Philippe Fargeon : « La formation suisse a eu cet avantage de me faire travailler mes qualités plutôt que mes défauts »
Pour Le Podcast des Légendes, l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux, Philippe Fargeon, a été invité à donner les qualités de footballeur qu’il avait à l’âge de 14-15 ans, quand il a démarré en équipe première en Suisse (troisième division).
« J’étais très vif et j’avais le sens du but. Je crois que ce que j’ai réussi à faire toute ma carrière, c’est de très souvent cadrer. La plus belle frappe du monde, si tu tires à côté… Mais un but pourri car cadré, ça peut être le but le plus important de ta carrière. J’ai toujours travaillé devant le but et je crois que la formation suisse a eu cet avantage de me faire travailler mes qualités plutôt que mes défauts. Pendant des années en France, on voulait qu’un attaquant soit capable de garder le ballon, de tacler dans la surface, et de marquer des buts… Moi, on m’a toujours appris à marquer des buts. Bernard Lacombe disait qu’à des moments, je jouais avec des boites aux pieds, parce que je n’étais pas du tout technique. Par contre, j’étais intouchable dans la surface de réparation, la précision… Et sur dix ou vingt mètres, je n’ai pas connu un seul joueur qui allait plus vite que moi. Après, j’ai toujours travaillé mes qualités, et je crois que Rolland Courbis l’avait dit, que c’était la différence avec les autres joueurs. Pendant une période, on a eu des grands buteurs qui étaient étrangers, qui ont tous fait une formation à l’extérieur de la France. On n’a toujours pas compris. On a des français qui sont meilleurs buteurs dans les pays étrangers, une fois qu’ils ont quitté la France : pas avant. A part le phénomène Mbappé évidemment. C’est une rentabilité économique depuis la formation, pour amener des joueurs au haut niveau, et qui a plus intérêt de faire ça que… Seulement, ceux qui coûtent les plus chers, ce sont les numéro 10 et les buteurs. Il y a peut-être une politique différente à avoir, que certains clubs ont mis en place… Mais à mon avis pas assez ».
Quoi qu’il en soit, il y a toujours ce travail devant le but, tout au long de sa carrière.
« Oui, c’était ce que je faisais avec mon père après l’école. C’était pour moi le plus important, de reprendre confiance devant le but. Un attaquant, un buteur, ne fonctionne qu’avec l’équipe, mais surtout à la confiance. Quand c’est inné, irréfléchi, instinctif, c’est que vous avez bien bossé. C’est que vous aviez des qualités au départ et que vous avez encore accentué ces qualités parce que vous avez travaillé devant le but tout le temps ».