InterviewG4E. Karim Djourdem : « On est sur la durée, on est sur un projet sportif et non sur un statut »
Loïc Bessilé est le dernier joueur à avoir signé professionnel aux Girondins de Bordeaux, pour une durée de deux saisons. Ce défenseur, qui a fait toutes ses classes à Toulouse et qui s’entraîna même à de nombreuses reprises avec les professionnels, a fait le choix la saison dernière de rejoindre l’autre club de la Garonne, persuadé que ses perspectives seraient meilleures. Pari gagné, puisqu’il vient de signer il y a quelques heures son premier contrat professionnel, au terme d’une saison avec la réserve où il fut assurément le meilleur joueur de l’équipe, et le plus régulier. Afin de mieux le connaitre encore, nous avons questionné son représentant, Karim Djourdem. Interview.
« La signature de Loïc Bessilé aux Girondins a tardé, alors qu’il avait une proposition de contrat depuis quelques semaines. Pourquoi cela ?
Ça a mis du temps car il avait un contrat amateur qui était homologué jusqu’au 6 juillet, il fallait attendre cette date pour qu’il puisse signer en contrat pro. C’est un contrat de deux ans, sans option.
On a souvent parlé des intérêts de Leipzig et Dortmund, et même d’une volonté de le mettre à l’essai. Quels étaient vraiment les intérêts de ces clubs, voire d’autres ?
Il y avait de l’intérêt pour lui, notamment de clubs français. Il y a même Saint-Etienne qui est venu lui proposer un contrat pro. Loïc est un joueur qui est suivi. Il a fait 16 sélections en Equipe de France, chez les jeunes. C’est un garçon depuis l’âge de 16 ans et demi qui s’entraînait avec les pros à Toulouse. Ensuite, il est venu à Bordeaux en contrat amateur. Il ne s’entraînait pas avec les pros, donc on ne comprenait pas. Il était capitaine, jouait 90 minutes. Je ne comprenais pas pourquoi le capitaine de la réserve, qui est censé être un cadre, qui est déjà, à part le contrat, joueur professionnel depuis l’âge de 16 ans et demi, ne jouait pas. Parce qu’il était avec des joueurs comme Ben Yedder, Gradel… Il sait se fondre dans un groupe, il se couche tôt et fait attention à son hygiène de vie et à ce qu’il mange. C’est un garçon très carré. Il faut apprendre à le connaître Loïc, c’est un gros travailleur. Je ne comprenais pas pourquoi il ne s’entraînait pas, ni faisait de l’opposition. Il en a fait 1 ou 2 avec Bordeaux avec les pros, mais il ne montait pas particulièrement. Je ne comprenais pas. J’ai laissé faire mais je connais mon métier. Si au mois de décembre, on ne vient pas aux nouvelles, surtout quand tu as un contrat amateur et qu’à partir de janvier, il pouvait s’engager avec qui il veut pour la saison prochaine… A ce moment-là, j’ai eu le club, mais ça ne bougeait pas. Loïc a une formation française qui est reconnue à l’étranger. Leipzig est venu, puis j’ai ramené le Borussia Dortmund. Ils sont venus superviser deux fois Loïc en match, à Bordeaux. Ensuite, ils m’ont envoyé une convocation pour un essai. Dans un premier temps, pour qu’il apprenne la langue et le système de jeu de Dortmund, il y avait un contrat professionnel qui était prévu, dans un premier temps pour les U23, et ensuite basculer. Comme lui il a joué avec Axel Zagadou en Equipe de France de jeunes, ils se connaissent… Et à Dortmund, ils sont bouillants les défenseurs centraux, donc voilà…
Et qu’est-ce qui a fait pencher la balance pour Bordeaux finalement ?
En fait, par la suite, il y a Sochaux qui a montré également un intérêt. Orléans aussi, qui le voulait absolument, que ce soit en pro ou en prêt. Il entrait dans le projet. Ce qui s’est passé c’est que par la suite il y a eu le confinement, on n’a pas pu partir. Et à partir de là, vous imaginez si vous avez un jeune amateur qui signe au Borussia Dortmund dans un club qui joue la Ligue des Champions, les gens vont se demander ce qu’il se passe à Bordeaux. Ils vont se demander pourquoi ils avaient un jeune sous les yeux qu’ils ont mis capitaine, titulaire indiscutable, 90 minutes, le joueur le plus utilisé, qui est passé par l’équipe de France Jeunes… Dortmund voit son potentiel et pas Bordeaux ? Ensuite, Bordeaux est venu avec un contrat d’un an + deux ans avec option mais ce contrat n’était pas valable car Loïc n’était pas stagiaire à Bordeaux, il avait un contrat amateur. On est parti sur un contrat de deux ans.
Bordeaux est réputé pour faire éclore des jeunes en professionnels, mais c’est nettement moins le cas depuis un an et demi. Est-ce que ça ne vous a pas fait peur à vous et Loïc ? Qu’est-ce que le club vous a dit à son sujet, même si on ne peut évidemment rien promettre ?
Je pense que Bordeaux est un club qui a une histoire, c’est un grand club d’Europe, Bordeaux, ça restera Bordeaux. Avec tout le respect que j’ai pour les autres clubs professionnels, Bordeaux, il y a Zidane qui y est passé, Dugarry, Valbuena, Mavuba, Trémoulinas… Des joueurs qui ont été champions de France, qui ont connu l’équipe de France A. C’est difficile de refuser un contrat pro de la part des Girondins de Bordeaux. Après, le club, il a été racheté, il est en restructuration. Cette année, ils ont produit du jeu, ils jouent au ballon. Bordeaux c’est un projet d’avenir, on s’inscrit dans la durée. Si vous remarquez la carrière de Loïc, il a fait toute sa carrière à Toulouse depuis débutant. Donc là, le fait qu’il ait fait un an en amateur, puis enchaîner deux ans en pro, c’est comme s’il avait signé 3 ans à Bordeaux. Donc on est plus sur la durée, on est sur un projet sportif et non sur un statut.
Maintenant, vous avez donc espoir qu’il intègre l’équipe première, après cette première saison qui a été une réussite à Bordeaux ?
C’est ce que j’espère de tout cœur. Vous savez quand un joueur fait de bons entraînements et que derrière, il est 9 fois meilleur joueur de l’équipe sur 10 rencontres, à un moment donné, il n’a plus rien à faire en National 3. Limite, il s’entraîne avec les professionnels pour la progression et il descend les weekends avec la réserve, avec une équipe compétitive. Jusqu’à ce qu’on l’appelle pour la Coupe de France, des matchs de préparation ou des matchs amicaux pendant les trêves internationales. Là, on voit ce qu’il vaut, on le lance dans le grand bain. S’il est bon, on le garde et ça sera la doublure de tel joueur. S’il n’est pas bon, comme il a signé 2 ans, on le prête, mais en Ligue 2 ou en National. On envoie dans l’année un scout pour aller le superviser. Si le joueur est bon, on s’inscrit dans la durée et on repart. S’il n’est pas bon, on le libère de son contrat et on fait une option d’achat, ou un prêt.
On parle beaucoup de l’arrivée de Jean-Louis Gasset aux Girondins de Bordeaux, réputé pour la formation, et faisant jouer les jeunes. Ce serait une aubaine pour Loïc ?
L’arrivée de Jean-Louis Gasset, ça serait magnifique. C’est un homme qui a déjà connu les Girondins de Bordeaux avec Laurent Blanc, en tant qu’adjoint. Il est allé chercher des défenseurs centraux comme Souleymane Diawara. Ils ont gagné des titres et derrière il a connu l’Equipe de France. On connaît Jean-Louis Gasset, c’est un grand monsieur et un très grand coach. Même le travail qu’il a fourni à Saint-Etienne, il est remarquable. On ne peut qu’admirer l’homme.
La saison dernière, Loïc a joué à de nombreuses reprises latéral, alors qu’il s’agit plus d’un défenseur central. Est-ce que cette polyvalence peut lui servir en professionnel ?
Bien sûr que cette polyvalence peut lui servir. Loïc est costaud, dur sur l’homme et il a une très bonne relance. Sachant qu’il est gaucher, il est capable de changer de jeu à tout moment car il a une grosse frappe. Le fait de pouvoir être polyvalent en tant que défenseur central gauche ou latéral gauche, même s’il est remplaçant sur un match, il peut pallier un des deux joueurs qui sera blessé ou prendra un jaune. Loïc, pendant sa formation à Toulouse, a joué en 3-5-2. Ça veut dire qu’à Toulouse, il a été formé à jouer à 3 défenseurs. Donc sa polyvalence et son système tactique peuvent lui permettre d’être un atout pour les Girondins ».
Merci Karim, et tous nos voeux de bonheur pour la suite Loïc, toi qui restes sur une excellente saison avec la réserve, et qui aspire à mieux maintenant !