De Tavernost, 2ème partie

    Deuxième partie de l’interview exclusive de Nicolas de Tavernost, par Chronofoot.com.

     

     

    Chronofoot: Pourquoi M6 ne s’est jamais intéressé à acheter les droits de la Ligue 1 ?

    Nicolas de Tavernost: Tout simplement parce que nous n’en avons pas les moyens ! Vous avez calculé combien ça coutait de diffuser la L1 ? 660 millions d’euros environs. C’est deux fois le budget de M6. Grosso modo, on pourrait diffuser la moitié du championnat et fermer le reste du temps. Ce n’est pas ce que je propose aux téléspectateurs de M6. Le football est un produit de luxe pour les télés. Donc dans des périodes de crise, je dis attention. Et ça fait plusieurs années que je dis ça. J’ajoute que les diffuseurs payants ont besoin du football. Le football ne va pas disparaître des écrans. Le foot est un programme qui intéresse mais il y a un point d’équilibre à trouver, et j’espère que ce sera fait au mieux des intérêts du football, mais ça ne sera pas simple.

     

     

    M6 propose assez peu de football en dehors de quelques matches de l’équipe de France et un magazine programmé très tard le dimanche soir. Pourquoi une heure si tardive d’ailleurs ?

    Je rappelle qu’il vaut mieux que le match soit fini pour le commenter. Mais nous avons un autre programme en deuxième partie de soirée le dimanche et nous n’allons pas entrer en concurrence avec Canal Plus sur l’équipe du dimanche. Puis nous avons tout de même quelques matches de l’équipe de France, qui reste la crème du football.

     

     

    La crème du football, c’est plutôt la Ligue des Champions.

    Les matches de l’équipe de France, c’est ce qui plait le plus. C’est ce qui fait le plus d’audience. Notre métier, c’est de plaire au plus grand nombre dans les programmes que nous proposons. Quand on diffuse des matches de l’équipe de France pour des qualifications ou même pour l’Euro 2008, nous faisons un effort tout à fait important dans le football. Nous venons d’ailleurs de répondre de manière conjointe avec TF1 pour les droits de diffusion de l’Euro 2012 et 2016. Nous avons aussi l’Europa League sur les antennes de W9 et la finale sur M6. On n’a pas tout le football, mais on du football. Aucune télévision en clair ne peut se payer la Ligue 1. En ce qui concerne la Coupe de la Ligue et la Coupe de France, nous n’y avons pas un intérêt majeur. On va dire que la FFF ne nous encourage pas aller dans ce sens, au vu de nos relations difficiles avec elle.

     

     

    Et pourquoi pas la Ligue des Champions ?

    Je ne dis pas non, mais la Ligue des Champions est sous contrat avec deux diffuseurs (TF1 et Canal Plus, ndlr). La Ligue des Champions, nous verrons ce que l’on fera pour le nouvel appel d’offres.

     

     

    Quel est votre regard sur la menace de boycott de Canal Plus sur le prochain appel d’offres de la Ligue pour les droits de diffusion du championnat de France ?

    Je ne vais pas m’exprimer sur un appel d’offres. Tout d’abord parce que nous sommes parti prenante avec les Girondins, puis nous sommes concurrents sur la diffusion du football avec M6. Chacun a sa propre politique. Simplement, ce que je reproche au football, c’est qu’il est imprévoyant. Au moment où il y avait TPS puis ensuite Orange, il y a eu une vraie compétition pour la diffusion du football qui a permis de faire monter les droits. Mais les organisations représentatives du football, dont Bordeaux ne fait pas partie, ont été imprudentes et peu prévoyantes. Aujourd’hui le football se retrouve au pied du mur, c’est donc à lui qu’il appartiendra de régler cette difficulté. Et la gestion des clubs devra en tenir compte. Il y aura une crise du football professionnel. J’en suis convaincu. Et cette crise servira à se poser des vraies questions qui n’ont pas été posées à ce jour.

     

     

    Vous pensez à quoi ?

    Le nombre de clubs, le fair-play financier. Je rappelle que Bordeaux a été le seul à voter le passage à 18 clubs. J’étais aussi partisan de faire un fond de réserve pour être plus serein lors des appels d’offres. Mais rien n’a été fait. L’argent venu des appels d’offres a masqué pendant plusieurs années des problèmes qui n’ont jamais été réglés. Il y a aussi la question de Monaco qui se pose. Ce cas mérite d’être examiné.

     

     

    C’est-à-dire ?

    Je n’ai rien contre Monaco qui est un grand club. Il démontre d’ailleurs que l’argent ne fait pas tout. Je dis simplement que chacun doit concourir avec les mêmes règles.

     

     

    M6 a eu des petits soucis avec la FFF qui a empêché les joueurs de répondre aux questions d’après-match face au Luxembourg. Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Nicolas de Tavernost: J’ai toujours un petit souci avec la FFF. J’ai été voir le président de la Fédération pour lui dire que ça me semblait bizarre qu’en France on ne puisse pas interroger un joueur ou un entraineur à la fin d’un match quand on a régulièrement les droits. Il ne l’a pas entendu. Pour des raisons commerciales, il veut qu’on mette des panneaux publicitaires derrière, qui ne sont pas totalement justifiés, ni dans la pratique, ni dans le droit d’ailleurs. Nous n’avons pas accédé à cette demande. Pourquoi pas non plus nous déguiser en homme-grenouille pour interviewer les joueurs ! Cette décision n’a pas de sens. Nous allons faire valoir nos droits en justice. C’est tout.

     

     

    Source : Chronofoot.com