Laurent Perpigna : “Si on gagnait tout ? Pardonnez-moi, mais ce logo ne serait toujours pas le mien. Ce nom, ces couleurs, cette mentalité, ce Président ne seraient toujours pas les miens”

Sur les réseaux sociaux, Laurent Perpigna a fait un long explicatif de la situation actuelle des Girondins de Bordeaux, donnant par la même son ressenti.
“Que personne ne se formalise, je vais tenter de prendre un
maximum de recul afin de donner du relief à cette situation, et ça
me conduira à parler à la 3ème personne plus qu’à la 4ème.
Quarante-huit heures. C’est approximativement la durée qui nous
sépare de la décision de la DNCG. Vous savez, ce gendarme financier
chargé de vérifier que les comptes des clubs de football français
professionnels sont équilibrés.
Est-il nécessaire de revenir sur le contexte ? Mathias Edwards
et Pierre Rondeau l’ont brillamment fait dans son article pour So
Foot. Tout y est. Si vous ne l’avez pas lu, et bien
lisez-le.
Certains ont trouvé ce papier anxiogène, insinuant des
exagérations. Cela témoigne d’une déconnexion – possiblement
volontaire – de la réalité. Tous les voyants sont au rouge, et le
passage difficile de l’ASSE devrait, à minima, nous
interroger.
« Ce n’est pas possible. Ils vont bien trouver quelque-chose».
Ce discours, je l’entends aussi autour de moi. C’est un peu comme
le coronavirus, et tous les drames de la vie : cela n’arrive pas
qu’aux autres, demandez aux Strasbourgeois. Ils avertissaient du
danger dès le rachat.
Il est important, je crois, de comprendre que quelque-soit la
décision de la DNCG, cette journée aura des répercussions. Les
options, quelles sont-elles ?
Le club passe, King Street s’engage. Difficile à imaginer, vu
qu’ils n’arrivent pas à recapitaliser. Rétrogadation avec sursis.
Un an pour tout changer. Rétrogadation en L2. Rétrogadation, dépôt
de bilan, et descente aux enfers.
Les Girondins jouent un des matchs les plus importants de leur
histoire. Un match contre eux-mêmes. Enfin plus précisément contre
une excroissance d’eux-mêmes, qui mènera le club, si elle persiste,
dans l’abîme. Tôt ou tard.
L’ignorer, c’est déjà le mettre en danger. Je ne m’explique pas
pourquoi l’annonce du report de la date initiale de la DNCG « pour
un problème d’agenda » n’a pas fait trembler la terre. Comment
peut-on se contenter de cela ?
Le Président du club doit la vérité aux supporters, encore plus
en ces moments de doute. Il doit la vérité aux salariés. Il doit la
vérité à la ville, à la région. Mais rien. Absence de réaction.
Silence(s).
Il est vrai que beaucoup ont réduit la crise à un conflit entre
les Ultramarines et Frédéric Longuépée. Une binarisation qui, en
plus d’être erronée, a de lourdes conséquences : quand on croit
qu’un camp affronte une autre, on passe à côté de
l’essentiel.
Quand je lis qu’il s’agit d’une bagarre « de cours de récré »,
j’hallucine. Comment peut-on être à côté de la plaque à ce point-là
? Comment peut-on ignorer tous les mauvais présages qui agitent la
vie du club depuis deux ans, pour n’en analyser que la superficie
?
Alors oui, les Ultramarines ont été omniprésents ces derniers
mois. Mais vous êtes-vous seulement demandés pourquoi ?
Pas question de faire du prosélytisme. Mais les Ultras ont
réussi l’exploit d’être à la fois la voix des sans voix, de ceux
dont la parole porte mais qui ne souhaitaient pas la prendre, et de
ceux qui ne pouvaient pas la prendre : anciens joueurs/salariés,
salariés, fans…
Quand les Ultramarines dévoilent les Leaks – faisant là le
boulot d’un média d’investigation – ce n’est pas seulement pour
conforter leur position. C’est surtout pour informer. C’est
dangereux pour eux, et c’est précieux pour tous.
C’est précieux car on comprend plus clairement la stratégie de
la direction : se fabriquer artificiellement des cautions qu’ils ne
peuvent obtenir naturellement. D’ailleurs, ils ont usé de cette
même méthode avec « le conseil des membres », avec les anciens
joueurs, le Maire…
Quand j’entends certains journalistes disserter sur les
méthodes des Ultramarines concernant les leaks, j’ai presque envie
de leur répondre: ” Vous avez raison, c’est pas leur boulot. C’est
le vôtre.”
Bref, voilà, on en est là. Le chrono défile. Et regarder
ailleurs n’y changera rien. Notre club est déjà en sursis. Et même
si par bonheur il passait l’épreuve du feu, il le
resterait.
C’est cocasse, mais certains rêvent encore à un spectaculaire
redressement. On l’a vu avec l’histoire de Gasset. Moins que lors
du rachat du club où beaucoup affichaient fièrement sur leur profil
un drapeau nord-américain, mais quand même.
Une réussite sportive du club, avec ces gens qui ratent tout,
et qui sont à deux doigts de nous envoyer en national 3 ? De la
science-fiction. Mais soit, poursuivons ce raisonnement, allons au
bout.
Si on gagnait tout ? Pardonnez-moi, mais ce logo ne serait
toujours pas le mien. Ce nom ne serait toujours pas le mien. Ces
couleurs ne seraient toujours pas les miennes. Cette mentalité club
ne serait toujours pas la mienne. Ce Président ne serait toujours
pas le mien.
Je m’arrache un truc en disant ça. Mais en l’état actuel des
choses, ce club n’est déjà plus le mien.
Mieux vaut un club intègre, respectueux des siens, de son
histoire, qu’une multinationale prête à vendre son nom contre de
l’argent C’est un peu comme dans la vie, en fait. Certains sont
prêts à tout trahir pour gagner, d’autres préfèrent rester modestes
et sains. Libre à chacun.
Digressions à part. L’heure n’est pas à la philosophie. Il y a
le feu au lac. Et il n’y a qu’un moyen d’éteindre
l’incendie.
Il faut purger. Assainir. Équilibrer. Reformer une famille,
celle de #NousLesGirondins. Repartir sur d’autres bases, sincères
et vraies. Condition sine qua none pour éviter une catastrophe qui
sinon se produira, tôt ou tard. Amitiés à tous et toutes”.
https://twitter.com/lperpignaiban/status/1282780720784703496?s=20