[J12] L’analyse complète de Paris-Bordeaux (Tops, Flops, notes, joueur par joueur, tactique, feuille de match, vidéo)
Un tournant dans notre saison ?
La crise couvrait avant Rennes, les premières certitudes sur le
onze type, la tactique et les qualités techniques de cette équipe
sont pourtant apparues après ces deux déplacements à haut
risque.
Non seulement, Bordeaux a confirmé au Parc des Princes les bonnes
dispositions du Roazhon Park mais mieux encore, les qualités
offensives en progression entre les deux sorties inaugurent (du
moins on l’espère) un nouveau style de jeu (plus léché et plus
technique) qui pourrait redonner le sourire aux supporters, au
moins sur le terrain, en attendant les changements au sein de la
direction.
Jean-Louis Gasset prône la continuité
Il indiquait, depuis plusieurs semaines, rechercher la bonne formule et les hommes pour l’incarner. Après le match réussi à Rennes, il a décidé de conserver le même onze (en changeant uniquement le blessé Samuel Kalu par Hwang Ui-Jo (5,5)). Ce geste fort fut payant hier soir car notre équipe fut cohérente dès les premières minutes. Après une première action avec Hatem Ben Arfa (6), cette équipe cohérente trouvait rapidement l’ouverture.
Une tactique moins lisible pour l’adversaire
Devant les 4 défenseurs et le milieu défensif Otavio, la lecture tactique de Jean-Louis Gasset s’est complexifiée pour les équipes adverses. Mehdi Zerkane (5) à droite et Toma Basic (5) à gauche peuvent sortir de leur zone et sont remplacés notamment pas Hwang Ui-Jo qui colmate les brèches défensivement. Ce dernier est positionné en milieu gauche, mais on l’a vu aussi à droite et en position de deuxième attaquant à partir du début de la seconde période. Hatem Ben Arfa est libre, en échange d’un pressing qu’il semble réaliser sans frustration pour le bien de l’équipe. Ces décrochages permettent également aux autres joueurs de jouer plus haut sur le terrain par période. Le jeu des permutations empêche l’équipe adverse de défendre sur un joueur en particulier et les nombreuses courses en équipe donnent toujours des solutions au porteur du ballon. Le football devient alors plus simple, les passes sont dans le bon tempo et une possession plus grande desserre l’étreinte et la pression sur notre but. Les vagues sont moins nombreuses, la fatigue change de camp.
Une position plus haute
Pour progresser dans le secteur offensif, il semble indispensable de suivre les actions en nombre mais également récupérer le ballon pour haut afin d’être plus rapidement, en quelques passes, devant le but adverse. Le pendant de cette tactique, le risque de cette évolution se situe dans le danger du contre et une mise en danger plus importante de notre défense. Privilégier l’attentisme et la frilosité ne nous apportent rien depuis de nombreuses années, il est temps que cela change ! Les joueurs ont tout tenté pour l’emporter, au risque de tout perdre, mais cet état d’esprit et de corps, autant offensivement que défensivement, a montré hier soir et la semaine dernière que le groupe était dans le vrai, en rapport avec ses qualités. Le plaisir est revenu, Jean-Louis Gasset peut désormais passer au stade 2 de sa construction la mise en place d’une identité dans le temps.
Des certitudes tactiques et dans les hommes
En défense, la paire Laurent Koscielny et
Paul Baysse (devant l’inamovible Benoît
Costil) est installée par sa régularité, l’intensité et
dépassement de soi de ces joueurs sont un exemple pour le groupe et
le chemin à suivre. Sur les côtés (voir
Les Flops), personne n’est encore un titulaire
indiscutable.
Le triangle, déjà mis en place par Paulo Sousa,
composé d’Otavio (7), Toma Basic
(5) et Mehdi Zerkane (5,5) apporte de la
densité et de la sérénité dans le cœur du jeu. Les attaquants
récoltent désormais les fruits de ces trois bucherons. Toma
Basic est le plus timoré des trois depuis plusieurs
semaines mais Jean-Louis Gasset connaît les
qualités techniques du joueur et pense surement que ce passage à
vide n’est que temporaire.
Mehdi Zerkane a progressé défensivement mais on le
voit de plus en plus aux avant-postes, il doit être plus tueur
devant le but. Sa complémentarité avec Hatem Ben
Arfa se bonifie de match en match et la baisse des déchets
techniques incombe en partie à ces deux joueurs.
Hwang Ui-Jo (5,5) était en jambes, surtout en 2ème
mi-temps dans une position plus proche de Josh Maja
(6,5). On regrette tout de même qu’il ne lève pas la tête
sur sa percée à l’heure de jeu où le nigérian était seul aux six
mètres. Notre avant centre a enfin eu la chance de jouer une grande
rencontre contre « la terreur » de notre championnat. Après son but
à Marseille, il est à l’origine du 1er but bordelais samedi soir en
gênant le défenseur parisien qui marque contre son camp. Il a
surtout été très adroit dos au but, dans ses remontées de balle,
ses déviations qui auraient pu par deux fois déboucher sur une
passe décisive. On attend maintenant un calendrier plus clément
afin qu’il puisse marquer. Il en a besoin et il le mérite. Toute
l’équipe doit l’aider dans ce sens. Retrouver un « Serial buteur »
est primordial. Même s’il n’a pas trouvé le chemin des filets hier,
il a démontré que le costume n’était pas trop grand pour lui et
qu’il représente l’avenir à son poste.
Après le programme « Prémium », retour à la normale avec la réception de Brest. Un grand club, qui a des ambitions, doit engranger le maximum de points contre les équipes « plus faibles » de la Ligue 1. On verra dès le week-end prochain si l’équipe a grandi où s’il nous faut encore quelques semaines ou mois pour tirer la quintessence de ce groupe.
Les Tops
Benoit Costil (9) : Un Costil international. Il a dégouté l’attaque parisienne en un contre un, sur les frappes de loin, ou à bout portant. Il connaît parfaitement Kylian Mbappé et ce dernier a perdu ses nombreux duels face à lui. On avait dit que pour grandir, cette équipe devait être guidée par ses cadres, le portier des Girondins a rempli pleinement sa tâche.
Paul Baysse (7) : Son retour à ce niveau fait plaisir à tous les supporters parce qu’il représente, lui plus que personne, les valeurs et l’amour du club. Dans la tourmente à Monaco ou Marseille, Pablo avait perdu pied, alors que Paul Baysse n’a pas tremblé et il est reparti au combat. Auteur d’une seconde période XXL alors que Bordeaux jouait plus haut et que les vagues parisiennes en contre auraient horrifié plus d’un défenseur central. Son entente avec Laurent Koscielny (6) est un plus indéniable pour les fondations de notre axe central.
Otávio (7) : On attendait un match référence d’Otávio contre un cador du championnat et on a été servi au Parc. Propre dans la relance, toujours bien placé, il a été au contact, il a ratissé autant que possible en patron avec calme et sérénité. Il a aussi évité ses fautes entre 20 et 30 mètres de son but sur des interventions mal contrôlées (dont il a parfois le secret !)
Le groupe et son entraineur. Il y a 15 jours, on sentait Jean-Louis Gasset impuissant sur sa capacité à trouver le bon schéma et insuffler ce supplément d’âme indispensable aux équipes qui n’acceptent jamais la défaite. Il a au contraire accepté les critiques, et semble avoir compris que son effectif était composé de joueurs techniques (Yacine Adli, Hatem Ben Arfa, Mehdi Zerkane, Rémi Oudin, Samuel Kalu…) qui aimaient avoir le ballon et attaquer. Alors Bordeaux a joué plus haut parfois avec le feu face aux stars de l’équipe parisienne, mais les joueurs ont retrouvé du plaisir, les supporters ne se sont pas endormis devant leur télé, et ne sont pas restés frustrés de voir leur équipe être allée au Parc sans réelles ambitions. Les remplaçants ont changé le cours des 25 dernières minutes. Alors que les trois remplacements simultanés à Rennes avaient un peu déstabilisé et fait reculer le bloc bordelais. Les entrées de Rémi Oudin, Nicolas De Préville et Yacine Adli ont dynamisé nos transitions entre la défense et l’attaque et nous aurions même pu l’emporter dans les cinq dernières minutes. Un combat et un état d’esprit remarquable (à part le trou d’air (voir Flops)) et surtout l’impression qu’enfin l’équipe a lâché les chevaux offensivement. Bordeaux est d’ailleurs revenu au score après avoir été mené (une première cette année !)
Il aurait pu faire partie des Tops
Hatem Ben Arfa (6) aurait pu faire partie de ces Tops car on retiendra ses nombreuses accélérations en seconde mi-temps qui ont mis en supplice la défense parisienne. Mais son excès de gourmandise (vouloir dribbler tous les parisiens en partant de nos 15 mètres) a un peu terni le plaisir de la suite. De même sur la fin du match, il oublie parfois ses partenaires pour des raids en solo. Mais comment lui en vouloir au final, car quel pied de l’avoir parmi nous !
Les Flops
Le trou d’air de 20 minutes. Après l’erreur d’Hatem Ben Arfa qui a amené le pénalty, Bordeaux a sombré pendant près de 20 minutes. Un second but encaissé dans la foulée et sans un Benoit Costil impérial et « les dieux des poteaux », comme à Monaco, on rentrait au vestiaire à 3 ou 4-1 et le match était plié. Ce match est révélateur que le talent ne représente pas le principal danger de cette équipe. Son mental n’est pas encore en acier, Tous les événements d’un match doivent être digérés et oubliés presque immédiatement. Un peu comme un match de tennis où il est indispensable de jouer point par point, d’oublier que l’on vient de rater un revers ou que l’on est mené 15-40 sur son service. Le retour des vestiaires marque au contraire, une prise de conscience et une avancée du groupe qui s’est servi de ce trou d’air pour revenir l’effacer avec une implication conquérante et sans peur de rentrer avec « les valises pleines ».
Le positionnement des arrières droits et gauche… en 1ère mi-temps. Enock Kwateng (5) et Youssouf Sabaly (5,5) ne semblaient pas être des arrières d’ailes ce samedi soir. Pour le commentateur, leurs positionnements étaient voulus par l’entraineur pour densifier l’axe central. Mais le remplacement d’Enock Kwateng à la mi-temps tendrait à prouver plutôt que Jean-Louis Gasset était agacé de voir la facilité avec laquelle Alessandro Florenzi et surtout Mitchel Bakker pouvaient centrer devant le but bordelais. D’ailleurs sans la maladresse ou les imprécisions de ce dernier, nous ne serions pas là à nous extasier devant la performance de notre équipe. L’entrée de Loris Benito a permis d’atténuer à gauche cette tendance et on peut souligner l’apport offensif de Youssouf Sabaly sur la seconde période. Entre les deux arrières droit, une concurrence féroce s’annonce.
Les notes Girondins4Ever
Costil : 9
Kwateng : 5
Baysse : 7
Koscielny : 6
Sabaly : 5,5
Otavio : 7
Basic : 5
Hwang : 5,5
Zerkane : 5,5
Ben Arfa : 6
Maja : 6.5
Benito : 6
La feuille de match
PSG – Bordeaux : 2-2 (2-1 à la mi-temps)
À
Paris (Parc des Princes), le 28 novembre, coup d’envoi à 21h
Entraîneur de Bordeaux : Jean-Louis
Gasset
Composition de Bordeaux : Benoît Costil (1), Enock Kwateng
(25) (puis Loris Benito à la 46ème), Paul Baysse (24), Youssouf
Sabaly (20), Laurent Koscielny (6), Toma Bašić (26) (puis Yacine
Adli à la 59ème), Mehdi Zerkane (17) (puis Rémi Oudin à la 59ème),
Hatem Ben Arfa (8), Otavio Henrique Passos Santos (5), Ui-Jo Hwang
(18) (puis Nicolas de Préville à la 59ème), Josh Maja (9) (puis
Jimmy Briand à la 81ème)
Entraîneur du PSG : Thomas Tuchel
Composition du PSG : Sergio Rico Gonzalez (16),
Timothée Pembélé (32), Mitchel Bakker (25), Alessandro Florenzi
(24), Presnel Kimpembe (3), Rafa Alcantara (12) (puis Ángel Di
Maria à la 63ème), Leandro Paredes (8) (puis Mauro Icardi à la
84ème), Marco Verratti (6) (puis Ander Herrera Agüera à la 63ème),
Moise Kean (18) (puis Pablo Sarabia à la 81ème), Santos Junior
Neymar (10), Kylian Mbappé (7)
Buts : Pembélé (10ème c.s.c.), Neymar
(27ème s.p.), Kean (28ème), Adli (60ème)
Avertissements : Pembélé (92ème) pour le PSG,
Otavio (25ème) pour Bordeaux
Les actions d’Hatem Ben Arfa dans cette rencontre