Christophe-Cécil Garnier : « Ces informations ne sont disponibles qu’à des policiers, ou à certains métiers de la justice […] Il y avait aussi une vraie défense de la direction qui interroge »

    Dans Podcastine, Christophe-Cécil Garnier, journaliste pour Street Press, est revenu sur son article d’il y a quelques jours : « Un policier harcèle t-il des responsables de supporters bordelais ? ».

    Il a notamment détaillé les messages postés sur notre page Facebook Girondins4Ever par Olivier Drague, qui s’en prenait ouvertement aux responsables et porte-paroles du principal groupe de supporters des Girondins de Bordeaux, les Ultramarines.

     « Le premier commentaire arrive sur la plainte de Frédéric Longuépée. En fait, ce Olivier Drague détaille les antécédents judiciaires de Florian Brunet, ses différentes condamnations depuis une trentaine d’années. Ca, c’est le premier commentaire, mais derrière il va y en avoir beaucoup d’autres, toujours en lien avec des informations personnelles, réservées à la justice, vraiment quelque chose qui nous a beaucoup interrogé. Il a également dévoilé des photos en garde à vue des membres des Ultramarines à Strasbourg. C’était une garde à vue datant de 2018, où les Ultramarines étaient en désobéissance civile sur des arrêtés préfectoraux, un arrêté qui les interdisait d’aller à Strasbourg. 45 supporters avaient été à ce moment-là en garde à vue. Ce Olivier Drague a eu accès à ces photos-là. Ces photos ne sont accessibles que sur ce qu’on appelle le TAJ. Et ensuite, il a publié d’autres informations comme une adresse personnelle d’un ancien responsable et capo des Ultramarines. C’était posté un peu sous la forme d’une menace, avec ‘je vais te prendre ta femme, tu habites toujours à cette adresse ?’. La menace a un peu foiré parce que ce n’était pas son adresse personnelle mais l’adresse d’un ancien travail, mais quand même. Il a aussi mis le nom de la compagne d’un autre membre du directoire qui lui répondait. Et surtout, après encore, il a mis des photos de voitures de certains membres du directoire, sans forcément cacher la plaque d’immatriculation. Ca, ce sont des photos qui ont été prises sur des radars autoroutiers. Il y a quand même un certain nombre d’informations qui ne sont pas accessibles au commun des mortels, à tous les métiers, qui nous a vraiment interrogé et incité à faire cet article […] Les Ultramarines ont tout de suite pensé à un policier. Ces informations ne sont disponibles qu’à des policiers, ou à certains métiers de la justice comme des avocats, des parties civiles, ou des magistrats, des greffes. Mais les photos de radars, tous les métiers de la justice ne peuvent pas accéder à ces informations, comme pour les adresses. La théorie, l’hypothèse du policier, était très prédominante chez les Ultras. Nous, on a demandé confirmation auprès du service d’informations et de communication de la police nationale, qui a concédé que c’était très bizarre. Ils ne comprenaient pas beaucoup tout ce micmac. Mais à mot un peu couvert, ils ont dit que c’était très probablement un policier. On a aussi interrogé d’autres policiers, et certains éléments leurs sautaient aux yeux ».

    Dans les heures qui ont suivi la parution de cet article de Street Press, Olivier Drague a ‘mystérieusement’ disparu, puisque son compte n’était plus accessible.

    « Après la parution de l’article, son compte n’était plus accessible. Ce qui nous a aussi un peu choqué, c’est que ce n’était pas juste un compte pour provoquer les Ultramarines, c’était quand même quelqu’un qui était très impliqué dans tous les commentaires sur la page Facebook de Girondins4Ever. Il pouvait commenter les récents résultats de l’équipe, les récentes déclarations de Jean-Louis Gasset dont il ne semblait pas super fan. Entre deux commentaires un peu sexistes sur l’équipe féminine, et même quelques commentaires que l’on pourrait qualifier de racistes, il y avait aussi beaucoup de défense de la direction. Il défendait le logo du club, tout comme le fait que Frédéric Longuépée ait été photographié sans masque et sans distanciation sociale en tribunes. Il était aussi beaucoup dans la critique contre les supporters. Il y avait des banderoles qui demandaient la démission du président lors du Tour de France, il parlait des supporters comme des sous-doués et des RSAistes, qui sont des clichés que l’on retrouve très souvent envers les supporters. Il y a un peu tous ces commentaires, ce qui montre que ce n’était pas juste un compte pour provoquer. Il y avait une vraie défense de la direction qui interroge ».