Gérard Lopez : “Honnêtement, le nombre de fois où j’évite de passer dans le couloir au stade parce que je sais que je vais ouvrir ma gueule si j’y passe…é”

Alors que sa parole était attendue, Gérard Lopez, le Président et Propriétaire des Girondins de Bordeaux, s’est fait désirer. Mais plus que ça, comme il le dit lui-même, il n’aime pas parler pour “brasser du vent”.
“C’est dû au fait que je n’aime pas brasser du vent, donc que ça soit moi ou le reste de la direction on en a parlé et on s’est dit ‘est-ce qu’on prend la parole sur quoi que ce soit ?’. Prendre la parole pour vous avoir ici, que vous posiez des questions pour savoir quel serait l’entraîneur… pour soit rien vous dire, soit pour lancer un peu des fausses pistes… Ce n’est pas trop ce que l’on aime faire. C’est clair qu’on ne va pas se voiler la face, c’est les résultats et la question de l’entraîneur qui est revenue tous les week-ends, toutes les semaines… Donc de m’asseoir avec vous, de faire une conférence ou une interview pour finalement ne rien vous raconter, ce n’est pas particulièrement intéressant pour vous et ce n’est pas intéressant pour nous non plus. Je sais qu’il y a des clubs qui fonctionnent différemment (sourire)”.
Oui, mais après une rencontre qui se passe mal, il est parfois de bon ton de communiquer, non ?
“Non parce que moi je suis d’avis, et ça a toujours été comme ça – et pareil là où je suis passé auparavant – que je porte mes responsabilités… Je sais qu’il y a des gens qui pensent que les joueurs doivent être protégés. Moi je les protège comme il faut, je les traite comme il faut et d’ailleurs j’ai une excellente relation avec tous. Mais ils savent très bien que la réponse sur le terrain, elle est à eux et que je n’ai pas besoin de dire après un match que c’était un match de merde pour être clair, et de dire que finalement non ça va… Quand il y avait un mauvais match, il faut se l’avouer, se le dire, travailler dessus et il ne faut pas créer un genre de faux filtre qui fait que d’ailleurs – et j’ai eu ça dans le passé – quand après ça devient quasiment irréversible la parole ne porte plus parce que finalement vous n’êtes plus entendable. Moi je comprends la frustration et je ne vais pas vous cacher que moi j’ai énormément de frustration étant donné de comment je vis les matches, à ne pas l’ouvrir on va dire (sourire) après un match et à ne pas vider mon sac quelque part sur le résultat, et parfois peut-être pas sur le résultat mais sur la manière alors que cette saison la manière a été plus ou moins OK à part peut-être sur un ou deux matches”.
Ce n’est pas forcément uniquement la parole présidentielle qui est attendue, mais celle du directeur sportif Admar Lopes.
“Ca, c’est un choix, c’est un choix de ma part. Il y a des clubs où les directeurs sportifs parlent – je ne vais pas les nommer – et ça se passe à chaque fois mal, toujours. Et la raison elle est simple, c’est que nous sommes dans un sport où il y a énormément d’égocentrisme donc quand on gagne, si l’entraîneur parle trop, les joueurs ne le prennent pas trop bien… Et imaginez-vous que vous rajoutiez une troisième variable avec le directeur sportif qui va parler quand ça va, quand ça ne va pas… Donc quand il y a un truc à dire, on le dit, que ça soit Admar, moi ou quelqu’un d’autre. Mais c’est bien d’avoir posé la question parce que pour moi c’est frustrant. C’est très frustrant pour moi de ne pas vous utiliser pour faire passer des messages. Après c’est peut être un style mais moi j’aime bien les faire passer en interne et de façon peut être plus musclée, ce que je peux peut être pas faire sur un média car ça doit être un petit peu plus diplomatique en matière de communication. Mais moi je comprends la frustration car je la ressens aussi. Honnêtement, le nombre de fois où j’évite de passer dans le couloir au stade parce que je sais que je vais ouvrir ma gueule si j’y passe… Donc j’ouvre toutes les portes pour passer autour (sourire). Comme je viens de la dire, la non-communication de la direction sportive, c’est un choix. Et la non-communication sur un sujet comme celui-ci, c’est plus pour pouvoir communiquer à un moment donné, pour pouvoir dire quelque chose plutôt que d’essayer d’enterrer les sujets”.