[J10] Dans la tête de Jean-Louis Gasset… avant Bordeaux-Montpellier
Jean-Louis Gasset doit bouger les lignes
Les mots sont toujours les mêmes, les joueurs vivent bien ensemble, certains sont dans un confort, pas assez de leaders, peu de discussions et encore moins de conflits sur le terrain quand il faudrait se ressaisir. Le constat est implacable. On ne parle pas de talent mais de l’état d’esprit d’un joueur professionnel. L’entraineur ne peut pas juste pardonner, il doit sanctionner, écarter que ce soit pour un match ou plusieurs afin que les joueurs se battent pour reprendre leur place. Trop de joueurs enchainent des performances médiocres, voire catastrophiques, sans jamais être écartés du groupe et même du 11.
Après la rencontre face à Lens, on a parlé de match sans. Contre Marseille, on a parlé d’une équipe tétanisée et contre Monaco d’une équipe sans âme. On a été trompé également par ces nombreux clean-sheets qui ont été possibles grâce à de nombreux poteaux (Lyon et Nice notamment) ou de maladresses devant notre but.
Malgré tout, certains choix comme le retour notamment de Pablo (prématuré ?) ont semblé fragilisé et gangréné l’ensemble.
Identifier les récidivistes
Toutes les semaines, nous prenons du temps avant et après les matches pour décortiquer la tactique, les performances individuelles, les interactions entre les joueurs afin de trouver la meilleure formule possible. Dans la difficulté actuelle de notre club, des noms reviennent avec insistance semaines après semaines, des positionnements ou schémas donnent souvent des performances insipides matchs après matchs, et le sentiment que tous les joueurs ne sont pas sur un même pied d’égalité en fonction de leur prestation.
Regardons ligne par ligne, les problèmes récurrents depuis le début de la saison.
Défense :
En souffrance
Youssouf Sabaly, des problèmes de technique, de placements et dans les centres. On ne peut pas reprocher au joueur de courir, de proposer des solutions, de tenter d’apporter le surnombre offensivement sur son côté mais pour quel(s) résultat(s) ? Les centres sont souvent trop courts ou trop longs, défensivement depuis plusieurs semaines de nombreux espaces dans son côté sont apparents, de nombreux buts viennent de la droite. Et pourtant, Jean-Louis Gasset lui accorde sa confiance semaine après semaine. Enock Kwateng, qui a toujours répondu présent par sa solidité, à défaut d’apporter offensivement, ronge son frein depuis de nombreuses semaines et ne doit pas comprendre qu’une concurrence saine ne se mette en place. De plus, le caractère du joueur plaide pour lui dans un moment où il va falloir aller au charbon ! Ismaël Sow qui peut jouer à droite comme à gauche et dont on vante depuis presque 2 ans le coffre, la qualité offensive et défensive et qui est apparu plusieurs fois dans le groupe de Paulo Sousa, ne mérite t-il pas d’être testé sur un couloir ?
Pablo, une place et une condition physique qui interrogent. Tous les supporters savent que sur l’homme, c’est un défenseur rugueux et expérimenté. Mais depuis le 3-5-2 de Paulo Sousa, la faiblesse du pied gauche du brésilien est apparue au grand jour. De même dans une défense centrale où l’homme de base, jouant à droite, est Laurent Koscielny, on a pu se rendre compte que la souffrance de Pablo à gauche continue de nous coûter de nombreux points. Sur le deuxième but monégasque, bien entendu la première erreur vient de Yacine Adli, mais la facilité de l’attaquant monégasque à contourner Pablo par la gauche interroge. Autre incompréhension par rapport au brésilien, Jean-Louis Gasset nous explique que l’on doit être indulgent et patient avec le joueur suite à sa longue blessure. Mais dans ce cas, si on parle de méforme, doit-on le faire jouer ? A la fin des années 90 et au début des années 2000, les joueurs reprenaient le rythme ou passer par la case réserve en cas de mauvaises performances pendant une ou plusieurs semaines avant de reprendre une place dans l’effectif (bien entendu cela est impossible actuellement mais était complétement envisageable lors du retour du joueur en septembre). Désormais, les joueurs professionnels écartés passent le week-end à la maison plutôt que de garder le rythme des matches même en National.
Paul Baysse, a montré que son niveau de jeu à droite ou à gauche de la défense était similaire. On peut d’ailleurs se demander pourquoi Pablo ne joue t-il pas à droite lorsque Laurent Koscielny est absent ? Là encore l’option jeune avec Loïc Bessilé, capitaine de la réserve et véritable gaucher, encensé notamment par Yannick Stopyra, nouvel international, et considéré largement au-dessus du niveau N3, peut constituer une alternative crédible surtout que Pablo est en fin de contrat en juin prochain. De plus, l’ancien toulousain, comme Ismaël Sow, a la particularité de pouvoir jouer à deux postes : défenseur central ou arrière gauche.
Parce que même si on ne peut pas mettre Loris Benito exactement dans la rubrique des défenseurs en souffrance par rapport aux prestations de ses deux coéquipiers ci-dessus, on ne peut pas parler de performances exceptionnelles du suisse et de la concurrence avec ces deux jeunes lui permettrait de se remettre en question.
Si j’étais Jean-Louis Gasset, j’écarterai pour ce match Pablo, Youssouf Sabaly et j’intégrerai les jeunes Ismaël Sow et Loïc Bessilé.
Milieu de terrain
Toma Basic, la tête à l’envers. Il était la grande satisfaction du début de championnat, il pensait quitter le club avant la fin du mercato et depuis plus rien. Plus d’impact, une qualité de passe et de frappe moyenne, il disparait dès que Bordeaux est en souffrance. Sa première sélection la semaine prochaine peut entrainer un manque d’implication ce week-end, de peur de se blesser. On a vu un comportement similaire sur la fin du mercato. De plus, un passage sur le banc le remettra peut-être sur le bon chemin.
Nicolas de Préville et Hwang Ui-Jo. Les deux joueurs vivent un début de saison similaire. Souvent titulaires et rarement décisifs, ils n’apportent plus grand-chose depuis plusieurs semaines. Pour le coréen, la question du positionnement semble en partie répondre à ces contre-performances. Il est plus utile devant avec un autre attaquant pour sa qualité de profondeur ou de la tête. Par contre et comme pour Josh Maja, il semble souffrir quand il est esseulé. Pour le français, le départ de Paulo Sousa l’a freiné dans sa bonne dynamique. Il a dans ses périodes de doutes tendance à trop en faire, à perdre une forme de simplicité dans son jeu. Pour ces deux joueurs, une mise à l’écart juste avant la trêve et la confirmation de l’intégration des deux jeunes, Dilane Bakwa et Amadou Traoré, qui ont proposé des entrées rafraîchissantes, avec culot et insouciance. De plus, nous sommes dans un secteur bien fourni qui permet également cette mise à l’écart même temporaire.
Otávio et Yacine Adli, deux cas à part… Otávio est dans le dur depuis 3 semaines. Malheureusement, nous n’avons que lui comme numéro 6. Nous pouvons peut-être nous en passer comme contre Dijon lorsque l’adversité est moindre mais contre des équipes plus compétitives, ce type de joueur est indispensable notamment dans l’impact et la récupération du ballon. Par contre, il y a beaucoup à dire sur sa relation actuelle avec Toma Basic. C’est peut-être le temps d’essayer une autre formule avec Yacine Adli ou Mehdi Zerkane.
Yacine Adli, un contrat de jeu à durée déterminé. Beaucoup penseront et peut-être à juste titre qu’il doit sortir du 11, peut-être même sortir du groupe après sa prestation indigne d’un joueur de Ligue 1 et surtout indigne de ses propres qualités. Car tout le monde voit le formidable potentiel. Sa rentrée contre Nîmes, son match contre Dijon, quelques prestations de haut vol l’année dernière en font un joueur à part. On n’oublie pas l’inconstance d’un certain Zinédine Zidane lors de ses débuts à Bordeaux et loin de comparer l’incomparable, il ne faut pas oublier son âge et tenter qu’il apprenne, qu’il comprenne. Le remettre tout de suite sur la pelouse et lui dire qu’il y restera s’il apprend à être constant, autrement il subira le même sort qu’Otávio et Nicolas De Préville contre Dijon. Attention, ses prochains matchs seront scrutés et sa progression dépend maintenant de sa volonté, son travail, son abnégation. Autrement il continuera seulement à rêver des grandes soirées européennes. Le résultat ne dépend que de lui.
Rémi Oudin est un peu mieux depuis quelques journées sans être un titulaire indiscutable aux yeux du coach. Le grand gagnant de ce chaos pourrait être Mehdi Zerkane, par sa technique, son positionnement et son entente avec Hatem Ben Arfa, il a le potentiel pour être une des bouffées d’oxygène dans ce marasme bordelais.
En attaque :
Le positionnement d’Hatem Ben Arfa, le retour prochain de Samuel Kalu et apprendre à jouer pour Josh Maja. Le nombre famélique de buts de notre attaque et plus particulièrement de nos attaquants, s’explique bien entendu par leurs maladresses, mais pas seulement. Si on regarde des joueurs comme Josh Maja, Jimmy Briand ou Hwang Ui-Jo, ils ont souvent évolué, brillé et marqué dans des schémas à deux attaquants. Les trois souffrent (peut-être un peu moins Jimmy Briand, plus à l’aise dos au but) dans une position isolée au sein de l’attaque. Quand on connait les qualités de buteur de Josh Maja (un but tous les 103 minutes à 20 ans), il faut peut-être repenser son équipe pour jouer pour lui. Jean-Louis Gasset, adepte avec Laurent Blanc d’un 4-4-2 (4-5-1 sur certains grands matches de Ligue des Champions) lors de son premier passage, sait pertinemment qu’un Fernando Cavenaghi ne pouvait jouer seul en pointe. Dans un dispositif à 2 attaquants, nous aurions une multiplicité de combinaisons, Un Hatem Ben Arfa (9 et demi) – Maja, un Hwang Ui-Jo (intéressant à ce poste lors de sa rentrée à Marseille) ou Jimmy Briand – Maja et enfin un Samuel Kalu – Maja (4 buts à deux depuis le début de saison) avec Hatem Ben Arfa en soutien.
Même si Samuel Kalu sera trop juste pour ce match, il faut préparer son retour. Par son volume de jeu, sa vitesse et sa capacité à être décisif devant le but, il est le pendant idéal à Josh Maja (et parfois Jimmy Briand) apportant également la profondeur pour Mehdi Zerkane, Hatem Ben Arfa ou Yacine Adli.
Adhérer par le jeu
On en arrive à l’essentiel, comment faire pour donner l’envie ? Cela passe premièrement une prise de conscience des joueurs en sortant définitivement de la facilité et du confort. Ensuite, cela ne peut passer que par le jeu, on a bien vu la cohésion d’équipe en début de championnat, l’envie de défendre ensemble mais pour durer et faire adhérer ce groupe, il doit s’éclater sur le terrain. La plupart des milieux et attaquants bordelais sont naturellement portés vers l’avant mais avec une composition d’équipe et souvent une tactique défensive (un seul attaquant, des principes un peu stéréotypés avec deux milieux excentrés qui percutent, sans réel résultat). La variété ne peut venir que d’un mélange de techniciens (Hatem Ben Arfa, Mehdi Zerkane, Yacine Adli) au service des courses vers l’avant (et pas à 40m du but) de Josh Maja, Samuel Kalu, Hwang Ui-Jo. Gommer ainsi nos difficultés à être décisif sur les ailes (en défense et au milieu) tout en cherchant à trouver des solutions (par la jeunesse ?)
Deux schémas proposés ce soir (celui contre Montpellier qui ne prendra pas en compte le groupe choisi par notre coach car l’article a été écrit avant) et une composition assez proche (avec le retour de Samuel Kalu pour les prochaines semaines par rapport à ce qu’on voit depuis 10 journées.
Ne pas hésiter à nous donner votre avis et nous attendons votre 11 pour Montpellier et pour les semaines après la trêve.