Jean-Louis Gasset, des stats en deçà des attentes

Son arrivée au début de saison avait été synonyme de beaucoup d’espoir pour les supporters des Girondins. S’il n’avait plus été sur un banc de Ligue 1 depuis un an et son départ de Saint-Etienne, il gardait une aura très forte dans le monde du football. Les Verts avaient d’ailleurs en vain essayer de le prolonger pour une année supplémentaire, mais Jean-Louis Gasset avait préféré annoncer sa retraite. Finalement, cette « retraite » n’aura été qu’une année sabbatique avant de remettre le bleu de chauffe et de rejoindre le banc de Bordeaux en Août dernier. Auréolé d’une très grosse réputation à Saint-Etienne, les Bordelais, grands amis des Verts, sentaient qu’ils avaient réussi un joli coup avec l’arrivée de l’ancien adjoint de Laurent Blanc qui revenait à Bordeaux enfin dans la peau du numéro 1, après avoir été dans l’ombre du Président durant de nombreuses années, et notamment lors du titre de 2009.
Avec la double casquette d’ancien adjoint ayant mené Bordeaux au titre et d’entraîneur principal ayant redressé l’ASSE d’une situation plus que compliquée, Gasset avait la confiance des supporters et des joueurs pour enfin faire sortir Bordeaux de l’anonymat complet et du ventre mou dans lequel se finissent inexorablement toutes les saisons des Girondins depuis de trop nombreuses années, entre la 6ème et la 14ème place. Finalement, à 6 journées de la fin, force est de constater que Gasset n’aura pas pu rompre la malédiction qui frappe les Girondins qui vont encore terminer bien loin des places européennes.
Encore pire, avec seulement 6 points d’avance sur Nîmes, barragiste, et 8 sur Nantes, premier relégable, la fin de saison s’annonce tendue à Bordeaux qui reste sur une terrible série de 9 défaites lors des 11 derniers matchs. Et ce n’est pas l’affrontement de ce week-end face à Monaco qui devrait leur permettre de mettre fin à cette spirale négative, puisque les bookmakers de la Ligue 1 misent fort logiquement sur une victoire de Monaco, cotée à 1,55 contre 5,40 pour un succès de Bordeaux. Avec encore des déplacements périlleux à Lorient et à Nantes et les réceptions de Lens et Rennes, Bordeaux a encore la possibilité de faire pire que le ventre mou cette année.
Et cette désillusion est en grande partie due à l’impossibilité pour Jean-Louis Gasset de retrouver la réussite qui était la sienne à Saint-Etienne. Alors qu’il a remporté 50% de ses matchs quand il était sur le banc des Verts, avec 31 victoires en 63 rencontres, il est bien loin de ces standards depuis qu’il est revenu sur les rives de l’Atlantique puisque, cette saison, il n’a gagné que 10 matchs sur 33 pour 6 nuls et 16 défaites. Ce sont des statistiques dignes d’un club luttant pour son maintien, comme quand il avait sauvé Montpellier de la relégation en 2017 en remportant 30% de ses 16 matchs passés à la tête du club héraultais.
On oublie aussi parfois que Jean-Louis Gasset a été un entraîneur principal avant de devenir un entraîneur adjoint à succès. Et c’est déjà à Montpellier qu’il avait connu sa première expérience dans le grand bain lors des saisons 98-99 et 99-00. Au total, lors de ses débuts comme entraîneur, il avait fait des débuts honorables avec 19 victoires en 57 matchs avec un effectif de faible qualité. Ses expériences suivantes à Caen, en 2000-2001, et Istres, de 2004 à 2007, seront du même acabit et tourneront autour des 30% de victoires en moyenne. Il partira ensuite rencontrer la gloire dans les pas de Laurent Blanc à Bordeaux, en équipe de France puis au PSG, avant donc de retourner pour une courte pige à Montpellier puis de réussir son passage à Saint-Etienne qui terminera tout de même 4ème en 2019, un classement que n’a plus atteint Bordeaux depuis son titre en 2009.
Ainsi, en y regardant de plus près, si l’on excepte son passage à Saint-Etienne et ses succès remportés en tant qu’entraîneur adjoint, les statistiques actuelles de Jean-Louis Gasset à la tête de Bordeaux sont dans la droite lignée de ses précédentes expériences comme coach d’un club français. Mais la différence principale est bien évidemment que les objectifs qu’il avait en début de saison à Bordeaux étaient bien plus élevés que ceux qu’il avait pu avoir à Montpellier, Caen ou Istres. Ainsi, son bilan à la fin de saison, même si, espérons-le tout de même, Bordeaux parvient à se maintenir sans trop trembler, sera forcément décevant. Toutefois, en cette période de grand trouble à Bordeaux, entre conflit entre supporters et dirigeants et entre joueurs eux-mêmes, Gasset est la seule constante encore solide de ce club et, lui à qui il reste encore 1 an de contrat, bénéficie encore d’une certaine popularité auprès des supporters qui ne lui mette pas sur le dos l’échec de cette saison malgré sa réussite bien en deçà de sa période stéphanoise. A lui de prouver qu’il mérite cette confiance l’an prochain en offrant aux Girondins une saison enfin digne de ce club historique.