Alain Roche : « Ma carrière m’a usé, bien sûr. J’ai tout le temps fait des infiltrations. On nous piquait et on jouait. On piquait facilement »

    Sur Europe 1, l’ancien défenseur central et directeur sportif des Girondins de Bordeaux, Alain Roche, avec en toile de fond l’ancien attaquant du PSG Bruno Rodriguez qui s’est fait amputer, s’est exprimé sur le fait qu’après une carrière de joueur professionnel, un sportif/footballeur pouvait être cassé. Il parla de son cas, des douleurs, et des infiltrations qu’il fit tout au long de sa carrière.

    « Ah oui, c’est mon cas, puisque j’ai arrêté ma carrière à cause d’un problème de cheville. Je n’avais plus de cartilage, à force de beaucoup d’entorses, d’infiltrations. Une usure totale. Je suis arrivé à un moment où je ne pouvais plus marcher, avec des douleurs qui étaient assez fortes. J’ai dû me faire opérer, on m’a bloqué la cheville. Je n’ai plus de douleurs, je revis, et je peux marcher normalement, faire du vélo. Je ne peux pas courir mais en tout cas, ma carrière m’a usé, bien sûr. Aujourd’hui, non, je ne peux pas jouer au football, même si j’ai d’autres plaisirs. Attention, on n’est pas tous pareil. On peut parler de la génération 98, Laurent Blanc joue, Didier Deschamps aussi, Patrick Vieira, Christophe Dugarry, Zizou… On n’est pas tous égaux. Moi, j’ai subi des blessures, je n’ai pas très bien récupéré, je n’ai pas tout fait non plus pour bien récupérer. J’ai tout le temps fait des infiltrations. Pourquoi ? Je crois que tout sportif de haut niveau, quand vous avez des super échéances, vous avez envie de les jouer. Vous mettez tous les moyens qu’il faut. Ce n’est pas du dopage, mais cela vous permet d’anesthésier un peu votre douleur et de pouvoir jouer, parce que ce sont des matches importants et que vous n’avez pas envie de les rater. Vous vous dites que votre carrière est courte… Par moment, ce sont des sacrifices parce que vous savez que vous allez le payer par la suite. Mais le moment est tellement beau qu’on continue… Du moment où vous faites du haut niveau, vous mettez en danger votre corps par moment ».

    (photo by Alain Gadoffre / Onze / Icon Sport)

    Aujourd’hui, c’est un peu différent car les effectifs ont plus de nombre, et le corps médical a souvent le dernier mot.

    « Maintenant, je trouve qu’il y a davantage de prévention, des moyens médicaux qui sont supérieurs. On travaille mieux sur l’hygiène de vie, la récupération. Nous, à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de joueurs, et on ne pouvait jamais tourner. On nous piquait et on jouait. Oui, on le sait, ce n’est pas très bon, et il ne faut pas en abuser non plus. Maintenant, je trouve que les joueurs sont plus concernés, les médecins sont plus à l’écoute qu’ils ne l’étaient avant. Avant, il fallait que les mecs jouent, maintenant on attend un peu plus. Mais à notre époque, on piquait facilement ».

    S’il devait avoir un regret aujourd’hui, après coup, ce serait de ne pas s’être soigné convenablement, du moins de ne pas avoir pris le temps de le faire.

    « Je regrette par moment de ne pas avoir pris plus de temps pour me reposer entre deux blessures. On voit l’évolution médicale aujourd’hui, avec des joueurs qui ont 40 ans… Ils sont mieux préparés que ce que nous ».

    Retranscription Girondins4Ever