont repéré grâce à son travail. C’est tout à son honneur ».

     

     En 2015, vous entraînez les gardiens de buts au CA Bastia en plus d’être le troisième gardien de l’équipe. Que cela représente pour vous ? Quelles qualités faut-il avoir pour effectuer ce travail ?

    « En 2015-2016, j’arrive à Bastia, je revenais de la Réunion depuis 2 ans. J’avais fais complètement autre chose. J’avais ouvert un centre de bien-être à la Réunion, et j’avais arrêté de jouer. Mais le foot me manquait, je suis revenu, et j’ai eu l’opportunité de venir à Bastia en tant que troisième gardien. Simplement pour dire troisième gardien car en Corse c’est compliqué. J’ai resigné pro après trois ans, et j’étais coach des gardiens après. Je ne me suis pas entraîné de la saison, j’étais troisième gardien mais je m’occupais seulement des deux gardiens. L’année d’après, j’ai été deuxième gardien et entraineur des goals, c’était différent. J’étais à l’entrainement tous les jours, j’entrainais les gardiens, j’ai fait une dizaine de matches de National, un parcours en Coupe, c’était particulier. Entraîner et jouer c’est assez délicat. Pas que c’est compliqué à faire, mais c’est délicat par rapport aux autres joueurs pour garder une certaine distance. C’est assez compliqué ».

     

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     Depuis juillet dernier, vous êtes revenu ici, à Martigues. La boucle est bouclée comme vous dites. Cela a du sens pour vous ?

    « J’avais déjà prévu depuis le mois de février de revenir, c’était dans les plans. Je jouais en National 3 l’année dernière et je passais encore mon diplôme d’entraineur donc j’étais encore là-dedans. Revenir ici, c’est une belle fin. Je repars d’une carrière où j’avais complètement arrêté de jouer. Même si je suis coach des goals, c’est la première année où j’ai carrément arrêté de jouer. Je redémarre une nouvelle carrière ici à Martigues, où tout a commencé pour moi. A coté de ça, je suis aussi avec la sélection des Comores, j’ai aussi supervisé des détections de U15, je travaille aussi pour la Ligue de la Méditerranée. Il y a plein de choses qui commencent et qui se mettent en place. Pour l’instant cela se passe bien donc le choix est bon. C’est un peu plus complexe au niveau des résultats mais il y a plein de choses qui rentrent en compte. On travaille, moi je m’occupe de tous les gardiens du club, du plus petit au plus grand ».

     

    En tant qu’ancien gardien, vous pouvez plus facilement analyser les performances d’autres gardiens. Que pensez-vous de la carrière de Benoit Costil ?

    « Il a fait la carrière qu’il a faite. Je pense que son passage à Rennes a été bénéfique, mais sur la durée. Il a eu pas mal de choses à changer depuis le début, je trouve. Je ne me vois pas changer des choses sur un gardien de son âge, par exemple sur ses plongeons. A Rennes, il a eu un petit moment de flottement par rapport à ça. Je suivais les entrainements et on lui a demandé certaines choses qu’il n’avait pas l’habitude de faire. Je pense qu’il était un petit peu « perdu ». Il a fait le bon choix de partir au bon moment. C’est un gardien dont j’aime beaucoup le style. On se connait bien, on a souvent joué contre, et je l’ai de temps en temps par messages. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup dans sa mentalité, dans son style, c’est quelqu’un de bien et de simple. J’aime bien ce style de gardien. Je sais qu’il est capitaine maintenant. Il fait ce qu’il faut aussi par rapport à son CV aussi. Mais c’est comme tout, il y a des moments de trous, des mauvaises passes. C’est quelqu’un de simple et humble, qui bosse pour à chaque fois revenir au meilleur de lui-même. Quand il y a eu un gardien avant lui qui est resté des années, ce n’est pas évident. Costil, ce n’est pas n’importe qui, ni n’importe quoi, il a fait l’Equipe de France. S’il est dans la durée, il peut faire aussi bien voire mieux que ce qu’a fait Carrasso. Les gens parlent beaucoup, c’est toujours un peu compliqué aussi ».

     

    Benoit Costil

     

    En parlent d’Angers, c’est donc le futur adversaire des Girondins. Comment voyez-vous l’issue de cette rencontre ? Les forces et les faiblesses en présence ?

    « Sur ce match, j’espère qu’Angers va gagner, je suis désolé pour vous (rires). J’ai passé mes plus beaux moments dans ce club, donc voilà. Si un jour je pouvais y retourner, ce serait magique. J’ai toujours des gens qui me suivent là-bas et tout. C’est vraiment le club que j’aime. J’espère qu’ils vont s’en sortir et qu’ils vont relever la tête après tout ce qu’il y a eu. Les deux équipes sont un peu dans le flou, un match complexe qu’il faudra bien gérer pour les deux équipes pour bien repartir sur la saison. Sinon, cela promet des moments un peu plus complexes ».

     

    Avez-vous évolué avec d’anciens ou actuels joueurs bordelais ?

    « J’ai joué avec Younousse Sankharé à Dijon. L’année où nous sommes montés en Ligue 1, en 2010-2011, il était avec nous et il venait de Paris. On s’est toujours super bien entendu. Je pense qu’à partir de cette année-là, il a commencé à être un leader, à s’exprimer et à faire ce qu’il fallait. J’ai joué avec lui, on s’entend très bien. Je me rappelle, que le jour de la montée, on est d’ailleurs monté avec Dijon sur le stade d’Angers, l’histoire était sympa. Au coup de sifflet, il était venu me voir en me disant que la montée était grâce à moi. J’avais trouvé ça sympa. Je n’ai pas gardé de contacts mais je sais que si on se croise, ce sera sympa. C’est quelqu’un de bien ».

     

    Merci à Jean-Daniel Padovani pour sa gentillesse durant l’interview et pour le temps qu’il nous a consacré.