Communiqué de Bruno Fievet : “Je le dis sans détour, j’ai échoué dans ce projet”

Sur ses réseaux sociaux, Bruno Fievet a publié un communiqué. Il annonce stopper toute démarche pour racheter les Girondins de Bordeaux.
“Depuis des mois, je travaille
sans relâche sur la reprise du club des Girondins de Bordeaux. Ce
club, ce fleuron du football français, qui m’a donné mes plus
grandes joies, mes plus gros chagrins, et qui rythme ma vie comme
des milliers de supporters semaine après semaine.
Je le dis sans détour, j’ai échoué dans ce projet. Malgré une
offre faite à KingStreet en septembre, pour un montant conforme à
ce que j’avais annoncé sur Girondins4ever, refusée par le
propriétaire. Malgré de multiples tentatives, surement maladroites,
pour renouer le dialogue avec Daniel Ehrmann et Frédéric Longuépée
durant les derniers mois. Malgré tous mes appels du pieds dans les
différents médias… Oui malgré tout cela, le dialogue semble
définitivement rompu.
J’ai choisi de communiquer via mon compte Facebook, plutôt que
par les sites de supporters ou les médias pour la simple raison que
je ne veux mettre personne dans la difficulté de mes propos.
Aujourd’hui, je ne dévoile rien ou presque… Je fais juste un
constat, car notre club est en grand danger pour cette fin de
saison et qu’il faut le sauver. J’espère que le grand déballage
arrivera après pour ne pas risquer que la prochaine saison soit
dans la continuité de celle-ci.
Je ne suis pas aigri par cet échec bien au contraire car il m’a
permis de rencontrer des gens formidables, d’en apprendre beaucoup
sur les relations humaines et aussi sur moi-même. Mais je suis
terriblement inquiet pour le club, pour ses salariés, pour les
joueurs professionnels et pour les jeunes joueurs qui vont devoir
vivre des mois bien difficile.
Je m’adresse à Mr Ehrmann et Mr Longuépée. Si j’estimais en
novembre 2019 que le départ de GACP était une sage décision pour le
club, parce que dangereux pour la santé financière des Girondins,
si je pensais que KingStreet avait alors un rôle à jouer dans le
redressement financier du club, si j’espérais que des mesures
soient prises pour rétablir un climat propice au renouveau du club,
aujourd’hui je suis persuadé que le club a pris le pire virage
qu’il pouvait prendre pour sortir de l’impasse financière, de la
crise sportive, et de l’agonie sociale de ses salariés.
En juillet, 2019, j’annonçais, avant tout le monde, à Sud Ouest
ma crainte pour l’avenir du club devant le business plan irréaliste
que j’avais eu de GACP et ayant connaissance des guerres
d’influence au sein du château et au détriment de club. Six mois
après, le club implosait.
En juin 2020, via le média actu.fr (Bruno Fiévet, candidat au
rachat des Girondins : “Si rien ne change, Bordeaux est le futur
Toulouse” | Actu Bordeaux), j’annonçais ma crainte que Bordeaux
soit le futur Toulouse. La réponse de Mr Longuépée fut « il dit ça
parce qu’il est jaloux ». Est-ce que 10 mois plus tard, alors que
le club lutte dans la pire saison de son histoire moderne pour ne
pas descendre, et ou chaque match est une agonie pour ses
supporters… oui 10 mois après, est ce que j’avais tort Mr Longuépée
?
Bien sûr vous pourrez vous cacher derrière la pandémie, les
droits TV et les stades désespérément vides. Bien sur tous les
clubs de Ligue 1 et Ligue 2 vont subir un déficit cette année. Mais
comment expliquer un déficit de plus de 50 millions aux Girondins
(Girondins de Bordeaux : Le club déclenche un PSE et va licencier
une vingtaine de personnes (20minutes.fr)). Comment un club avec un
budget de 80 millions peut en perdre quasiment 70 millions en 1 an
! Les quelques licenciements n’y changeront rien. L’année prochaine
le club perdra encore à minima 40 millions. Alors oui KingStreet va
remettre la main au portefeuille, et bravo pour cela. Mais le club
se meurt, et, que l’agonie soit lente ou rapide, je crains que le
résultat soit le même au final.
Vous disiez Mr Longuépée dans une note interne aux salariés que
ceux qui critiquent votre politique (dont moi), refusent le
dialogue, pourtant vous n’avez répondu à aucun de mes appels,
messages ou e-mails. Le même constat pour Daniel Ehrmann qui se
refuse à tout dialogue avec moi, mais aussi avec mon ami Pascal
Rigo, tout comme avec l’ensemble des médias, des suiveurs, des
politiques. Vous oubliez que le club des Girondins de Bordeaux est
une entreprise qui appartient au patrimoine Aquitain, à ses
supporters, à la ville, à ses anciens joueurs. Je remercie parmi
eux ceux, trop peu nombreux, qui ont osé prendre la parole,
Christophe Dugarry, Benoit Tremoulinas, Ludovic Obraniak, Marc
Planus, Lassina Diabaté et plus récemment Alain Giresse, pour
dénoncer les décisions qui ont été les vôtres. Comment pouvez vous
penser avoir raison alors que tout le monde s’accorde à penser que
vous avez tort. Comment des saisons aussi calamiteuses que les deux
dernières ne vous font pas plus réfléchir sur la bonne direction à
prendre. Comment pouvez vous continuer à refuser de communiquer,
alors que le « château » s’écroule. Oui le climat social au château
est délétère. D’ailleurs, comment un chef d’entreprise réclame à
tous ses salariés une baisse de salaire alors que lui se refuse à
baisser le sien. L’indécence de demander à un salarié gagnant 2000
euros par mois de faire un effort alors que vous refusez que l’on
touche à vos 50000 euros mensuels. C’est inacceptable. Comment
pouvez vous vous déplacer aux matchs sans même aller saluer vos
joueurs et votre staff. Quel mépris et quel message pour vos
joueurs. On peut alors comprendre pourquoi après une énième défaite
certains ont le sourire avec leur adversaire du jour. Moi je le
comprends même si je ne l’accepte pas. Certainement que vous devez
Mr Longuépée votre salue au parachute doré que vous auriez en cas
de licenciement, mais j’en appelle à votre responsabilité et votre
amour propre même si je sais pertinemment que je ne serais pas
entendu.
Je voudrais également m’adresser aux joueurs. Certains sont
devenus au fil du temps des gens familiers, voire pour certains des
amis. Il vous reste une mission. Sauver notre club. Même si vous
avez été trahi par un projet qui n’existait que dans les rêves de
ceux qui vous l’ont vendu. Même si l’ambiance au sein du club et
même du vestiaire n’a rien d’une partie de plaisir au quotidien.
Même si pour beaucoup l’avenir ne s’inscrit pas aux Girondins… vous
avez le devoir de sauver le club cette saison. D’aller chercher
cette victoire qui manque, de grapiller les 2 ou 3 places qui
donneront un rang “conforme” au standing actuel du club, de sauver
quelques petits millions de droits TV. Faites-le pour vous-même,
pour ce que le club représentait pour vous quand vous avez signé.
Faites-le pour que vous puissiez vous dire que vous n’avez pas fait
partie de cette équipe qui est descendu en Ligue 2, tout comme vous
ne voulez pas faire partie de l’équipe qui perd contre l’OM à
domicile. Ayez à cœur de chercher quelques points en équipe, même
si vous ne vous appréciez pas en dehors du terrain. Faites-le pour
les supporters car ils le méritent. Rendez-leur la fierté d’être
Girondins. Et quand vous serez sauvés, osez prendre la parole en
équipe ! Le jeune Adli a essayé de le faire mais il s’est fait
reprendre de volée, geste que l’on ne voit plus sur le terrain mais
devenu fréquent dans les bureaux du château pour museler joueurs et
salariés. Mais tous ensemble vous pouvez faire bouger les choses
pour que l’année prochaine ne soit pas la continuité de
celle-ci.
Je tiens à remercier tous les médias et journalistes – Nicolas
le Gardien (Sud Ouest), Clément Carpentier (20 minutes), Nicolas
Paolorsi (RMC), Nicolas Morin (France 3 Aquitaine), Jean Claude
Marmier (Aquitélé), Nicolas Gosselin (Actu.fr), Olivier Ménard
(l’Equipe TV), Alain Bauderon (Gold FM). Nous n’avons pas toujours
été d’accord, mais vous m’avez laissé une tribune pour m’exprimer
sur le club. Un grand merci également aux sites de Girondins4ever,
mais aussi WebGirondins ou Girondins Analyse. Merci à tous les
supporters pour leurs milliers de messages de soutien. Continuez le
combat autour des ultras, vous êtes magnifiques d’engagement et de
dévouement pour votre club et votre tribune. Cela a été une
aventure extraordinaire. Certains suiveurs s’en donneront à cœur
joie sur les réseaux pour me dénigrer, mais peu m’importe car je
sais avoir fait le maximum et il me fallait clarifier ma position
par rapport aux nombreux d’entre vous qui me demandent chaque
semaine si le projet de rachat peut aboutir. Il est temps pour moi
de tourner la page, car l’usure physique et mentale devient
pesante, tout en réaffirmant mon amour pour ce club. A n’en pas
douter, je serai un supporter Marine et blanc pour toujours., sauf
si après avoir changé notre logo, vous vous attaquez à nos
couleurs…”.