Conférence de Bedouet

    Le site officiel retranscrit l’intégralité de la conférence de presse d’Eric Bedouet hier :

     

     

     

     

    Vous avez de nouvelles fonctions. Comment s’est passée cette prise de contact ?

    Ce n’est pas facile. C’est une situation embêtante pour moi aussi. Quand on travaille avec quelqu’un et que cette personne s’en va, on a toujours une part de responsabilité. Je suis au service du Club. Ce n’est pas la 1ère fois que cela arrive. Le métier ne change pas sauf que je suis un peu plus exposé.

     

    Ce qui est nouveau, c’est que vous allez pouvoir choisir les joueurs que vous voulez faire jouer.

    Il y a 4 matches à disputer et donc 4 compositions d’équipe à faire. Elles tiendront compte de plein de paramètres, pas seulement de mes goûts et de mes préférences. Il y a des joueurs en fin de contrat par exemple. Il faut arriver à aligner une équipe équilibrée, performante et surtout à être heureux. Le foot est un métier extraordinaire. Je le rappelle souvent aux joueurs. Même si nous traversons des moments difficiles comme les 30 premières minutes du match contre Sochaux, il y a des choses plus graves dans la vie. Il faut savoir vite se relever. Il y a un très bon groupe mais il y a des petites choses à régler. En début de saison, Jean Tigana a dû changer de système de jeu, ce qui est très difficile au niveau technique.

     

    Son départ était-il inéluctable ?

    Non. Jean est intègre et très professionnel. C’est quelqu’un de bien. J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Il a découvert de nouvelles mentalités en début de saison, ce qui l’a perturbé. Mais il a mis de l’eau dans son vin et il s’est assoupli. Nous avons senti à l’intérieur du vestiaire que l’histoire avec sa fille l’a beaucoup marquée.

     

    Les prestations n’ont pas été exceptionnelles depuis le début de la saison. La mayonnaise n’a pas véritablement pris entre lui et son groupe.

    Je ne le vois pas comme cela. Au début, il avait un fonctionnement dur et après, il s’est assoupli. Dans un groupe, il y a toujours des joueurs contre l’entraîneur mais nous n’avons pas senti quelque chose de plus qu’avant, avant ce match contre Sochaux. Au contraire.

     

    Il a quand même proposé 4 fois sa démission cette saison. Cela ne signifie-t-il pas qu’il y a un malaise quelque part ?

    Oui, certainement. La mentalité du footballeur a changé. Partout. Tout le monde le dit. Il a arrêté quelques années et peut être que de prendre cela en pleine tête, ça a été dur. Il y a eu plein d’épreuves difficiles à vivre. Jean est venu avec l’idée de rendre aux Girondins de Bordeaux ce qu’ils lui ont donné. Cela partait d’un bon sentiment et était honorable. Je trouve cela dommage qu’il arrête et je le lui ai dit. Je pense que l’histoire avec sa fille l’a fait passée de l’autre côté.

    Dans le vestiaire, comment cela s’est-il passé ? Nous avons senti des joueurs différents, vu plus de sourires. Vous aussi ?

    Nous avons eu des discussions. Le Président a beaucoup parlé hier et aujourd’hui. Moi, j’ai fait court. Je veux des joueurs souriants et qui se défoncent sur le terrain. Je veux que nous donnions une bonne image. Je ne demande pas plus. Qu’il y ait une cohérence dans le jeu, c’est normal, mais cela arrive de faire des erreurs. Je veux que les joueurs donnent le maximum. Il faut bien vivre ensemble et se défoncer le jour du match.

     

    Cela veut-il dire que ce n’était pas le cas ?

    Si mais il faut insister. Nous traversons une période difficile. Nous prenons 4 buts, ce qui arrive rarement. Les joueurs sont marqués. L’objectif est de faire beaucoup de jeu, prendre du plaisir à jouer même si nous nous sommes faits un petit peu critiquer par les supporters. Nous n’avons pas été bons, c’est normal.

     

    Quelle philosophie de jeu allez-vous prôner ? Allez-vous avoir le temps de changer en 4 matches ?

    Non. Il faut commencer par être heureux ensemble et bien faire notre métier. Si les joueurs arrivent au centre d’entraînement, sont heureux de voir les copains, de passer un moment ensemble, de souffrir aussi un petit peu, c’est bien. Nous avons toujours eu une bonne ambiance. Il reste 4 matches et il faut se focaliser dessus.

     

    Qu’attendez-vous de Philippe Lucas et Lilian Laslandes ?

    Je n’ai jamais travaillé avec Philippe mais je le connais bien. Il connaît le milieu et va arriver avec des yeux neufs. Lilian, je l’ai vu dans des situations difficiles et je sais qu’il est costaud. Ce matin (lundi, ndrl), il a eu des discussions avec les joueurs. J’ai voulu qu’ils prennent la parole. Je suis imprégné au sein du groupe et eux étaient à l’extérieur mais nous avons les mêmes idées.

     

    Depuis votre arrivée, est-ce l’année la plus pénible ?

    Oui, la plus dure. J’en profite, puisque je ne suis pas souvent face à la presse, pour embrasser très fort Dominique Dropsy. Nous sommes tous derrière lui et nous souhaitons tous que cela se passe très bien pour lui. Cette nouvelle nous a mis le moral en l’air. A part ce qui arrive à Dominique, nous aurions pu surpasser le reste. Nous avons eu des périodes exceptionnelles par le passé. Il y a le retour du bâton. Pendant une période, même avant de jouer, nous avions déjà les 3 points. Dans les moments actuels, comme dans ceux que nous avons vécus en 2005, nous souffrons mais nous en sortirons beaucoup plus forts. Ceux qui ont déjà vécu cela le pensent. On ne peut progresser que dans la difficulté.

     

    Des joueurs vont-ils être relancés ? Quel est votre état d’esprit ?

    Je ne peux pas arriver comme cela et dire « j’ai mon équipe préférée et je l’aligne ». Il y a des obligations à respecter, je dois tenir compte de plein de paramètres et arriver à trouver un équilibre dans l’équipe que nous allons aligner. C’est difficile. Des joueurs auront certainement leur chance mais peu importe le choix des joueurs en fin de compte. Je veux qu’ils donnent une bonne image et se mettent parterre. Des joueurs ne commenceront peut être pas le match mais nous le ferons gagner en entrant en cours de jeu.

     

    Vous allez rencontrer une équipe qui va vous rentrer dedans puisqu’elle joue sa peau sur ce match. Avez-vous du répondant ?

    J’ai confiance. Je pense que nous sommes capables de faire de très bonnes choses. Nous l’avons prouvé. Notre match à Lille était très intelligent. Nous avons changé de structure de jeu parce que nous ne pouvions plus jouer de la même façon. En début de saison, je savais que cela allait être très difficile parce que nous passions d’une situation où nous jouions très offensif à une situation où nous jouons plus bas et en contres. Maintenant, il faut avoir des attitudes défensives agressives pour récupérer le ballon et se projeter vers l’avant. C’est un autre style de jeu.

     

    Aviez-vous les joueurs pour évoluer dans ce système ?

    Ce n’est pas facile. Il faut trouver un équilibre. C’est pour cela que la saison a été compliquée. Nous ne sommes pas loin de quelque chose de bien mais nous n’avons pas trouvé l’équilibre. C’est pour cela que Jean a changé beaucoup de choses. Dernièrement, il sentait que l’équipe était costaud et nous prenons 4 buts en demi-heure. C’est incompréhensible.

     

    Vous avez dit que vous aviez parlé à Jean…

    Oui. J’ai toujours eu de très bons rapports avec les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé. J’ai eu cette chance à Bordeaux, et j’espère que cela continuera, de travailler avec des gens très biens. Jean avait un fort caractère mais cela ne m’a pas empêché d’avoir de bons rapports avec lui. Il était agréable à travailler et à vivre.

     

    Est-ce facile de se mettre dans la peau du « grand chef » ?

    Je ne me considère pas du tout comme cela. C’est l’équipe qui réussira. Je suis tributaire des joueurs. Nous avons souhaité que quelqu’un du club vienne en renfort dans le staff. Je veux m’entourer de gens compétents et biens.

     

    Seriez-vous tenté de prendre la succession ?

    Je suis un homme de l’ombre et je le resterai. Je ne suis pas candidat à la succession, sinon je l’aurai fait depuis longtemps. C’est un autre métier. En tant que préparateur physique ou adjoint, je peux me permettre d’avoir certaines discussions avec les joueurs. Quand on est n°1, il y a des choses qu’on ne peut plus faire. Avec Jean, nous étions 2 et c’était difficile de gérer tout le groupe.

     

    La décision de faire appel de votre suspension était nécessaire finalement ?

    Oui. J’étais très déçu de cette sanction et je suis très content de cette décision. Je n’avais rien dit et je ne méritais absolument pas cela.

     

    Quand on devient n°1, les rapports avec les joueurs changent-ils ?

    Oui. Je suis obligé de changer. Certains joueurs ne seront pas du déplacement et je vais peut être faire davantage attention à eux. A un moment donné, je peux faire appel à eux.

     

    A part Diarra qui est suspendu, y a-t-il d’autres absents ?

    Jussiê a un peu mal au dos et Chalmé s’est fait mal à une épaule mais cela devrait aller pour mercredi.

     

    Que peut-on vous souhaiter pour ces 4 matches ?

    Que nous ayons plaisir à vivre ces 4 matches ensemble. Nous devons être sereins. Il est possible que le match à Lens soit difficile mais il faut être conquérants sur le terrain et faire les choses ensemble. Nous avons des joueurs de talent qui ont vécu une saison difficile. Michel Pavon, Dominique Dropsy et Jean Tigana sont partis. Ce sont des choses qui ont plombé l’équipe. Cela a aussi joué. Un joueur, c’est costaud et fragile à la fois.