InterviewG4E. Julien Chaput : “Bordeaux est un club historique de notre championnat, un vrai beau club, même si en ce moment c’est compliqué”

    Avant cette rencontre entre les Girondins de Bordeaux et l’OGC Nice (à 17 heures dimanche en exclusivité sur beIN Sports 1) Julien Chaput, journaliste et commentateur de la chaîne, a répondu à nos questions. Julien, s’il est bien supporter de Châteauroux et non pas du club au scapulaire, est attaché à notre club, du moins il lui accorde une certaine sympathie de par ses belles années passées. Ainsi, nous l’avons interrogé sur l’actualité du club, lui qui a toujours un avis plutôt tranché sur celui-ci. Une chose est certaine, Julien Chaptut ne demande qu’à ce que le FCGB redevienne un club du haut de tableau, pour ainsi marcher sur les traces des grandes équipes qui l’ont représenté par le passé. Interview. 

     

    Il y a quelques semaines, vous avez publié sur Twitter une photo de vous jeune avec un tee-shirt Cap Girondins. C’était à l’occasion de quel événement et surtout est-ce que vous aviez une attache particulière avec les Girondins de Bordeaux ?

    Non, pas du tout. Je jouais beaucoup au foot à cette époque-là, je jouais à Guéret dans la Creuse et j’allais partir à Châteauroux pour y jouer en sport-étude. J’avais fait le stage Cap Girondins pendant l’été.

     

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    Julien Chaput, aux côtés de Christophe Dugarry à Cap Girondins

     

    Vous posiez à côté de Christophe Dugarry, et aujourd’hui vous faites tous les deux le même métier, est-ce qu’à l’époque de cette photo, c’est quelque chose que vous auriez imaginé ?

    Pas du tout. En tout cas, c’était un super souvenir, un super moment, j’étais un peu supporter des Girondins de Bordeaux à cette époque-là, un peu comme tout le monde. Il y avait une génération assez intéressante, cette équipe était assez belle. Forcément, c’était top comme expérience parce qu’on avait pu s’entraîner avec eux toute la journée. C’était un super souvenir.

     

    Quelle image aviez-vous à cette époque des Girondins de Bordeaux ?

    C’était un club historique, mythique. Il y a eu beaucoup de titres et beaucoup de bons joueurs sont passés par Bordeaux. D’ailleurs, c’est toujours un club complètement respectable. C’est un club historique de notre championnat, c’est un vrai beau club même si en ce moment, c’est compliqué. C’est un club que j’aime beaucoup.

     

    On vous a souvent entendu dire que cela vous faisait mal de voir les Girondins de Bordeaux comme ça depuis quelques années. Regrettez-vous la baisse de régime de ce club historique de la Ligue 1 ?

    Très clairement oui. Comme on vient de dire, c’est un club qui a bercé un peu mon enfance et le voir dans cet état-là aujourd’hui, forcément, c’est triste. On espère qu’il va revenir sur le devant de la scène. On espère honnêtement, parce que c’est compliqué de voir ce qui va se passer, ce qu’ils veulent faire vraiment. Il n’y a pas beaucoup de visibilité sur leurs projets, donc je ne sais pas… à voir ! J’espère vraiment que ça va repartir.

     

    Justement, aujourd’hui, nous, en tant que supporters, nous avons du mal à voir un projet clair et un projet qui démarre enfin…

    Exactement, c’est ça. Il y a eu beaucoup d’effets d’annonce, qui ont été pas mal, avec en tête de gondole Laurent Koscielny évidemment. Ce qui est surprenant c’est que cette équipe, elle n’arrive pas à avoir de régularité dans ses performances. Et il y a toujours cette brouille avec les supporters. Ils n’arrivent pas à repartir de l’avant, et à lancer ce projet-là. Après, le fond de l’histoire de la brouille avec les supporters et le Président, je ne le connais pas précisément, mais ce qui est dommage c’est que les joueurs n’aient pas le soutien des supporters. C’est ce que je vois quand je vais au Matmut, à chaque fois, cela m’a toujours dérangé que les joueurs ne soient pas encouragés comme cela devrait être le cas.

     

    A l’époque de la vente du club, nous étions tous d’accord pour que M6 le vende. Mais est-ce que, selon vous, ils ont vraiment vendu au meilleur candidat ?

    C’est compliqué parce qu’il faudrait vraiment être dans les dossiers pour savoir. Après, c’est un fonds de pension américain qui a racheté, on n’a pas beaucoup plus d’infos là-dessus. Ils devaient mettre beaucoup d’argent et on se rend compte qu’ils n’en mettent peut-être pas autant qu’il faudrait. On a toujours du mal avec les fonds de pension à savoir ce qu’ils veulent vraiment faire, s’ils viennent pour faire de l’argent. On sait que ce n’est pas forcément le cas. On le voit même à Marseille avec McCourt, si vous voulez gagner de l’argent, ce n’est pas avec un club de foot qu’on en fait. C’est plus une vitrine pour autre chose que pour gagner de l’argent. Les clubs de foot, à part évidemment les clubs comme Manchester United, on sait que ce n’est pas là qu’on va faire de l’argent.

     

    Vous en parliez tout à l’heure, la tension qui existe entre les supporters et la direction du club, basée sur plusieurs faits. Comprenez-vous cette distance qui s’est créée entre les deux parties, voire même la volonté de beaucoup de supporters de voir partir King Street, désormais actionnaire unique du club ?

    Si les supporters ne s’identifient pas à la politique du nouveau propriétaire, je peux tout à fait comprendre qu’il y ait des tensions, des conflits. Là-dessus, je n’ai aucun problème. Ce qui me pose le plus de souci, c’est qu’une fois que les supporters sont au stade, il faut soutenir son équipe. Il fait faire la part des choses entre la direction et l’équipe qui est sur le terrain. Quand on va au stade, on soutient l’équipe. Après, si on veut manifester contre la direction, on va au siège du club. Il y a plein d’autres moyens en fait. A la limite, qu’ils le manifestent au stade, pendant 10 minutes ou un quart d’heure, à la limite, mais il faut faire la différence entre les deux. L’équipe, elle a besoin d’être soutenue, quoi qu’il arrive. Quand on va au stade c’est pour soutenir son équipe, sinon ça n’a plus de sens.

     

    Plusieurs médias ont également révélé des tensions entre Paulo Sousa d’un côté, Frédéric Longuépée et Eduardo Macia de l’autre. Pensez-vous que l’histoire entre Bordeaux et Paulo Sousa puisse se terminer à l’issue de la saison ?

    Tout est possible. L’année en cours est compliquée et bien évidemment Paulo Sousa va se poser des questions. Après, on n’est pas dans les discussions mais certainement que Paulo Sousa n’a pas été satisfait du recrutement qui a été fait, je pense qu’il s’attendait à avoir plus de moyens pour ce projet quand il a démarré. J’imagine très clairement que Paulo Sousa doit se poser des questions.

     

    Bordeaux a tout pour être un club stable : une histoire, des infrastructures, un cadre de vie… Mais on a l’impression qu’il s’agit d’un éternel recommencement, avec une instabilité permanente. Ça ne prend jamais…

    Oui, ce qui est certain, c’est que ce club a tout. C’est un évidence. Il y a l’histoire, des infrastructures qui sont magnifiques, que ce soit au centre d’entraînement ou même avec ce nouveau stade, le Matmut Atlantique. Il y a vraiment tout pour réussir. L’endroit aussi est bon puisque c’est une ville de foot, c’est un club historique. Il y a tout, oui. Après, est-ce que le choix de la vente a été le bon, je ne sais pas. On se posait les questions avec M6 avant aussi de savoir ce qu’ils voulaient faire avec le club. Le titre de champion de France a un peu tout caché. Mais il y a eu pas mal de questions aussi à ce moment-là. C’est compliqué. Après, les ventes de clubs sont toujours difficiles, il faut trouver le bon investisseur, le bon futur nouveau propriétaire… Bordeaux ronronne depuis un moment, c’est triste.

     

    Au niveau sportif, Paulo Sousa a essayé d’inculquer, depuis la saison dernière, un schéma tactique compliqué à exécuter, avec des changements de postes en phase offensive ou défensive. Au final, il est revenu vers un système traditionnel depuis le début d’année. Quelle en est la raison selon vous ? Il n’a pas les joueurs pour faire ce qu’il veut ?

    Alors, moi je ne suis pas coach, et j’ai mes convictions. Je pense sincèrement qu’on en fait beaucoup sur les schémas tactiques et pour moi au final, le meilleur schéma tactique est le fameux 4-4-2. Alors c’est un schéma de base, très simple mais c’est à mon sens celui qui permet de mieux quadriller le terrain. Et il est également le plus simple à appliquer. Les défenses à 3, à 5, demandent beaucoup d’automatismes, de réflexion dans le jeu, une vraie intelligence de jeu et c’est compliqué. Quand ça ne tourne pas bien, je pense effectivement que revenir aux bases est une des meilleures choses à faire.

     

    Quel est votre point de vue sur l’effectif bordelais ? On a l’impression qu’il y a de la qualité, des internationaux, des joueurs à potentiel, mais on a plus souvent été dans le ventre mou qu’autre chose…

    C’est bien le problème ! Je pense que c’est au milieu de terrain que ça manque de talent et de qualité. Derrière, ça tient plutôt bien la route. Dans les buts, Benoit Costil est très bon. Devant, c’est pas mal du tout avec Nicolas De Préville et Hwang Ui-Jo. Je pense que c’est au milieu qu’il y a un manque pour faire la liaison entre la défense et l’attaque, pour aller de l’avant. Ça manque vraiment de talent au milieu de terrain.

     

    Y a-t-il des joueurs qui vous plaisent particulièrement dans cet effectif ?

    J’aime beaucoup Nicolas De Préville. J’aime beaucoup sa dépense d’énergie, son jeu. C’est un joueur que j’apprécie beaucoup. J’aime aussi le latéral Loris Benito. Hwang Ui-Jo, j’aime bien ses déplacements, je trouve qu’il a une intelligence et qu’il y a de vrais déplacements d’attaquant. Il n’est pas maladroit devant le but et il a une bonne frappe de balle.

     

    Et y-a-t-il des joueurs que vous ne trouvez pas au niveau ?

    Il y en a un dont j’attends beaucoup plus c’est Toma Bašić. Je pense qu’il a d’énormes qualités mais qu’il est un peu lent. C’est un joueur dont je suis persuadé qu’il peut faire beaucoup mieux donc j’en attends plus de lui, pour qu’il apporte plus à cette équipe. J’aimerais qu’il soit plus le maître à jouer, qu’il soit dépositaire du jeu bordelais, parce qu’il a la qualité technique pour. Après, il faut qu’il touche un peu moins le ballon, qu’il aille un peu plus vite. C’est un jeune joueur.

     

    Bordeaux et Nice s’affrontent ce week-end. Ce sont des équipes qui se ressemblent assez : les clubs rachetés, avec deux entraîneurs prônant le jeu mais n’y arrivant pas forcément, dans le ventre mou, dans une saison de transition, mais toujours en course pour l’Europe… Vous êtes d’accord avec ça ?

    Très clairement oui. Ce sont deux clubs qui ont été rachetés effectivement, avec deux entraîneurs qui prônent le beau jeu, c’est vrai. Ce sont deux équipes qui ont un manque de régularité dans les performances et les résultats. Par contre, je dirais que c’est moins grave du côté de Nice car ils ont un effectif jeune. C’est un projet qui démarre et eux, au moins pour le coup, ont des propriétaires qui ont été assez clairs. Ils sont arrivés en fin de mercato, l’été dernier, ils n’ont pas eu le temps de faire ce qu’ils voulaient. Ils ont dit qu’ils faisaient l’impasse sur le mercato hivernal et qu’ils mettraient le paquet l’été prochain. Donc on va voir ce qu’ils vont faire à ce moment-là et ils ont été clairs là-dessus. L’équipe est assez jeune, le staff est vraiment en train de les faire progresser. Donc ce n’est pas incohérent que ça se passe comme ça cette saison. Du côté de Bordeaux, l’effectif est quand même plus âgé, il y a plus d’expérience. Ça devrait mieux tourner que Nice.

     

    Comment voyez-vous cette rencontre ?

    C’est un petit peu la rencontre de la dernière chance pour les deux équipes. Ils sont 10ème et 12ème au classement et il y a moyen en cas de victoire de recoller un peu au Top 5 et espérer une qualification européenne en fin de saison. Il est extrêmement important ce match.

     

    Un pronostic ?

    C’est toujours compliqué… je dirais 1-1 ! Comme ça, je ne me mouille pas (rires).

     

    Merci à Julien pour ce moment.

    Rendez-vous ce dimanche sur beIN Sports 1 à 17 heures, pour Bordeaux-Nice.

    Match commenté par Brahim Thiam et Eric Barrère, avec en bord terrain Margot Dumont. 

    Julien Chaput