InterviewG4E. Rio Mavuba : “Il y a une ligne directrice qui s’appuie sur les jeunes et forcément il va falloir des joueurs plus expérimentés pour les entourer”

    Avant la rencontre entre le Lille OSC et les Girondins de Bordeaux, nous nous sommes entretenus avec Rio Mavuba, qui a porté les deux maillots. Du match de dimanche, à l’actualité du club au scapulaire, en passant par Paulo Sousa, Mexer, Nicolas De Préville ou Younousse Sankharé, tous les thèmes ont été évoqués. Bonne lecture, merci Rio.

    Les Girondins affrontent dimanche Lille, qui est dans une dynamique très positive. Comment vois-tu cette rencontre face à Bordeaux, qui est actuellement 14ème au classement ?

    Quand tu vois les forces en présence sur le terrain, c’est un match qui peut être très compliqué pour les Girondins ! Parce que Lille a cet objectif, qui est quasiment atteint, d’avoir sa place pour la Ligue des Champions (qualifié directement, ndlr) et qu’ils peuvent l’atteindre en gagnant demain. Et pour Bordeaux, il y a moins d’enjeu donc au niveau de la motivation, ça peut être compliqué pour les bordelais. Après on l’a vu, ils sont capables de faire des choses, mais ça va être un match compliqué pour Bordeaux.

     

    Justement, on dit souvent que Bordeaux, c’est une équipe qui manque d’envie, de détermination, notamment contre les équipes plus « faibles » et parfois elle arrive à répondre présent contre les équipes du haut de classement. Comme l’expliques-tu ?

    C’est un vrai problème mental, parce quand on voit ce qu’ils sont capables de faire à domicile, que ce soit contre Paris ou Marseille, ça prouve qu’ils savent faire de belles choses. Et parfois, c’est plus compliqué. Ils sont inconstants… Donc dans cette logique, ils sont capables de faire un score à Lille. Mais si je me mets dans la tête des deux équipes, je me dis quand même que côté Lillois, il y a la possibilité de terminer le boulot et de finir deuxième, notamment à la maison, en pouvant le communier avec ton public, je pense qu’ils vont tout faire pour gagner le match.

     

    chateau haillan centre entrainement

     

    Dans ton livre, tu as expliqué que tu en avais marre que les journalistes décrivent les Girondins comme le Club Med… 

    C’est vrai qu’il y a cette image qui traîne un peu à Bordeaux, avec le château au Haillan… On va dire que ça a l’image d’une ville paisible, tranquille. En plus de cela, plus ça avance, plus on voit le nombre de supporters qui baisse au stade, l’ambiance… J’y suis allé pour commenter des matches d’Europa League, il n’y avait quasiment personne au stade… On a l’impression qu’il y a moins d’intérêt. Donc c’est que parfois, ça peut se comprendre. Mais je me dis qu’au contraire, les entraîneurs, ils ont le loisir de pouvoir s’entraîner sans avoir une grosse pression du public, ce qui peut leur permettre de travailler plus tranquillement.

     

    Du coup, avec les derniers mouvements qu’il y a eu dans le club, et notamment l’arrivée du fonds d’investissement américain, tu penses que ça peut donner une nouvelle dynamique ?

    Oui, je pense ! On a l’impression qu’ils ont un nouveau projet. De ce que j’ai pu voir, ils veulent s’appuyer aussi beaucoup sur le centre de formation. Donc pour moi, il y a une ligne directrice qui s’appuie donc sur les jeunes et forcément il va falloir des joueurs plus expérimentés pour les entourer. Il faut laisser du temps. A mon avis, il n’y a pas de solution miracle, ils ne vont pas dire aux supporters que, parce qu’il y a un nouvel investisseur, du jour au lendemain, ça va marcher. Il faut travailler sur du long terme. Enfin, j’espère plutôt sur du moyen terme, qui paiera plus vite.

     

    Quel est ton avis sur Paulo Sousa ? On voit qu’il est en train de mettre en place un nouveau système de jeu, qu’il s’appuie justement sur les jeunes. Et même si les résultats ne sont pas là, il a quand même le soutien des supporters et des joueurs…

    C’est un entraîneur qui a de l’expérience, du caractère. Et il a une philosophie aussi. Et c’est bien pour les joueurs du centre de sentir que l’entraîneur n’hésite pas à les lancer, donc ça c’est déjà une bonne chose. Après, aujourd’hui, il était un peu obligé de le faire, car il est arrivé, il n’a pas pu anticiper pour apprendre à connaître la ville, le club, connaître les joueurs aussi. Donc il tente des choses. Je pense qu’on verra plus les résultats sur la fin de saison prochaine, car il aura déjà eu une main sur le recrutement. Mais même si aujourd’hui il n’a pas forcément les résultats, il met les idées en place et il faut lui donner du temps.

     

    Mexer
    Rennes’ Mozambican defender Mexer celebrates after scoring a goalduring the French Cup final football match between Rennes (SRFC) and Paris Saint-Germain (PSG), on April 27, 2019 at the Stade de France in Saint-Denis, outside Paris. (Photo by Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

     

    En terme de recrutement, le club vient de faire signer le défenseur central rennais Mexer. Toi qui a commenté les matches d’Europa League où tu as pu le voir jouer, tu peux nous en dire un peu plus sur ce joueur ?

    C’est vraiment un bon défenseur. Il est costaud. Il a un bon jeu de tête, avec un bon timing et il a de l’expérience aussi. Honnêtement, je pense que ça peut être un bon apport pour les Girondins. A chaque fois, en Europa League, il s’était montré plutôt bon, donc c’est un bon choix.

     

    Dans l’effectif des Girondins, on a deux anciens Lillois que tu connais bien. D’abord, Nicolas De Préville, qui revit un peu, ces dernières semaines, après des débuts compliqués depuis son arrivée, en Gironde. Toi qui l’a bien connu, que regard portes-tu sur ses deux saisons à Bordeaux ?

    Ça a été deux premières saisons compliquées, même si, en ce moment, il est mieux. Mais ça a été compliqué pour lui, parce que Nicolas, comme beaucoup de joueurs, il a besoin d’être en confiance, de sentir qu’on compte sur lui. C’est vrai que ça l’a été au départ quand il est arrivé, après un petit peu moins. Ensuite, il a un jeu qui dépend beaucoup des autres et il a besoin aussi de soutien. Là, ça va beaucoup mieux puisqu’il est à un poste qui lui correspond plus. C’est un très bon mec, donc je suis content qu’il soit revenu.

     

    Et concernant Younousse Sankharé, qui n’avait pas réalisé une brillante saison à l’époque à Lille. A son arrivée à Bordeaux, cela a été beaucoup mieux, mais ces derniers mois, il a disparu de la circulation…

    C’est vrai qu’on ne sait pas trop ce qui se passe parce que tout se passait plutôt bien à son arrivée. Il s’était bien adapté aux Girondins et c’est vrai que depuis un moment, il est moins bien. Après, je ne sais pas exactement ce qui se passe, si c’est physiquement, ou mentalement… C’est vrai que c’est surprenant car il peut encore beaucoup apporter aux Girondins. Mais on respecte le choix de l’entraîneur. C’est dur, franchement, de parler de cette situation parce que je n’ai pas vraiment d’informations sur son cas.

     

    Ce match demain, en tant qu’ancien Lillois et Bordelais, ça doit avoir une saveur particulière non ?

    C’est mon petit Classico (rires) ! Franchement, moi, je suis toujours pour l’équipe qui a quelque chose à jouer. Si c’est une équipe qui a besoin de se maintenir et qui a besoin de points, je suis pour elle. De même, si c’est pour jouer l’Europe ou le titre… Donc, même si je pense que pour les Lillois c’est quasiment fait…

     

    Tu n’es pas contre un exploit bordelais quand même ?

    Non, non (rires) ! Que le meilleur gagne ! Pour eux c’est quasiment fait, pour Bordeaux, il n’y a plus rien à jouer, donc on veut du spectacle.

     

    Rio Mavuba

     

    A Bordeaux, tu es un joueur très apprécié par l’ensemble des supporters, malgré le fait que tu ne sois pas resté longtemps en tant que professionnel à Bordeaux. Tu figures notamment sur « le mur des légendes » de la Boutique rue Sainte-Catherine… Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

    Je ressens beaucoup de fierté. C’est un honneur. Je pense que c’est aussi parce que je suis bordelais, que je jouais aux Girondins depuis l’âge de 8 ans. C’est peut-être tout ça qui compte pour les supporters. En tout cas, ça me fait énormément plaisir. C’est le club qui m’a formé, c’est le club de mon cœur… C’est vraiment touchant de pouvoir avoir cette reconnaissance-là.

     

    On sort du thème des Girondins pour parler plus de l’actualité. Toi qui a joué avec Divock Origi, qui a été un joueur phare de la demi-finale retour de Liverpool face à Barcelone, tu as pu avoir un retour de sa part ?

    On s’était vu le weekend juste avant. J’étais allé commenter Newcastle-Liverpool où il était rentré en fin de match et où il a été décisif. Et, comme j’étais allé aussi voir le match contre Everton, où il marque le but de la victoire à la dernière seconde, il m’a dit « à chaque fois que tu viens, je marque ! ». Et je lui ai répondu « Par contre, je ne serais pas là pour le match contre Barcelone, donc il va falloir que tu te débrouilles sans moi ! ». Et ça a plutôt bien marché pour lui !

     

    Un grand merci à Rio pour le temps accordé.

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