Jonatan MacHardy : “C’est vivre à découvert en permanence, le déficit est structurel. C’est juste ça le projet, passer la DNCG, comme Bordeaux”
Jonatan MacHardy, à la question ‘Les clubs français dans le rouge, est-ce uniquement la faute du COVID ?’, a répondu que les principaux clubs en difficultés, dont les Girondins de Bordeaux, n’ont pas à se servir de cette excuse car leur problème est structurel avant tout.
« Ce que cela révèle, ce sont les petits jeux d’équilibristes, les petites magouilles de petits comptables à la petite semaine auxquels sont habitués nos clubs depuis bien trop longtemps. Je pense à deux choses ; l’anticipation des droits TV sur l’exercice actuel en anticipant l’année précédente, et aussi les transferts où tu inscrits à ton bilan de l’année en cours les ventes, et tu inscris les achats pour l’année d’après. Au final, c’est vivre à découvert en permanence. Les clubs vivent au jour le jour et ils ne se rendent pas compte que le déficit est structurel, mais parce que le seul impératif que les clubs se fixent, ce n’est pas de construire un projet viable sur le moyen ou le long terme, c’est simplement de faire les petits comptables et d’arriver à passer la putain de DNCG. C’est juste ça le projet, passer la DNCG. Comme Bordeaux, Saint-Etienne, Marseille […] C’est un peu bateau, mais tout est lié. Tu as une bonne équipe à partir du moment où tu gères ton club d’une manière correcte sur le moyen terme. Sinon tu ne fais que des one-shot et tu te retrouves à vivre des saisons galères où ton stade n’est pas plein. Tout est lié, c’est un cercle vicieux dans lequel nos clubs français se sont engouffrés […] Si tu es restaurateur, par exemple. Ton restaurant, pendant la crise du Covid, a servi zéro couvert, a fait zéro bénéfice. Ça te met dans la merde sur ton bilan global. Mais si auparavant tu avais bien géré ton resto, que tu étais excédentaire, tu as peut-être pu amortir un petit peu, ça ne te met pas dans le rouge totalement si tu as une crise comme celle-là. En revanche, si toute l’année tu as fait de la merde avec ton resto, que tu as servi des plats pourris, que tu as embauché 38 serveurs alors que tu n’en avais besoin que de deux, que tu as fait des investissements qui ne servaient à rien du tout… Là, la crise du Covid où tu as eu zéro couvert, tu vas mettre la clé sous la porte. C’est ça la différence. Il y a une différence entre bien gérer et être dans la merde à cause du Covid, et entre avoir fait n’importe quoi et être à l’agonie à cause de la crise du Covid ».