Découvrez « Lescure Insolite », présenté par Laurent Brun sur Podcastine
Laurent Brun présente son troisième livre avec les éditions Sud-Ouest qui s’intitule « Lescure Insolite ». Le journaliste et historien l’a notamment présenté dans plusieurs médias, mais également sur Podcastine, là où nous avons tiré ses propos (découvrez le podcast complet en bas de page ainsi que les liens sur lesquels vous pouvez commander l’ouvrage).
L’aspect unique du Stade Lescure
« Il est unique au monde parce que c’est peut-être le premier stade sans piliers de soutènement, c’est-à-dire avec une construction totalement novatrice pour l’époque, atypique. D’inspiration art déco, et surtout avec une vision totale pour les spectateurs : pas de poteaux carrés ou ronds devant soi, pour voir ce qui se passe sur la piste et sur la pelouse. C’était vraiment innovant. Et il y a une plaine des sports aussi à côté, le stade annexe, où là, depuis 1924, on pratique la gratuité du sport. C’est ouvert à tout le monde, et ça c’est l’âme même du site ».
Le Tunnel
« Les tunnels dans le stade étaient prévus pour les coureurs cyclistes qui passaient sous la tribune, parce qu’il y avait des arrivées du Tour de France dans ce stade. Le premier tunnel qui a servi pour le football passait sous le Virage Sud et sortait derrière le but de cette même tribune. Finalement, à l’époque de Claude Bez, ce dernier a bien vu que le couloir était minable, on risquait de glisser. Finalement, il a construit ce long tunnel de 150 mètres pour arriver en-dessous de la tribune Présidentielle, pour que les joueurs sortent au centre du terrain. Ce qui est sympa c’est que dans ce tunnel, avant qu’il soit éclairé et qu’il y ait les caméras de vidéosurveillance, il s’est passé plein de trucs… Il y a eu des coups de drapeau, du sang, des baffes, des nions, des insultes… Je suis allé au plus près du tunnel et des gens qui l’ont côtoyé sur les 40-50 dernières années pour recueillir des témoignages. Il y a des anecdotes croustillantes, notamment Raymond Domenech qui dit : ‘dans le tunnel de Lescure, je regardais mon vis-à-vis dans les yeux, et je savais que j’avais gagné le combat avant de rentrer sur la pelouse’. C’est vraiment le chemin des gladiateurs, presque l’entrée du Colisée. Il y a eu l’époque Jérôme Bonnissel où ça a bien distribué des claques… Et quand la vidéosurveillance est arrivée, ça s’est un peu calmé. Mais il y avait encore des glissades, parce que les joueurs bordelais arrivaient en courant. Arriver en courant, ça faisait du bruit, ils doublaient leurs adversaires dans le couloir, et c’était impressionnant. Après, on a mis la moquette, des rampes sur les côtés, des caméras, donc ça a été un peu plus aseptisé. Mais il y a eu de vraies bastons dans ce tunnel »
L’attachement fort des bordelais à ce stade
« On a tous grandi là-dedans, moi le premier. J’ai eu 47 ans il n’y a pas longtemps, j’y vais depuis que j’ai 6 ans, et on a presque tout vécu. J’ai eu la chance de vivre les années 80, et ceux qui ont connu les années 70 ont vu des joueurs combatifs, formés aux Girondins de Bordeaux, mais qui se battaient pour le maintien. Je suis arrivé avec la génération des Giresse, Lacombe, Trésor… Tous les gens de mon âge ou les plus âgés, on a été bercés par cette génération-là. Lescure, c’est ça. On dit Parc Lescure, mon père vous aurait dit Stade Municipal ou Vélodrome. Aujourd’hui, on dit Chaban Delmas. Il y a une identification à ce stade, c’est comme un grand berceau à taille XXL, et en version béton c’est original. C’est vrai que c’est dans l’ADN parce qu’il y a eu une histoire, ce qu’on n’a pas encore dans le Matmut Atlantique. C’est un magnifique stade, mais il n’y a pas encore eu vraiment d’histoire, et d’exploit retentissant, en football. Les Girondins n’ont pas encore créé quelque chose de fort dans ce stade, donc on ne peut parler que de Lescure quasiment ».
Un stade au cœur de la ville
« Ca a joué sur l’attachement des bordelais, je pense, oui. Au départ, ce stade a été construit pour le cyclisme et le rugby, et les Girondins étaient censés jouer au Stade de Chartrons. Ils l’ont fait à partir de 1938 puisque la même année il y a eu deux stades inaugurés, et finalement, ils ont vu l’engouement. 1937, ils ont été Champions de France amateurs, et en 38 ils intègrent le Stade des Chartrons, et se rendent compte qu’avec la qualité de leur football proposé, avec des joueurs issus de l’immigration espagnole, le public est arrivé en masse. Finalement, sur les grosses affiches, le Stade des Chartons n’était pas assez grand pour contenir la jauge. Les bordelais ont donc joué les matchs de Coupe de France au Parc Lescure, et c’est parti comme ça ».
Le plus grand souvenir de Laurent Brun à Lescure
« Pour moi, le plus grand souvenir, même si j’ai commencé avec la génération à Giresse, c’est quelques années plus tard : la demi-finale retour face à la Juventus, quand les Girondins battent la plus grande équipe du monde menée par Michel Platini. On est en 85. Ca m’avait marqué, il y avait un handicap de 3-0 à remonter, et quand ce stade a vibré sur ce second but marqué par Patrick Battiston, on s’est pris à rêver d’une finale. C’était une victoire face à l’équipe de mon autre idole, Michel Platini. On bat cette Juventus qui était hyper forte, et on est quand même éliminés paradoxalement. C’est mon plus grand souvenir. Bien sûr qu’il y a eu Milan aussi après, et que j’ai eu des émotions dans ce stade. Mais ce moment a marqué ma vie à tout jamais »
Un moment particulièrement insolite qu’il a vécu là-bas ?
« C’était en 1986-1987. Claude Bez voulait faire à l’époque un stade de 100000 places. Les Girondins avaient beaucoup voyagé en Europe de l’Est et ils avaient vu qu’il y avait des stades de cette jauge. Le Parc Lescure a été en travaux pendant plusieurs mois et j’étais abonné en famille au Virage Nord. Lorsque ça a été au tour du Virage Nord d’être refait, nous avons été relogés en Tribune de Face. Nous étions en train de chercher nos places et les abonnés du Virage Nord, plus ceux de la Tribune de Face, cela faisait beaucoup de monde. J’avais 12 ans, je suivais mon père, et à un moment donné il y a eu un mouvement de foule car le début du match arrivait, et on a été bousculés… Je suis tombé et je me suis fait piétiner. Là, je peux vous dire que je n’ai pas fait le malin. J’ai réussi à me relever, mais je suffoquais, j’ai cru que j’allais y rester. Je ne suis pas agoraphobe mais depuis ce jour-là, les mouvements de foule, je fais vraiment gaffe ».
Le Podcast de l’interview réalisée par Jean Berthelot de La Glétais, sur Podcastine, ci-dessous :
Vous pouvez commander l’ouvrage de Laurent Brun aux éditions Sud Ouest ci-dessous :
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