FBK : “On doit rester solidaires”

     

    Fahid Ben Khalfallah répond aujourd’hui à Afrik.com. Il nous parle notamment de Bordeaux, de Lille, et de la Tunisie. Propos.

     

    Afrik-foot : Fahid, ce 0-0 face à Arles-Avignon, c’est une déception ?

    Fahid Ben Khalfallah : Une TRÈS grosse déception. Sans manquer de respect à Arles-Avignon, il nous fallait les trois points. Face à la lanterne rouge, à domicile, on devait gagner. Mais bon, on n’a pas été bons. Sur la physionomie du match, on ne mérite pas mieux : on ne se crée pas d’occasion, on ne met pas de rythme… C’est très décevant.

     

     

    Est-ce qu’on peut dire que vous avez touché le fond sur ce match ?

    Si on avait perdu, oui. Mais là, on a fait match nul. Contre le dernier, certes, et c’est dur… Mais il ne faut pas se cacher. On doit rester solidaires.

     

     

    Comprenez-vous les critiques ?

    Oui, bien sûr. Un club comme Bordeaux se doit d’être parmi les premiers. Là, on est dans le ventre mou. Chaque fois qu’on a l’occasion de remonter, on rate le coche. Sur la dernière journée, par exemple, les résultats nous sont favorables, il n’y a que le PSG qui a gagné. Au final, on enchaîne les contre-performances qui nous empêchent de nous rapprocher. Les critiques, c’est normal, ce n’est pas du tout la saison qu’on espérait.

     

     

    Les moqueries du public en fin de match sont-elles dures à entendre ?

    Mais ils ont raison ! A domicile, nous perdons trop de points. Sur quelques matches, effectivement, on a montré de belles choses. Mais, dans l’ensemble, franchement… C’est trop facile de faire les beaux quand on est en haut. Il faut accepter les critiques quand on est en bas. Et, pour éviter ça, il faut montrer de quoi on est capables sur le terrain. Il faut donner envie aux supporters de nous supporter.

     

     

    Alou Diarra parlait de “manque d’implication”, Cédrid Carrasso d’un “sentiment de frustration” : vous êtes d’accord avec eux ?

    C’est rageant, c’est sûr. On a des qualités. Si on n’avait pas de qualités, on accepterait. Mais 80-90% de l’effectif actuel était là quand on a été champions de France et l’année dernière. Il faut qu’on se bouge, ce n’est pas normal de perdre autant de matches.

     

     

    Est-ce que Jean Tigana est toujours l’homme de la situation ?

    Mais il faut arrêter avec ça ! C’est nous, les joueurs, qui sommes sur le terrain. C’est nous les premiers fautifs. Je ne suis pas le premier à le dire, cela se passe bien. Les six derniers mois, avec un autre entraîneur, avec Laurent Blanc, ce n’était pas mieux. C’est nous les premiers concernés, c’est à nous de montrer ce que l’on vaux sur le terrain.

     

     

    Cela se passe bien entre vous ?

    Je n’ai aucun problème avec Jean Tigana. Et personne d’autre dans le groupe d’ailleurs. C’est lui qui m’a fait venir. Il n’y a pas de problèmes. Les six derniers mois ont été difficile mais il ne faut pas se cacher derrière ça. Il y a une bonne ambiance dans le groupe. Bien sûr, il y a de la déception devant les résultats… C’est peut-être ça, d’ailleurs, on devrait peut-être, de temps en temps, se taper dessus, histoire de se réveiller.

     

     

    Mais d’où viennent tous ces problèmes ?

    Si j’avais la solution, cela ferait longtemps que je l’aurais dit. Franchement, je ne sais pas. C’est peut-être un problème dans nos têtes. Il faut avoir envie. Il nous faut montrer plus de détermination. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je l’ai dit, l’effectif a de la qualité mais on ne se bouge pas assez. On a besoin de plus d’application, de plus d’implication.

     

     

    Et il faudra le montrer contre Lille, que vous affrontez ce week-end…

    Ce ne sera pas un match facile. On a la motivation mais si on sait que ce sera compliqué. Lille est leader : c’est une très belle équipe, la meilleure du moment. On va souffrir mais on va dans le Nord pour y faire un gros résultat. On va là-bas pour gagner. On a des qualités, même si on aura quelques absents. On va souffrir, c’est sûr mais on n’a pas perdu depuis trois matches, même si ces matches nuls ne nous font pas avancer.

     

     

    Parlons un peu de la sélection tunisienne : la Coupe d’Afrique des Nations reste-t-elle un objectif ?

    Il le faut ! Nous sommes actuellement troisièmes, cela va se jouer entre nous et le Malawi. Il va y avoir cette confrontation directe qui sera décisive. Cela va être compliqué mais ce ne serait pas normal qu’on ne se qualifie pas. Un énorme accident de ne pas aller à la CAN. C’est bizarre, on avait un groupe à notre portée, cela devait se jouer entre nous et le Togo et c’est le Botswana qui passe… Les équipes africaines sont en progrès mais nous avons toujours les cartes en main. Il reste trois matches, trois matches à gagner.

     

     

    Comment expliquez-vous les difficultés actuelles des Aigles de Carthage ?

    On n’a jamais travaillé dans la continuité : il y a eu des changements d’entraîneur, puis des changements à la fédération… Sur le terrain, les joueurs sont fautifs mais en dehors… Il n’y a pas de stabilité. C’est sûr que l’élimination de la Coupe du monde 2010 nous a fait très mal. Surtout à moi. Et puis il y a eu cette CAN 2010 catastrophique… Maintenant, on est en train de reconstruire mais c’est compliqué. Il n’y a jamais les même joueurs, on a pas mal de blessés et donc de nouveaux.

     

     

    Pourquoi est-ce que cela n’a pas marché avec Bertrand Marchand ?

    On ne lui a pas laissé le temps. En sélection, ce n’est pas évident : il faut des résultats immédiats mais également travailler sur le long terme. Là, la fédération ne l’a pas laissé tranquille. Et surtout, il avait de mauvaises conditions de travail. Pourtant, cela se passait bien au niveau du groupe, il apportait beaucoup. Mais on ne lui a pas laissé sa chance : les éliminatoires de la CAN ont commencé en juillet, en plein milieu des vacances, l’effectif était décimé, quand on se rend au Botswana, il manque une dizaine de joueurs, il n’y avait quasiment pas de professionnels… Il n’a pas été aidé alors que nous étions en pleine phase de reconstruction. C’est dommage, la Tunisie mérite de redevenir une grande nation de football.

     

     

    Comment avez-vous vécu les événements du début d’année en Tunisie ?

    C’est une fierté. On ne s’y attendait pas et puis, là, c’est exceptionnel. Surtout que plein d’autres pays ont suivi le même chemin. C’est quelque chose de beau. Maintenant, j’espère que cela n’aura pas servi à rien. La Tunisie est un pays magnifique qui mérite d’être vraiment libre. J’ai vécu cela de loin puisque je suis en France mais j’ai toujours de la famille là-bas et j’espère vraiment que la démocratie va arriver. Pour tout le peuple, il faut que les richesses soient partagées, qu’il y ait moins de pauvreté et que les gens puissent s’opposer s’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement. Il ne faut plus que ce soient toujours les mêmes qui s’en mettent plein les poches.

     

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