Pourquoi une telle sécurité (en partie privée) a encadré les Ultramarines lors de Bordeaux-Strasbourg ?

    Photo Nico La Plume

    C’est une question à laquelle nous n’avons aucune réponse. Les supporters du Virage Sud ont été replacés dans une même tribune, des suites de la fermeture du VS à titre conservatoire. Si la bataille pour qu’ils soient tous replacés dans une même tribune a duré quelques jours, elle a finalement abouti à 2000 places (blocs 10, 11, 12, 13) alors que le VS compte normalement 2950 abonnés selon les chiffres officiels. Il est donc bien entendu impossible, physiquement et mathématiquement, de replacer la totalité des abonnés ensemble. Mais passons ce détail arithmétique, et pensons plutôt à la chaleur créée par ces supporters, qui se sont collés-serrés.

    A leur arrivée au stade, les Ultramarines n’étaient pas au bout de leurs surprises. Ils étaient attendus par des visages non familiers : 80 agents de sécurité, d’une société privée, dépêchés vraisemblablement de Paris (Gest’n Sport Sécurité). Décidément, que ce soit dans l’organigramme du club ou ailleurs, beaucoup de personnes issues de la région parisienne, sont salariées du ‘nouveau’ FCGB’… David Lafarge, le responsable sécurité historique du club étant en arrêt maladie, le ‘travail’ avait été confié à ses collègues face à Nîmes. Il semblerait que, comme craint par les Ultramarines, Frédéric Longuépée souhaite couper avec les vieilles habitudes, mais surtout un ‘travail commun’ qui fonctionne bien avec les stadiers habituels. « Le personnel avec qui nous travaillons habituellement a été mis de côté » confiait le groupe de supporters une heure avant la rencontre face à Strasbourg. C’est alors qu’entre intimidation et flottement, l’accès à la tribune de substitution semblait bloqué dans un premier temps, pour finalement être ouvert aux supporters.

     

    securite
    Photo @Nininho_33

     

    Alors que la mairie réclamait l’apaisement entre les Ultramarines et la direction bordelaise, comment a été perçu ce renfort à coup à gros bras dépêchés de la capitale ? Mal, évidemment. Si ces hommes en orange, habitués à la sécurité des stades et principalement du Stade de France connaissent certainement leur métier, la démarche de les faire venir, pour une rencontre dite « calme » face à Strasbourg, est vécue comme une nouvelle provocation. « Nous n’avons pas cédé aux provocations tout en se faisant respecter. Nous étions indivisibles, derrière notre équipe » a souligné le principal groupe de supporters des Girondins de Bordeaux.

    Disproportionné, vous dîtes ? Le témoignage de Nicolas Morin, journaliste pour France 3 Nouvelle Aquitaine, est sans équivoque. « Stadiers, police avec flash ball, il ne manque que le GIGN… C’est pas un peu too much ? ». Pour des supporters qui n’ont montré strictement aucune violence, évidemment oui. D’autant que ce qui a conduit à la fermeture à titre conservatoire du Virage Sud, rappelons-le, est la volonté de Frédéric Longuépée d’interdire les banderoles non seulement à son égard, celui d’Antony Thiodet, de King Street, mais également les calicots des supporters. Evidemment, il y eut cette interruption de match pendant 25 minutes. Mais comme les supporters bordelais le soulignent, il s’agissait d’une volonté d’interdire une liberté d’expression, chose parfaitement illégale en France à partir du moment où elle respecte la base de tout, à savoir qu’elle ne soit pas insultante, homophobe, menaçante… Il est aussi bon de rappeler qu’il n’y a jamais eu lors de cet événement un envahissement de la pelouse puisque les supporters n’ont pas franchi le synthétique qui entoure le rectangle vert, qu’il n’y a pas eu un seul accrochage et donc aucune violence.

     

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    Photo Nicolas Morin

     

    « La stratégie de la tension et de la provocation n’a jamais bénéficié aux dirigeants de club qui ont joué cette carte » assure Pierre, avocat et suiveur du monde des tribunes. D’autant qu’au final, toutes les banderoles et calicots sont rentrés sans encombre. La principale contenait d’ailleurs un message clair, sans aucune véhémence : « Nous ne serons jamais des spectateurs, nous sommes des supporters ». Les Ultramarines et plusieurs supporters, sur les réseaux sociaux, ont constaté un climat d’intimidation, de provocation, rendant en fait un ressenti totalement à l’opposé d’un renfort de sécurité. Contre-productif ? Surement aussi. Il est à noter que cette nouvelle force de sécurité n’a pu éviter l’intrusion de fumigènes, puisque plusieurs ont été craqués au début de cette rencontre. Alors, pourquoi autant de renforts, venus de l’extérieur ? Une guerre d’ego ? Un besoin de montrer que les supporters doivent être cadenassés ou sous surveillance ? Une volonté de faire croire au monde du football que les Ultramarines sont tellement violents que cela nécessite de gros renforts ? Un test envers les Ultramarines que l’on essayerait de pousser à la faute ? Encore une fois, il s’agit soit de la méconnaissance du monde des tribunes – puisque toutes ces provocations vont en fait renforcer le Virage Sud et le solidifier – ou simplement un besoin de tirer la paille la plus longue, pour montrer que l’on existe.

    On n’oublie pas de mentionner qu’en ces temps d’austérité, où le club serait en train de subir sa plus grosse perte financière en coulisses, ce déploiement de 80 stadiers extérieurs et venant d’une contrée loin de 900 kilomètres, n’a certainement pas été offerte à titre gracieux.

    Bordeaux-Strasbourg, c’était aussi le match de Noël. Quelle fête.

    Ultramarines