Alain Roche : “À Bastia, une fois, avec Bordeaux, j’ai vu un juge de touche arbitrer trois mètres à l’intérieur du terrain sous la pression du public”

Alain Roche qui a vécu de nombreux grands matches, a commenté l’apport que pouvait avoir un public et le changement de physionomie qu’il peut apporter.
« C’est dans les matches références qu’on évalue un public. Mais, pour qu’une foule te pousse, il faut qu’elle sente que les joueurs mettent de la volonté et de la conviction. Pour PSG-Real Madrid, en 1993 (quarts de finale retour de C3, le 18 mars 1993, 4-1, 1-3 à l’aller), on a pu mesurer l’impact du public sur notre production, mais aussi sur celle de l’adversaire. Ce jour-là, le stade a généré de l’appréhension pour le Real et multiplié l’intensité qu’on mettait dans nos courses. Quand tu es sur le terrain, tu sens des vibrations. Je l’ai vécu plusieurs fois à l’extérieur dans ma carrière avec le PSG ou Bordeaux, à Marseille, au Celtic ou à Milan (demi-finales retour de C1 1995, le 19 avril, 0-2). Ce soir-là, quand le Milan AC ouvre le score, le stade tremble. Là, tu éprouves un vrai sentiment d’impuissance. Mais tu peux aussi ressentir la pression d’une foule quand elle est très proche physiquement, comme ça m’est arrivé dans des petits stades, en Coupe de France, par exemple. La foule d’un stade, pour moi, c’est comme la colère: elle t’amène à faire des choses que tu ne ferais pas habituellement. Elle peut transformer ta personnalité, modifier ton comportement. Et la barrière est parfois ténue. C’est valable pour les joueurs, mais aussi pour les arbitres. À Bastia, une fois, avec Bordeaux, j’ai vu un juge de touche arbitrer trois mètres à l’intérieur du terrain sous la pression du public”.