Gaëtan Huard : «Dans les 5 premiers, voire 3»

    Aujourd’hui, Football.fr propose une interview de Gaëtan Huard. Il évoque la L1, le mercato, et bien sur les Girondins… Propos.

     

     

     

    Depuis l’arrêt de votre carrière, vous êtes resté proche de la Ligue 1 de par votre rôle de consultant pour Canal +. Comment percevez-vous le football français aujourd’hui?

    Gaëtan Huard: Bien structuré et encadré dans la logique de dépense avec la DNCG. Par rapport à ça, tous les clubs ont une structure financière intéressante. Le point négatif est que sur le plan européen il y a des disparités énormes, notamment sur les grandes compétitions comme la Ligue des champions car la plupart des meilleurs joueurs évoluent à l’étranger, notamment à cause des revenus plus élevés. Je ne comprends pas pourquoi la même rigueur financière n’est pas appliquée dans les différents pays d’Europe.

     

     

    En 1995-1996, Bordeaux finit 16e du championnat mais va en finale de coupe de l’UEFA. L’année dernière, Lille est champion mais se fait éliminer en seizième de finale de la Ligue Europa. Vous avez, en quelque sorte, sacrifié le championnat pour la coupe d’Europe. Pensez-vous que c’est encore possible aujourd’hui?

    La Ligue Europa est aujourd’hui dévalorisée en France et c’est dommage. Elle coûte de l’argent au club, à partir de là ça n’intéresse plus les équipes. L’élite, c’est la Ligue des champions. Et l’objectif pour des clubs comme Lille, c’est d’y participer pour équilibrer leurs finances. Marseille et surtout Paris sont cette année dans l’obligation de finir dans les trois premiers, mais ce ne sont pas les seules à viser le podium: Lyon, Lille, Bordeaux et Rennes restent à l’affut. C’est ça l’objectif, pas la Ligue Europa.

     

     

    Mais vous ne trouvez pas ça frustrant le manque d’ambition des clubs français, même en Ligue des champions, à l’image de Marseille qui se fait éliminer la saison passée par un Manchester United à leur portée?

    Je ne pense pas qu’il y ait de complexe d’infériorité. On n’a malheureusement pas les moyens qu’ont les Espagnols, les Italiens et les Anglais. Mais les clubs français n’ont pas non plus leurs déficits. Avec Bordeaux et Marseille, on a côtoyé les finales européennes, mais on a aussi eu le retour de bâton avec des sanctions de rétrogradation. Dans ce domaine-là, la France est sur les bons rails. Mais la marche est pour le moment trop haute pour les clubs français qui ne peuvent pas se payer les meilleurs joueurs.

     

     

    Un mot sur un club que vous avez fréquenté, le Racing Club de Lens. Le RCL est de nouveau descendu et est inquiétant en ce début de saison. Craignez-vous, à l’instar de Nantes, un passage en Ligue 2 plus long que prévu?

    C’est une déception énorme. C’est un club que j’ai dans mon coeur, une perte énorme pour la Ligue 1. Il y a eu beaucoup d’erreurs monumentales qui ont entraîné le déclin du RCL. On a payé très cher des joueurs très moyens. A partir de là, le club se met la corde au cou en conservant un effectif pléthorique avec des joueurs aux prétentions salariales trop élevées pour accepter d’autres propositions. J’ai peur que le séjour en Ligue 2 se prolonge.

     

     

    Vous avez suivi la préparation des Girondins?

    J’ai suivi de loin. Je sais qu’il y a une bonne ambiance, même si c’est toujours le cas en début de saison.

     

     

    Francis Gillot vise les cinq premières places, un objectif raisonnable?

    Il connait son effectif, c’est à lui d’en tirer la meilleure quintessence. Quand on est dans une année de transition avec un nouvel entraîneur et moins de noms, on a parfois des bonnes surprises avec des joueurs qui prennent leur responsabilité. Bordeaux se doit d’être dans les cinq premiers, voire les trois. Il n’y a qu’en France où il y a régulièrement des surprises en tête du championnat. Mais avec l’Euro 2016 et la DNCG européenne prévue pour 2013, je pense que la France va devenir l’une des meilleures nations du continent.

     

     

    Avec l’arrivée des Quatariens au PSG, la Ligue 1 semble attirer de nouveau des grands joueurs. Cela vous réjouit-il?

    Je n’ai jamais compris pourquoi un mécène n’avait jamais pris ce club. C’est la capitale, la plus belle ville du monde. Paris doit être toutes les années dans les trois premiers et être performant en Ligue des champions. Il n’y a que les résultats qui vont permettre de savoir si la stratégie est bonne. Il n’y pas de garantie. En revanche, par rapport au recrutement, l’objectif est clair: le titre. Je pense que c’est une obligation.

     

     

    Comment jugez-vous le niveau actuel des gardiens de but français?

    Très bon. Je vois des choses intéressantes. Avec Mandanda, Lloris, Carrasso, Douchez et Landreau, on a de très bons gardiens et d’autres, derrière, sont pas mal non plus. On a une bonne école de gardien qui perdure avec de bons formateurs.

     

     

    Vous êtes l’un des rares gardiens à avoir tenté l’aventure à l’étranger. Pourquoi les portiers ont aujourd’hui des difficultés à s’exporter?

    En jouant à Lyon, qui dispute chaque année la Ligue des champions, Hugo Lloris a une garantie à un an de l’Euro. Les aventures à l’étranger, comme Barthez ou Coupet l’ont fait, sont très risquées.

     

     

    Votre podium pour la saison à venir?

    Marseille, Lyon et Paris. Dans quel ordre, je ne sais pas!

     

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