Triaud « Conserver les meilleurs »

    Troisième et dernière partie du bilan de Jean-Louis Triaud. Le président bordelais évoque plus particulièrement l’avenir des Girondins de Bordeaux, que ce soit d’un point de vue général, et financier, mais aussi sur le staff et le futur entraîneur, et les transferts de joueurs.

     

     

     

     

    Vous avez évoqué une fin de cycle. Cela veut-il dire qu’il faut donner un grand coup de balai dans l’effectif ?

     

    Jean-Louis Triaud : Pour donner ce grand coup de balai, il faudrait que nous ayons des propositions. Malheureusement, vu les finances globales du football français et européen et compte tenu des performances de certains cette saison, cela ne se bouscule pas au portillon. Ce ne serait pas mal de renouveler un peu l’effectif mais encore faut-il avoir comblé les trous envisagés pour le budget à venir.

     

    Justement d’un point de vue économique, est-ce une très mauvaise saison ?

    C’est la 2ème mauvaise saison. Sur la fin de cette saison, nous envisageons un déficit de 7 à 8 millions d’euros.

     

    Est-ce que cela signifie que l’année prochaine sera une année de disette ?

    Au vu des contrats en place, si nous terminons dans les six premiers pour la saison 2012, nous perdrons encore 17 millions. Quand on parle de renouvellement, on parle d’apports extérieurs. Cela passe absolument par des ventes. Dans le cadre de renouvellement, nous pouvons aussi compter sur les retours de prêts. Par exemple, pour beaucoup de personnes, Henri Saivet est un futur grand. Il a joué pendant 6 mois à Angers. Il faut voir ce que les entraîneurs peuvent en attendre. Le football attend une réponse sur les droits TV. J’attends des chiffres décevants. Des clubs annoncent des pertes en cours de saison. Comment ces clubs vont s’en sortir ? Nous avons la chance d’avoir M6. Il faut admettre de traverser une saison de transition afin de repartir avec des bases plus solides que nos concurrents dans une période où ne serions moins mal que les autres.

     

    Vous annoncez donc aux supporters une saison de transition. Est-ce que l’actionnaire a une telle envie ?

    Quand il met la main au portefeuille et que nous n’atteignons pas nos objectifs, il est en droit de vouloir souffler un peu pour que les résultats suivent. Ce n’est pas tout à fait le cas depuis 2 saisons. Cette année, nous devons être raisonnables.

     

    Cette saison décevante a-t-elle tendu les relations entre le Club et M6 ?

    Pas du tout. Nous vivons les mêmes déceptions. Vous imaginez bien qu’ils ne peuvent pas être heureux d’une telle situation. Ce n’est pas pour autant qu’il y ait le moindre soupçon de reproche. Ils sont intelligents.

     

    Vous n’avez pas de pression de la part de l’actionnaire ?

    Ils me mettent d’autant moins de pression qu’ils savent très bien que je cèderai ma place à qui veut la prendre.

     

     

     

     

    Est-ce que les déceptions de cette saison vous ont affecté au point de vous dire : à quoi bon ?

    Je poursuis pour le plaisir, pour accompagner M6 dont je suis responsable de la venue au Club. Cela reste une compétition. D’un point de vue humain, on peut comprendre que les résultats ne soient pas au rendez-vous. Cela complique les choses en matière financière. D’un point de vue sportif, il faut admettre que les résultats ne soient pas là. Les conséquences financières sont plus embêtantes.

     

    Est-ce que vous réfléchissez à une autre méthode de management salarial avec des primes plus importantes mais un salaire fixe plus faible ?

    Ce serait l’idéal. Quand je lis la presse, je vois qu’il y a un seul bordelais dans les 20 joueurs les mieux payés. Tous les autres sont parisiens, marseillais et lyonnais. Les joueurs parlent entre eux. Nous n’avons pas une équipe chère. Elle l’est trop par rapport aux résultats. Qu’en est-il de Paris qui n’a pas joué la Champions League depuis plusieurs années. Il est évident que nos meilleurs joueurs gagneraient plus dans d’autres clubs. Dassier disait qu’il voulait recruter des joueurs de qualité, pas chers et prêtés. Si tel est le cas, ils restent dans leur club. Il est plus facile de trouver la perle rare de temps en temps que d’en trouver 11 !

     

    Donc, le nouvel entraîneur doit ramener sur une durée de 2 ou 3 ans le club là où il doit être ?

    Absolument. En France, la DNCG est bien présente. Quand Valence recrute Rami, Jonas et Gameiro alors qu’ils ont 500 millions d’euros de déficit… En France, ce club serait rétrogradé. Nous devons tenir compte des données économiques. A un moment donné, cela va basculer. Peut-être que les clubs qui auront traversé la tempête en ayant réduit la voilure auront encore les mats en place. Nous aurons peut-être les opportunités de traverser vite cette période difficile.

     

    Les supporters se demandent pourquoi vous n’étiez pas prêts à faire les efforts financiers pour Gameiro au cours de la trêve estivale ?

    Ce que l’on a obtenu de Lorient en décembre était inférieur à leur prétention du mois de juin de 30%. Dans la stratégie de M6, cette recrue aurait pu nous permettre de booster la fin de saison. Nous n’étions pas encore décrochés. L’investissement était alors justifié. Par ailleurs, si jamais il n’avait pas réussi loin de Lorient, son seuil pouvait garantir une certaine garantie en matière de sécurité de transfert. M6 était prêt à prendre le pari sur un jeune, à l’inverse de Cissé. Il coutait cher mais sans espoir de retour. Sans ouvrir de faux espoirs, peut-être que la stratégie Gameiro pourrait revoir le jour. Nous l’avons déjà fait avec Gourcuff.

     

    A combien était le budget cette saison ?

    85 millions d’euros cette saison. Nous serons sur la même base pour la saison prochaine. Avec un déficit de 17 millions d’euros.

     

    Des départs sont-ils actés ? Alou Diarra ?

    Non. Dans l’absolu, à cause de sa clause, Alou n’est pas obligé de venir me voir pour me demander de partir. Le club n’a pas de démarche à réaliser. Il a un agent et une clause, il lui suffit de me prévenir avant la reprise.

     

    Existe-t-il le souhait de créer une nouvelle équipe autour de Carrasso-Fernando-Plasil, les seules satisfactions de cette année ?

    Oui. Nous aimerions bien conserver les meilleurs et trouver des solutions pour les moins performants. Nous ne voulons pas garder un joueur contre sa volonté. Nous aurons besoin de joueurs performants et volontaires.

     

     

     

     

    Le groupe est-il transférable ?

    Comme tous les ans. Le club décidera toujours. Cela ne pourra se faire que si le club le décide.

     

    Un mot sur le profil de nouvel entraîneur ?

    Bordeaux a envie de gagner. Je m’éclate quand je gagne. Si vous me dites que nous choisirons un entraîneur qui sait ce qu’il veut sur les renvois aux 22, nous sommes mal barrés. Nous allons donc recruter un entraîneur qui sait ce qu’il veut mais réaliste. Il adaptera sa stratégie au groupe à disposition. Nous voulons un bon entraîneur car nous préférons éviter les mauvais. L’entraîneur devra être un peu chaleureux et communicant.

     

    Comme Rolland Courbis ?

    Chaleureux ? Quand il n’est pas content, il le dit aussi. Personne n’est interdit de club et n’a été choisi de façon définitive. Existe-t-il des générations d’entraîneurs appartenant au passé ou certains tournés vers les techniques modernes comme la vidéo, les technologies ou la psychologie ?

     

    Des noms ?

    Ce sont des gens de talent. Le choix d’un entraîneur est très complexe. Il peut avoir réussi dans un contexte et se tromper dans un autre. N’y voyait aucun message mais Jean Fernandez est passé de 3e à 15ème place. Gillot a disputé le maintien pendant 2 saisons, il jouait l’Europe cette année.

     

    Et pour les joueurs ? Nolan Roux ?

    Nous devons faire un choix d’entraîneur avant de recruter les joueurs. C’est vrai que Nolan Roux bénéficie d’une bonne image. Que nos supporters soient patients et réalistes. Ils sont jeunes, ils verront encore de bonnes saisons. Je me rappelle que mon beau-père a été président de 1962 à 1972. On nous dit toujours que nous sommes un grand club. C’est vrai mais il ne faut pas oublier que de 1950 à 1984, nous n’avons rien gagné. Les années Bez se sont mal terminées et la période M6 n’est pas si mal avec 7 ou 8 trophées. Nous n’allons pas nous satisfaire de cela mais nous devons composer avec la real politik.

     

    Et le nouveau stade ?

    La réponse appartient aux collectivités territoriales. Nous avons fait que ce nous avions à faire.

     

     

    Source: Girondins.com