Carrasso, l’interview manuscrite
Après la version Podcast d’hier, voici la version manuscrite de l’interview de Cédric Carrasso, passé sur RMC.
Cédric, n’avez-vous jamais pensé à quitter Bordeaux
depuis le titre de champion en 2009 ?
Non. Je suis un affectif, j’essaie d’être reconnaissant.
Bordeaux m’a permis de faire de grandes choses la première année.
Je ne me voyais pas partir comme ça, sans avoir donné plus de
moi-même. Je me sens bien ici. Aujourd’hui, ma priorité c’est
Bordeaux, je veux bien finir la saison. J’ai des objectifs, comme
l’Euro avec l’équipe de France. C’est un tout.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que le
recrutement de Bordeaux manque d’ambition depuis deux ans
?
On subit, on est des joueurs. On n’est pas là pour donner des
conseils. On préférerait d’autres noms, mais aujourd’hui il faut
s’adapter à toutes les situations avec cette équipe. On est des
collègues, on sera ensemble jusqu’à la fin de la saison. On n’a pas
le temps de cogiter. On a connu des années fastes, aujourd’hui on
vit ce qu’on appelle une « fin de cycle ». Des joueurs sont partis,
avec plus ou moins de réussite d’ailleurs. On a la chance de
pouvoir faire notre métier, tout simplement. On doit faire avec les
moyens du bord, tirer le maximum de ce groupe.
Finalement, n’y a-t-il pas trop peu de pression à
Bordeaux, des conditions de travail et de vie trop confortables
?
Bordeaux fait partie des grands clubs français, mythiques
comme Marseille, Lyon ou le PSG. Des clubs où les joueurs reçoivent
des contrats juteux et peuvent se reposer sur ça s’ils n’ont pas
connu autre chose ailleurs. La différence avec les autres grands
clubs français à Bordeaux, par rapport à Marseille surtout, c’est
la non-pression. Du coup il peut y avoir un certain relâchement. A
ceux qui souffrent éventuellement de la pression à Chaban-Delmas,
je réponds que pour y jouer tous les week-ends, je ne l’ai jamais
eue ! Rien à voir avec le Vélodrome. A Bordeaux, il y a tout pour
réussir, le passé, une puissance financière convenable, des
supporters… Il manque juste des performances sportives
régulières.
Qu’avez-vous pensé des récentes déclarations de
Christophe Dugarry, critiquant les dirigeants et les joueurs en
place ?
J’ai eu du mal à suivre, j’étais en sélection et pas très
disponible. J’ai entendu un mec qui aime un club, un peu maladroit
sur la forme certes, mais toutes les personnes qui aiment les
Girondins souffrent en ce moment. Dugarry, comme d’autres, ce sont
des joueurs qui ont le droit de parole, ils ont marqué l’histoire
du club.
Comment vivez-vous votre statut de troisième gardien
en équipe de France ?
C’est marrant, parce que le staff en place, je l’ai côtoyé à
Bordeaux, on se connait très bien. Avec Laurent Blanc, j’ai de très
bons rapports. C’est lui qui m’a fait venir aux Girondins, et c’est
lui qui m’a donné envie d’y venir. Aujourd’hui la hiérarchie est
établie, elle est logique. On est trois gardiens qui sont des
potes, l’ambiance est assez extraordinaire malgré le contexte de
concurrence. Durant la tournée en Europe de l’Est en juin, chaque
gardien a joué un match. On a vu que la France avait trois gardiens
susceptibles de jouer. Hugo (Lloris) et Steve (Mandanda) sont
meilleurs que moi, ils sont plus jeunes aussi. Il faut être
réaliste. Mais attention : si je peux jouer, je ferai tout pour
rester.
Un mélange d’humilité et d’orgueil, en quelque
sorte…
Ce qui prend le dessus pour moi, c’est la fierté de pouvoir
représenter ton pays avec les meilleurs joueurs. A Clairefontaine,
chaque jour quand tu te réveilles, tu vas sur le terrain, tu te dis
: « Je fais partie de ça ». Il n’y a pas mieux. Lors de ma première
convocation en 2009, à Marseille face à l’Argentine, je me suis dit
: « Le plus important, c’est d’avoir été toi-même et d’avoir tout
donné ». Certains disent que l’aboutissement, c’est de signer dans
un club. Je ne suis pas d’accord. L’événement le plus important
pour un joueur, c’est de gagner une Coupe du monde ou un Euro. Je
me prépare tous les jours à jouer. Je compte une sélection en trois
ans ? A l’Euro, je peux faire un seul match, et ce sera la finale.
Regardez Franck Leboeuf en 1998 ! Il faut toujours être prêt à
jouer.
Enfin, le portier bordelais a été interrogé sur l’état de
santé de l’entraîneur des gardiens des Girondins, Dominique
Dropsy , victime d’une leucémie détectée en mars
dernier
« On a des nouvelles. Il a été très malade. Ce fut un gros
choc. Tu crées des liens avec ton entraîneur. ‘Domi’, c’est un peu
notre papa à nous, les gardiens. Sa maladie nous a beaucoup
attristés. C’est parfois difficile de ne pas l’avoir avec nous.
Mais il va mieux. D’ici à peu de temps, on va pouvoir le revoir, au
moins autour d’un terrain. »