FBK: « Montrer enfin mon vrai visage »
L’international tunisien Fahid Ben Khalfallah s’est confié au site Goal.com, et établit un bilan de sa première saison sous les couleurs bordelaises, un constat qui s’apparente à celui du club. Il revient notamment sur la dernière prestation à Lille, motif d’espoir pour cette fin de saison ( … ou pas ! ). Il termine en évoquant également la sélection tunisienne.
Comment est l’ambiance au sein du groupe ?
Fahid Ben Khalfallah : L’ambiance entre les joueurs est plutôt pas mal. Même si les résultats ne sont pas bons. On essaye de rester soudés et concentrés sur les matches qui nous restent.
Le nul obtenu face à Lille (1-1) a dû ramener un peu de sérénité au sein du vestiaire ?
Oui, contre le LOSC a réalisé une assez bonne prestation. Cela dit, il y a quand même de la déception car on aurait pu gagner ce match.
Vous vous êtes vous dit après ce résultat, que ca pourrait être un nouveau départ, ou bien, au regard de votre irrégularité cette saison, vous restez mesurés ?
C’est vrai que cette saison, on a manqué un peu de régularité face à des équipes de tableau, mais là le calendrier qui reste nous propose de grands matches et on va tenter de faire de notre mieux.
Maintenant que votre maintien est quasi acquis, et l’espoir d’une qualification européenne étant quasi envolé, comment allez vous trouver la motivation pour ces derniers matches ?
On n’a pas le droit de lâcher, c’est ce qu’on se dit. C’est vrai que l’Europe ca sera difficile d’aller l’accrocher, mais il faut rester mobilisé. On joue dans un grand club, et il faut se battre jusqu’au bout.
Revenons a ce match contre le LOSC, pensez vous que cette bonne prestation est le fruit d’un sursaut d’orgueil après ce qui vous êtes arrivé contre Arles-Avignon (1-1) ?
Ce match contre Arles-Avignon, on l’a attaqué dans le but de le gagner. Maintenant, ça n’a pas été suffisant. Face à Lille, on était donc un peu sous tension après cette contre-performance. Mais on a su bien réagir. Dommage qu’on n’ait pas pu glaner les trois points.
Comment avez-vous vécu les moqueries de la part du public lors de ce match à domicile contre Arles-Avignon ?
Ca ne fait jamais plaisir, mais il faut l’accepter. Même si c’est dur. On sait qu’on n’a pas été à la hauteur.
Et concernant les déclarations du président, ca a dû vous secouez un peu, n’est-ce pas ?
Oui, mais il est dans son droit. Il a raison de critiquer lorsque les choses ne vont pas bien. C’est le patron, c’est lui qui dirige le club. Quand il est déçu, il a complètement le droit de s’exprimer. Lorsqu’on est dans un club comme Bordeaux, on se doit d’avoir un certain comportement sur le terrain et lors de ce match contre l’ACA ça n’a pas vraiment été le cas.
Dans quel état d’esprit est-on, lorsqu’on se retrouve à la fois pointé du doigt par la direction, l’entraîneur et les supporters ?
Nous les joueurs, on sait qu’on est les premiers concernés vu qu’on est sur le terrain. Après, c’est à nous de faire en sorte que ça change et se donner beaucoup plus sur le terrain.
Qu’est ce qui explique vraiment l’inconstance que vous avez eu tout au long de cette saison ? Parce qu’on vous a vu réussir parfois de très bons matches face aux grands, et être méconnaissables face à des équipes de seconde zone.
Oui, c’est vrai. Mais je pense que c’est dans la tête. Quand on regarde nos résultats on a été plutôt bons face aux grandes équipes et on a perdu énormément de points face à des formations mal classées. C’est peut-être une question d’envie aussi. Face aux « gros », on a probablement préparé les matches d’une manière différente mentalement. Je pense que c’est ça. Parce que la qualité, il y en a dans ce groupe. Maintenant, je pense que si on avait les solutions, on aurait déjà changé les choses. Voilà, à présent, il faut essayer de finir de la meilleure manière possible. Il faut aborder les matches avec le même état d’esprit, que ça soit face à Arles ou contre Lille.
Vous qui avez évolué dans une équipe de milieu de tableau (Valenciennes) et celle du bas (Caen), avez-vous vraiment l’impression d’avoir franchi un palier en venant ici à Bordeaux ou avez-vous l’impression de stagner ?
Non, non. C’est sûr que quand on rejoint un club comme Bordeaux, on franchit un palier. De toute façon, c’est un grand club. L’un des plus grands en France. Là-dessus, il n’y a aucun doute. Par rapport à la pression qu’il y a autour, l’obligation des résultats et tout, c’est sûr qu’il y a une progression à ce niveau là.
Sur le plan personnel, comment évaluez vous cette première saison chez les Girondins ?
Un peu déçu, parce qu’honnêtement j’aurai aimé apporter beaucoup plus. Je sais que je peux apporter beaucoup plus. Maintenant, sur le plan collectif aussi ça n’a pas vraiment été satisfaisant. Après, il faut aussi prendre ses marques. C’est une saison où j’ai aussi appris pas mal de choses. Mentalement, on apprend à vivre dans un grand club. Je ne suis pas satisfait de ma saison, et c’est à moi de faire en sorte que ça change. Je travaille pour. Afin de pouvoir montrer enfin mon vrai visage.
Vous n’avez donc aucun regret par rapport au fait d’être venu à Bordeaux ?
Non, franchement pas du tout. C’est un rêve de signer dans un grand club et je suis vraiment dans un grand club. Ca, là-dessus, il n’y a vraiment aucun problème.
Vos difficultés d’adaptation au début, comment les expliquez vous ? Par la pression qu’il y avait autour ?
Lorsqu’on arrive dans un nouveau club et qu’on change de méthodes de travail, ce n’est jamais facile de s’adapter rapidement. En plus, je suis arrivé sur la fin du mercato. Beaucoup de choses changent et il faut un temps d’adaptation. Y a aussi l’attente qui est différente. Le début de saison a donc été compliqué, mais petit à petit c’est allé mieux. Mais, je sais que je peux faire beaucoup mieux.
Un mot sur le prochain match contre l’ASSE, comment le voyez-vous ?
C’est une équipe qui est devant nous. Ils ont trois points de plus, si on les bat on les rejoint. Et avec un peu de chance, cette sixième place peut être qualificative pour l’Europe. Il ne faudra pas gâcher cela. Maintenant, voilà, c’est vrai que c’est un beau match à jouer contre une belle équipe. Il faudra réaliser le même genre de prestations qu’on a fait contre Lille, en essayant d’avoir cette fois-ci la victoire au bout. On en sera ravi.
Un mot sur la sélection tunisienne. Vous pensez toujours à une qualification pour la CAN ?
Oui, de toute façon il le faut. La deuxième place va se jouer entre nous et le Malawi. Rater la Coupe d’Afrique pour la Tunisie, franchement ça serait honteux. Maintenant, il ne faut que parler. Il faut agir. Il nous reste trois matches. Si on les gagne, on est qualifié. Mais on ne sait que ce n’est jamais évident d’aller jouer nos concurrents directs. Mais on a encore les cartes en main. A nous d’en faire en sorte donc qu’on se qualifie pour le bien du pays. C’est clair que c’est vachement important.
Tout comme Bordeaux, la sélection connait un petit déclin depuis quelques années. A quoi est ce du selon vous ?
C’est qu’il n’y a pas de stabilité. On a changé d’entraîneurs pas mal de fois, et je pense que l’élimination de la Coupe du Monde a fait très mal. Après, il y a eu beaucoup de changements, un bureau fédéral qui a été modifié. Il y a eu Bertrand Marchand en place, et il a été viré sans trop de raisons.
Vous regrettez ce limogeage de Bertrand Marchand ?
Oui, je regrette cette décision dans le sens où, comme je l’ai toujours dis, lorsque les équipes n’ont pas de bons résultats, ce sont toujours les joueurs les premiers fautifs. Après c’est vrai que c’est arrivé dans un contexte délicat. On a joué contre le Botswana à domicile et on a perdu, mais c’est un match qui avait lieu le 1er juillet lorsque tous les joueurs évoluant en Europe étaient en vacances. C’est nous les joueurs qui sont donc les premiers fautifs. Maintenant, il y a un nouvel entraîneur de l’aider en mieux et essayer de se qualifier pour cette CAN.
Et êtes vous optimiste pour l’avenir de la sélection ?
Oui, bien sûr, parce qu’il y a de la qualité. Maintenant, ce qui est rageant c’est que depuis trois, quatre ans, il n’y a aucun résultat. Et c’est dur, parce que c’est une belle nation du football africain. Et aujourd’hui devenue une nation que je qualifierai de normale. On a du mal à battre des équipes comme le Botswana et le Malawi alors qu’avant on ne se posait pas ces questions-là. Il faut essayer de retrouver cette productivité. Mais bon, il faut du temps.