InterviewG4E. Loïc Perrin : “Quand on parle de Bordeaux, on parle d’un vrai club de foot”

    (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)

    Loïc Perrin, ancien défenseur central et capitaine mythique de l’AS Saint-Etienne, le seul club professionnel qu’il a connu dans sa carrière, a raccroché les crampons à la fin de la saison 2019-2020. Il aura disputé pas moins de 470 matches et inscrit 30 buts avec le club du Forez. Il aura fait preuve tout au long de sa carrière d’une grande fidélité envers les Verts ! C’est une chose qu’on ne retrouve plus ou très peu dans le football actuel. Au cours de sa carrière, il a tout connu, de la sélection internationale en jeune avec les U16 jusqu’aux espoirs avec la victoire au Festival international espoirs de Toulon. Il a même été jusqu’à frapper à la porte de la sélection de l’équipe de France A. Il a remporté le titre de champion de France de Ligue 2 en 2004 ainsi que celui de la coupe de la Ligue en 2013. Il a également connu des moments plus compliqués avec des blessures comme en 2006 où il est victime d’une rupture des ligaments croisés qui l’a tenu éloigné des terrains pendant 9 mois. Une blessure qu’il aura également connue en août 2011 en coupe de la Ligue face aux Girondins de Bordeaux, club qu’il a rencontré à de nombreuses reprises au cours de sa longue carrière. Entre la nostalgie de ses rencontres passées contre les Girondins mais également son avis tranché de consultant sur la situation actuelle du club au scapulaire, l’ancien défenseur des Verts se livre sans concessions. Interview (réalisée il y a quelques jours, juste avant la dernière journée du FCGB face à Reims). 

     

    Que représente pour vous le club des Girondins de Bordeaux ? Quels souvenirs marquants de leur histoire gardez-vous en tête ?

    Il y a le titre, sous l’ère Laurent Blanc, avec Gourcuff, Chamakh, ce sont mes souvenirs de Bordeaux. En même temps, les titres, ce sont les souvenirs qui marquent. En 2009, ça remonte un peu (rires). Je m’en souviens parce que Bordeaux avait une très belle équipe. Et c’est vrai que la relation entre Stéphanois et Bordelais est quand même spéciale dans le foot actuel. C’est ce que l’on aime voir, je trouve qu’il n’y en a pas assez des relations comme ça. C’est une relation plutôt amicale, ça a toujours été sympa de rencontrer les bordelais, parce qu’il y a toujours eu une bonne ambiance dans les tribunes.

     

    Cette ambiance, vous la ressentiez vraiment en tant que supporter stéphanois ? Il y avait une saveur particulière de jouer contre ou à Bordeaux, pour vous ?

    Moi, pas spécialement en tant que joueur stéphanois, mais en tant que stéphanois tout court. Je le savais. Je ne sais pas si tous les joueurs s’en rendaient compte mais j’ai grandi en étant stéphanois forcément et je me suis rendu compte assez tôt que les relations entre les supporters bordelais et stéphanois étaient très amicales. Je trouve ça sympa car ça correspond à ma façon de voir le sport en général, pas seulement le foot. Ce sont des moments de partage et que le meilleur gagne. C’est bien de voir ça dans le sport aujourd’hui.

     

    Le club a connu plusieurs crises depuis quelques temps, notamment depuis le rachat du club par un fonds d’investissement américain. Il y a eu un énorme turnover, sur le banc notamment, mais aussi dans l’organigramme du club. Est-ce que malgré cette crise qui dure, les Girondins restent toujours un grand club de France aujourd’hui ?

    De par le passé et un titre qui date d’une dizaine d’années, mais qui n’est pas si loin que ça non plus, Bordeaux, c’est un vrai club de Ligue 1. Je ne me souviens pas la dernière fois que Bordeaux est descendu en Ligue 2, mais ça date. Donc quand on parle de Bordeaux, on parle d’un vrai club de foot. C’est un club qui a souvent des ambitions mais qui ne va peut-être pas au bout de ses ambitions justement. En plus, il y a de plus en plus de concurrence, ce qui fait que c’est compliqué de se faire une place dans ce championnat de France. Quand on voit l’effectif des Girondins de Bordeaux, aujourd’hui qui doit jouer au moins la première moitié du classement, ce qui veut dire entre 6ème et 10ème… Il y a des clubs qui dominent comme Paris, Lyon, Marseille, Lille, Monaco, qui ont des budgets bien supérieurs aux autres. Et ensuite, il y a pas mal de club qui jouent les places d’après dont Bordeaux doit faire partie. Sauf qu’il y a de la concurrence, on parle de Rennes, de Montpellier, Saint-Etienne aussi même si ce sont des années de transition. Il y a de plus en plus de concurrence dans ce championnat de France, mais pour moi, Bordeaux doit jouer la première moitié, le premier tiers de ce championnat.

     

    Avec les crises qu’ont connues les Girondins de Bordeaux, il y a eu également de fortes tensions avec les supporters. Lors de votre carrière, vous avez toujours connu une relation forte avec les supporters. Comprenez-vous qu’aujourd’hui un club puisse se couper de ses supporters comme c’est le cas à Bordeaux ?

    Ca complique les choses. Moi, j’ai connu des moments compliqués avec les supporters, notamment quand les résultats vont moins bien. Là, ça va au-delà des résultats parce que c’est lié à la politique du club. Je n’ai pas connu ça à Saint-Etienne, car depuis que j’ai attaqué en pro, ça a toujours été le même président. On a réussi à garder cette identité à Saint-Etienne, ce qui me paraît important, donc j’arrive à comprendre les bordelais. Mais aujourd’hui, il y a beaucoup de clubs qui passent sous pavillon étranger car il faut aussi des investisseurs pour faire vivre un club. Je pense qu’il faut arriver à trouver des compromis. Bordeaux, je connais un peu moins mais je pense que le club, il faut qu’il garde son identité et ses valeurs. Par exemple, aujourd’hui c’est ce qui fait l’importance de Saint-Etienne et sa spécificité. Je pense qu’à Bordeaux, c’est pareil. Sans prendre en compte le contexte du moment, ce qui n’arrange pas les choses, il y a de plus en plus d’investisseurs étrangers, mais cela n’empêche pas de garder les valeurs du club. Il y a des gens du club en place, des anciens joueurs, qui connaissent bien le club… Il y a des compromis à trouver.

     

    C’est justement ce qui a été reproché aux propriétaires américains, c’est qu’ils n’ont pas pris en compte la culture française et la spécificité de Bordeaux. Depuis, il y a des remaniements, avec des retours d’anciens, comme Alain Roche, Jaroslav Plasil dans le staff ou Rio Mavuba avec la réserve. C’est important d’après vous de vous appuyer sur les anciens pour restructurer le club ?

    Je pense que c’est la base. On ne peut pas faire qu’avec les anciens joueurs, tout d’abord parce qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. Il faut des anciens joueurs, mais des gens qui sont compétents. Il faut trouver encore une fois des compromis. Pour moi, c’est très important d’avoir des gens qui connaissent le club, ses valeurs, les relations avec les supporters. C’est pour ça que je disais que quand il y a des investisseurs qui arrivent, ils ne peuvent pas arriver du jour au lendemain et tout changer. C’est impossible ! Et au contraire, ils doivent s’appuyer sur des gens en place qui connaissent l’histoire du club.

     

    Vous avez commencé votre carrière en Ligue 1 en 2003-2004, sous les commandes d’Elie Baup, qui a été champion de France avec Bordeaux en 1999. Quels souvenirs gardez-vous de ce coach ?

    Même si j’ai commencé avec Antonetti en Ligue 2 en 2002-2003, c’est lui qui me lance dans le groupe pro. Même si j’ai joué peu de matchs, il m’a donné ma chance et c’est lui qui m’a permis de  m’entraîner au quotidien avec les pros. Par contre, c’est vraiment Elie Baup qui a commencé à me faire jouer. Forcément, j’en garde un bon souvenir, même s’il n’est pas resté longtemps au club. En même temps, quand j’ai commencé, on parlait de Bordeaux avec son instabilité, mais j’ai connu exactement la même chose avec Saint-Etienne. En moyenne, tous les 18 mois, on changeait d’entraîneur. J’ai des bons souvenirs d’Elie Baup, ces causeries spéciales, sa façon d’être. Je l’ai recroisé avec plaisir des années après. C’est vrai que c’est lui qui m’a donné ma chance, qui m’a un peu bougé aussi. C’était une bonne expérience.

     

    Vous avez évoqué avoir vécu le même turn-over d’entraîneur qu’il y a eu à Bordeaux. On a émis l’hypothèse que certains joueurs de Bordeaux avaient notamment perdu confiance en eux suite à tous ces changements. Vous qui l’avez vécu, quel impact cela peut avoir sur le mental des joueurs ?

    Je trouve que ce qui peut être compliqué c’est que forcément, à chaque fois qu’on change d’entraîneur, il y a une nouvelle stratégie qui arrive, une nouvelle tactique. Il faut s’adapter à chaque fois à un entraîneur, il n’y a pas forcément de continuité dans le travail. C’est ce qui peut être un peu préjudiciable. Mon expérience à ce sujet, c’est que 2003 à 2009, pendant 6 ans, j’ai eu Antonetti, Baup, Hašek, Roussey, Perrin, Galtier… ça a été 6 entraîneurs avec qui on a pu faire au moins une saison correcte avec Laurent Roussey où on se qualifie pour la coupe de l’UEFA. Mais, il n’y avait pas de stabilité, les saisons étaient en dents de scie et dès qu’il y a eu un peu de stabilité, notamment avec Christophe Galtier, alors qu’il était là pour faire l’intérim au départ… Il n’était pas là pour durer mais au final, c’est ce qui a fonctionné. Et pour répondre à la question, ce qui peut être compliqué, c’est la continuité du travail, ce qui joue sur les résultats. Il faut toujours laisser un peu de temps à l’entraîneur d’avoir ses résultats mais en général, dans le foot, on n’en a pas trop de temps. Pour qu’un entraîneur puisse mettre en place ce qu’il veut mettre, il faut au moins deux ans. Il faut donc toujours se réadapter quand un entraîneur arrive. Les consignes peuvent être complètement différentes de ce qu’on a pu connaître. C’est un peu la difficulté, mais je sais que Bordeaux, là, a choisi quelqu’un de très bien parce que je l’ai eu comme entraîneur et je sais de quoi il est capable. Quand Jean-Louis est arrivé à Saint-Etienne, on n’était un peu au fond du trou. La grande qualité de Jean-Louis, c’est de tirer le meilleur de ses joueurs et de leur redonner confiance, par l’entraînement, par le plaisir. Je crois aussi en Bordeaux cette année.

     

    Justement, Jean-Louis Gasset est revenu à Bordeaux en début de saison. C’est un coach que vous connaissez très bien et d’après tout le monde, il semble être la personne la plus appropriée pour relever le défi de redonner confiance au groupe bordelais et aux supporters également. Que pensez-vous de ce début de saison à Bordeaux ?

    C’est un début de saison un peu en dents de scie. Il y a eu du bon, du moins bon, ça manque un peu de régularité pour le moment. Après, comme de nombreuses équipes, à part les équipes qui sont en tête de championnat, il y a pas mal de surprises. On peut parler de Montpellier qui faisait un super début de saison, qui perd contre Metz chez eux. Après, je ne peux pas cacher ma joie mais Saint-Etienne qui va gagner à Bordeaux… Mais ce qui est bien c’est la réaction de Bordeaux qui va s’imposer 3 jours après à l’extérieur. C’est un championnat un peu bizarre aussi, on a l’impression qu’il y a pas mal d’équipes qui peuvent s’imposer contre d’autres équipes. Pour le moment, Bordeaux manque de régularité mais ça s’explique aussi parce que Jean-Louis est arrivé au dernier moment, il n’a pas eu le temps de préparer le premier match, c’était un peu à l’arrache. Ca a mis du temps à se mettre en place et il n’y a pas eu beaucoup de mouvements, mis à part l’arrivée de Ben Arfa. Mais je reste persuadé que Bordeaux a un bel effectif malgré le peu de recrues qu’ils ont fait pour l’instant.

     

    Jean-Louis Gasset a été beaucoup critiqué lors de son départ de Sainté. Que pensez-vous de ces critiques justement, et étaient-elles justifiées ?

    Quand il est arrivé, et qu’on est passé de la 17ème à pas loin de la qualification en Europa League… On était relégable à la trêve et il n’y a pas grand monde qui me craignait je pense (rires). C’est toujours facile après coup de dire certaines choses mais je ne pense pas qu’il ait mis la pression à qui que ce soit. A un moment donné, tout le monde était d’accord pour faire les recrues qu’il a demandées ! Si elles ont été faites, c’est que tout le monde était d’accord ! Moi, c’est ce que je constate, c’est tout. Si ça n’avait pas été possible, le club ne l’aurait pas fait. Encore une fois, malheureusement, personne ne pouvait prévoir ce qu’il allait arriver avec le coronavirus, les droits TV… Personne ne pouvait le prévoir, c’est malheureux mais pas que pour Saint-Etienne, c’est pour tout le monde.

     

    Vous connaissez bien aussi Ghislain Printant, qui a aujourd’hui le rôle de Jean-Louis Gasset dans la vie de groupe, lorsque Jean-Louis Gasset était l’adjoint de Laurent Blanc. Que pouvez-vous nous dire sur lui, et avez-vous une anecdote à nous raconter ?

    C’est que quand je parle de Jean-Louis, je pense aussi à son staff et je mets Ghislain dedans parce que sont deux personnes qui sont amis dans la vie et ont la même façon de voir les choses. Jean-Louis n’aurait pas été ce qu’il était s’il n’avait pas eu Ghislain, je pense. Ghislain, c’est celui qui anime les séances. Ce sont deux personnes qui ont de l’expérience, même si Jean-Louis en a plus que Ghislain, mais ils en ont vu et fait des choses. Ghislain, c’est le bras droit de Jean-Louis, celui sur qui il s’appuie. Il était sur le côté Jean-Louis, tout le temps, lors des entraînements, il intervenait parfois, mais des fois, il n’intervenait pas, c’est Ghislain qui gérait toute la séance. Il a ce charisme pour gérer toute une séance, pour allier la rigolade avec le travail. Ça, c’est très important au quotidien. J’ai vu des vidéos de Ghislain à l’entraînement avec Bordeaux, sur la chaîne Téléfoot, quand il y avait des reportages, et ça a toujours été le même. Animer la séance, la faire vivre, ce n’est pas évident pour que les joueurs prennent du plaisir. Il était là, toujours à chambrer mais en passant des messages et en travaillant.

     

    Vous faisiez partie des joueurs qui n’existent quasiment plus aujourd’hui, des joueurs d’un seul club. On imagine que cela doit être une fierté avec le recul ? A l’image de Marc Planus chez nous…

    Oui, c’est une fierté d’autant plus que je suis stéphanois. Mais ce n’était pas prévu. Quand on attaque une carrière de foot, on ne sait même pas où on sera l’année d’après. La vie est faite d’opportunités. Moi, je savais ce que j’avais à Saint-Etienne. J’ai toujours dit que je ne voulais pas partir pour partir dans un club. Si je partais dans un club, c’était pour découvrir un autre niveau, être dans un club supérieur. J’ai eu quelques contacts avec des clubs comme ceux-ci où ça ne s’est pas fait. La seule fois où j’ai failli partir c’était en 2010. Galtier venait d’arriver depuis 6 mois et comme je vous disais tout à l’heure, on changeait d’entraîneur tous les 18 mois, on venait de finir 2 fois 17ème, en 2009 et 2010. Des saisons catastrophiques sportivement, et Monaco s’était approché. C’est la seule fois où j’ai failli partir et finalement, ça ne s’est pas fait. Ce sont des opportunités et au final tant mieux parce que Monaco est descendu l’année d’après. Et c’est à ce moment-là où moi, j’ai commencé à vivre de meilleures saisons et avoir des résultats, découvrir la Ligue Europa, gagner un titre. Ce sont des opportunités, mais on ne sait jamais à l’avance si on prend la bonne décision. Mais sinon oui, c’est une fierté parce que c’est très rare dans le foot aujourd’hui et j’ai pris du plaisir à jouer à Saint-Etienne, dans ma ville.

     

    Justement, en 2013, vous auriez refusé une offre des Girondins, affirmant que vous ne voyiez pas l’intérêt à l’époque de quitter Saint-Etienne pour jouer dans un club de même niveau. C’est donc vraiment cette raison qui a fait que vous n’êtes pas venu en Gironde…

    Oui, exactement. Ca a toujours été comme ça. A part, Monaco en 2010 pour d’autres raisons, mais sinon je ne voyais pas l’intérêt d’aller dans un autre club en France… Si on fait le tour, pour moi, il n’y avait pas beaucoup mieux que Saint-Etienne à l’époque, au début des années 2010 où je prenais du plaisir. Il y avait toujours mieux, mais le voisin Lyonnais, ce n’était pas possible. Il y a eu Paris mais ce n’était pas leur politique. Il y a eu peut-être Marseille à un moment donné mais ça ne me correspondait pas. Et les autres clubs, encore une fois, en termes de classement, Bordeaux, Montpellier, Rennes et Lille à l’époque, je trouvais qu’il n’y avait pas d’intérêt à aller ailleurs qu’à Saint-Etienne, surtout en France.

     

    Vous avez joué avec de nombreux anciens bordelais lors de votre carrière. On est curieux de savoir comment les anciens bordelais décrivent la vie à Bordeaux et le travail aux Girondins… quels retours aviez-vous de leur part ?

    Déjà, qu’on les appelait les « Gigis » (rires) ! Après, le club, comme je disais tout à l’heure, a toujours été un club de Ligue 1 qui n’a peut-être pas réussi à franchir un cap, même s’il a réussi à certains moments mais sans réussir à rester dans le Top des clubs français. Après, oui, j’en ai croisés des bordelais. Pascal Feindouno au départ, puis Benoît Tremoulinas par la suite, avec qui je m’entendais bien, même s’il est resté peu de temps, Mathieu Debuchy aussi. J’avais des retours comme quoi c’était un club comme à Saint-Etienne, assez famille, qui de l’extérieur paraît sympathique. Après, avec une aussi belle ville, je pense que la vie à Bordeaux est sympa.

     

    Un joueur est passé par Saint-Etienne une saison, avant de de passer également un an par les Girondins de Bordeaux : Youssef Aït-Bennasser. Il est aujourd’hui mis au placard par Monaco. Comprenez-vous la trajectoire de ce joueur, pourtant voué au départ à un bel avenir ?

    Oui, il était prometteur. Après, c’est le problème de Monaco, qui prend énormément de joueurs. Forcément, ils ne peuvent pas tous les faire jouer. Ils ont une politique bien à eux, ça ne laisse pas de place pour tout le monde. Même si chez nous, il avait été performant, avait montré des choses, à Bordeaux aussi un petit peu, mais par intermittence. Il n’était pas titulaire indiscutable, comme chez nous, mais avait participé à pas mal de matchs. Aujourd’hui, il se retrouve un peu en difficulté parce que quand on est joueur et qu’on ne joue pas, ce n’est pas la meilleure façon de trouver un club. Par contre, c’est un joueur qui a de très bonnes qualités, notamment dans les passes. C’est un joueur passeur pour moi. Mais là, il se retrouve un peu en difficulté.

     

    On va parler de l’effectif actuel des Girondins. Vous avez joué avec Paul Baysse, qui a subi lors de sa carrière deux ruptures des ligaments croisés, une mise au placard de près d’un an et demi, et qui est aujourd’hui bien présent. On peut clairement parler de force de caractère…

    Là, c’est l’exemple type d’un joueur qui n’a rien lâché. En plus, j’en ai discuté régulièrement avec lui parce qu’à chaque fois que l’on jouait Bordeaux, je le voyais et ça me faisait plaisir. Mais c’est vrai qu’il a été dans des situations où clairement le club ne lui faisait plus confiance. Il a réussi à renverser la tendance. Le constat que je fais depuis le début de saison, c’est que dès qu’il était sur le terrain, Bordeaux n’a pas souvent perdu. C’est bien pour lui. C’est un joueur de caractère et quand on le met sur le terrain, on sait qu’on ne va pas être déçu, c’est un guerrier. On peut compter sur lui. Aujourd’hui, il fait partie des cadres de cette équipe de Bordeaux et ça fait du bien de pouvoir s’appuyer sur des joueurs comme ça. Même si ce n’est pas le titulaire au poste, il a participé quand même à pas mal de matchs.

     

    En défense centrale, secteur dans lequel vous évoluiez, Bordeaux s’appuie principalement sur 3 joueurs, qui sont Laurent Koscielny, Pablo et Paul Baysse. Que pensez-vous de ces joueurs ?

    Koscielny, c’est quand même la classe ! Je ne vais pas dire qu’il est vieux parce que j’ai le même âge que lui et lui, il est encore sur le terrain (rires). A l’image d’un Mathieu Debuchy chez nous, je ne sais même pas si les jeunes se rendent compte de la chance de jouer avec des joueurs comme ça. Ils ont été internationaux, Koscielny a joué des années à Arsenal, il a une expérience incroyable. Ce sont des gros travailleurs. Les jeunes doivent se servir de ces joueurs-là pour prendre exemple et voir ce que c’est le haut niveau. Pour Koscielny, Bordeaux a fait une bonne pioche, c’est une chance pour eux. Après, Pablo, j’ai toujours aimé ce joueur mais malheureusement, il ressort de blessure. Ça fait un petit moment qu’il est à Bordeaux aussi, c’est bien d’avoir des joueurs qui connaissent bien le club, qui sont passés par des émotions différentes et des difficultés. Ce sont des joueurs sur lesquels on peut s’appuyer.

     

    La seule recrue de la saison a été Hatem Ben Arfa. Dès ses premiers matchs, on a senti qu’il apportait beaucoup au groupe dans l’animation du jeu. Que pensez-vous de son début de saison à Bordeaux et y-a-t-il un risque d’être dépendant à Ben Arfa dans le jeu ?

    Un risque d’être dépendant, oui et non. S’il est à son niveau, celui que l’on connaît, c’est un joueur qui peut faire gagner un match à tout moment. Il l’a déjà fait en début de saison, même s’il n’avait pas joué depuis un moment. Je l’ai trouvé plutôt en forme lors de ses premiers matchs, malgré son manque de temps de jeu. Le risque peut être de trop dépendre de Ben Arfa, mais c’est pour ça aussi que d’avoir un Jean-Louis Gasset à la tête de l’équipe, il va savoir faire passer les bons messages, il est très bon pour ça. Nous, quand on jouait, on en avait des joueurs clés dans notre effectif et ça ne nous empêchait pas de faire de bons matchs et de gagner. Avec le talent qu’il a Ben Arfa, il faut s’en servir.

     

    Vous avez déclaré au début du mois de décembre que Bordeaux pouvait être un outsider du championnat. On voit malgré tout qu’il y a un problème de régularité. Quelle place au classement peuvent-ils prétendre ? Peuvent-ils prétendre à accrocher une place en Europe ou est-ce trop prétentieux ?

    L’Europe aujourd’hui, elle est dure à atteindre, il faut finir dans les 5 premiers. Donc c’est dur car il faut un peu miser sur la Coupe, vu qu’il n’en reste qu’une. Je ne sais pas ce que ça va donner et comment les places européennes vont être attribuées. Pour moi, c’est au moins la première moitié du classement et encore une fois, pour moi, cette première moitié, on peut finir 6ème comme 10ème. C’est tellement serré, il y a tellement d’équipes qui prétendent à ces places-là. Pour moi, ça doit être l’objectif de Bordeaux, c’est réalisable, même s’ils ne sont pas encore dans leurs objectifs. La saison est encore longue, il y a un mercato qui va aussi se présenter, on ne sait pas trop ce que ça va donner. A voir !