Christophe Dugarry : “Les supporters ont envie et besoin d’un discours de vérité. Ils n’ont pas envie d’entendre parler de Champions Project, ou à Bordeaux, ou d’autres clubs repris par des américains”

Christophe Dugarry, sur le sujet du malaise entre les supporters, dont ceux des Girondins de Bordeaux, et la direction des clubs, a donné son avis sur la genèse de ces différences de points de vue.
« Si je devais choisir un angle, c’est que les supporters en ont marre du double discours et du double langage. Même si on est supporters, qu’on est ultra-passionné, qu’on met de son temps, de son énergie, et souvent de son argent pour supporter une équipe, on n’est pas contre un discours de vérité. Je crois sincèrement qu’il y a trop de doubles discours et que le supporter ne l’accepte plus. Après, il y a une violence du quotidien qui se fait, avec les gilets jaunes, on s’exprime beaucoup trop par la violence, on n’arrive plus à discuter, les gens se sentent incompris, les supporters veulent de plus en plus de pouvoir là où les dirigeants, maladroitement, veulent leur en donner de moins en moins. Je pense qu’il y a toujours moyen de trouver un équilibre. Le projet est commun, c’est le plaisir d’appartenir à un club, une identité. C’est pour chacun le même objectif. Mais je crois qu’on a trop souvent pris les supporters pour des idiots. Sincèrement, je pense que les supporters ont envie et besoin d’un discours de vérité, et sont capables de l’entendre. Les supporters n’ont pas envie d’entendre parler de Champions Project, ou à Bordeaux, ou d’autres clubs, repris par des américains. Ils n’ont pas envie qu’on leur vende du rêve, ils ont envie qu’on leur vende un projet. Ils ont envie de participer à ce projet, une naissance, quelque chose de nouveau, d’être accompagnés, qu’il y ait un échange avec les joueurs, une reconnaissance, une gratitude… Et je pense qu’après, on les a tellement peu calculés et pris en considération, qu’ils essayent de tout prendre puisqu’on n’a rien voulu leur donner. A l’arrivée, le langage est tellement déconnecté d’un côté comme de l’autre que je ne sais pas si on pourra revenir à un vrai dialogue […] On voit de beaucoup de kops qui veulent s’immiscer dans le choix de l’entraineur, dans certains choix de joueurs. Il ne faut pas leur donner. Je pense qu’il y a moyen de prendre les supporters en considération, à les faire participer à la vie d’un club et la progression d’un club, sans pour autant tout mélanger. Mais à partir du moment où on ne les a plus du tout calculé… On leur a donné des clopinettes : ‘taisez-vous, vous n’avez rien à dire ou à faire’. Je pense qu’ils se sont énervés, et en plus le discours est un double discours ».