Souleymane Diawara : “Je mange bien, légumes et poisson vapeur, je ne sors plus, je ne bois plus, je ne vois plus de meufs, rien… C’est là que son cerveau a vrillé”

    Chez Kampo, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Souleymane Diawara, s’est remémoré cette anecdote où son entraineur au FCGB, Jean-Louis Gasset, lui avait dit de reprendre “sa vie de bâtard”. L’ancien bordelais s’est souvenu de ce moment dans les moindre détails.

    « A la période de Ronadinho, Jean-Louis Gasset est adjoint de Luis Fernandez, et je crois qu’il avait compris ce truc-là. Luis Fernandez l’avait écarté car il sortait, etc. Il a ce truc, ce côté humain. Il est venu me voir avec sa casquette de travers, sa cigarette (rires). Il m’a demandé ce qui se passait, parce qu’à mon arrivée, j’étais nul… Il fallait que je me réadapte au championnat français en arrivant d’Angleterre, même si je n’étais resté qu’une saison. Mon agent à l’époque me dit que c’est Laurent Blanc, donc les conneries que je faisais, j’arrête… C’est ce que j’ai fait. Je vivais à l’hôtel, et j’avais mes petits légumes à la vapeur… Je n’ai pas l’habitude, j’ai l’habitude du piment (rires). Ce n’était pas moi quoi, je me couchais tôt, je m’ennuyais. A l’entrainement je n’étais pas bien. Mon premier match contre Le Mans, on perd 2-0, Le Tallec qui met un doublé à cause de moi… Gasset, il en a marre, ils sont venus me chercher… Il me convoque. ’Bon, mon petit, qu’est-ce qu’il y a ? On a recruté le grand-père de Souley ou bien ?’. Je lui dis que je suis désolé, que je vais tout faire pour me rattraper. ‘Qu’est-ce qui se passe dans ta vie ?’. Je mange bien, légumes et poisson vapeur, je ne sors plus, je ne bois plus, je ne vois plus de meufs, rien… C’est là que son cerveau a vrillé en fait. Il me dit ‘écoute ce que je vais te dire, tu as besoin de sortir, d’évacuer, de faire la fête, pour être bon. On est jeudi soir, apparemment ça bouge le jeudi soir à Bordeaux, soirée infirmières non ?! Ce soir, je veux te voir mort’. Je me dis qu’il est fou, il me prend pour un bleu… Je le regarde, et je lui demande s’il est sûr. Il se lève, et me dit ‘je veux te voir mort, bourré’, et il me ferme la porte au nez’. Je réfléchis, je me dis que c’est un piège. J’arrive à l’hôtel, je m’ennuie, j’appelle deux ou trois potes à moi, des vrais supporters girondins en plus. Ils me disent que je suis fou, que j’ai match contre le PSG le dimanche… Cela faisait trois mois que je me reposais, j’avais trop d’énergie, il fallait que j’évacue. On sort… J’ai passé une excellente soirée ».

    Résultat, comme demandé, le lendemain, ‘mort’.

    « Le lendemain matin, je vais à l’entrainement, un quart d’heure avant. Je mets mes bottes, je suis dans la salle de kiné, je dors… Gasset arrive, il serre la main à tout le monde, et il me saute… Je me dis que je me suis fait avoir, que je suis un con, même si j’ai passé une bonne soirée quand même (rires). Il ne me calcule pas de la matinée. C’est là qu’il est fort… Le lendemain, il ne me calcule pas non plus. Dimanche, je me dis que j’ai intérêt à sortir un match… Là, c’était soit fini pour moi, soit c’était le début. On gagne 3-0. Corner, je monde, but. Dans ma tête c’est parti, ça va être mon match. Hoarau, même s’il faisait dix mètres, rien… Erding qui prend la profondeur, rien… On arrive dans le vestiaire, tout le monde s’applaudit. Je cherche quand même le regard de Jean-Louis Gasset (rires). Il parle, il est occupé… Je vais au bain froid, je reste, et Jean-Louis rentre. Il me regarde et il rigole. Ça m’a fait plaisir, c’est comme mon père Jean-Louis…. Et c’est là qu’il me dit ‘à partir de maintenant, tous les jeudis, je veux te voir bourré’ (rires). A partir de là, j’étais moi-même, et je suis monté en puissance ».

    Retranscription Girondins4Ever