“J’ai déjà sorti Bordeaux”

    Sébastien Gondouin, le défenseur de 35 ans de Créteil, se souvient avoir déjà sorti Bordeaux de la compétition. C’était un 19 janvier 2002 en des 16èmes de finale de la Coupe de France (2-0). Dugarry, Pauleta et consorts avaient été sortis par les Lusitanos de Saint-Maur. Propos

     

    « A l’époque, nous étions des vagabonds »

    « Ce qui a rendu l’exploit encore plus fort, c’est qu’à l’époque, nous étions les vagabonds du football français. On avait été éconduits du stade Chéron par la mairie de Saint-Maur et, du coup, on s’entraînait où il y avait de la place. Cette saison-là, on a dû faire tous les stades de la région. Après chaque entraînement, le coach (Sylvain Matrisciano) nous disait : « Les gars, je vous appelle demain midi pour vous dire où on s’entraîne le soir! » Le match de Bordeaux, on l’a préparé au milieu des immeubles sur un obscur terrain synthétique de Champigny. Mais attention, si l’organisation était folklorique, les séances, elles, étaient sérieuses. »

     

    « J’ai raté l’anniversaire de mon père »

    « La veille du match, on a fait une mise au vert… au Campanile de Bonneuil. C’était une première pour nous à domicile. Je me souviens que ça faisait ch… tout le monde. Moi, encore plus, car ce soir-là mon père organisait une fête pour ses 50 ans, une fête que j’ai ratée. Il m’a dit : « Tu as une bonne excuse pour ne pas venir, mais fais en sorte que ce ne soit pas pour rien. »

     

    « D’un coup, on voit passer Dugarry, Pauleta… »

    « Quand on est arrivé à Duvauchelle — en voitures individuelles — on s’est tous demandé s’il y avait une fête. D’habitude, on jouait devant 200 personnes et là, c’était blindé (sic). Mais ce qui m’a le plus marqué c’est l’arrivée des Girondins. La porte de notre vestiaire était ouverte et d’un coup on voit passer Dugarry, Pauleta, Dhorasoo, Ramé, Meriem… toutes les stars suivies d’intendants qui tiraient les malles d’équipements. Nous, on n’avait même pas de tenues identiques pour l’entraînement, alors forcément ça nous a fait marrer. Et puis je crois qu’on ne réalisait toujours pas. C’est à l’échauffement, quand on a vu que les tribunes étaient pleines et acquises à notre cause, qu’on a pris conscience que c’était un match à part. »

     

    « Voir le sourire de tous ces gens en tribune! »

    « On a eu beau mener au score rapidement (Kamata, 19e), ce n’est qu’à vingt minutes de la fin que je me suis dit qu’on avait un coup à jouer. En tant que latéral gauche, j’ai fait toute la seconde mi-temps côté bancs de touche. Et quand Elie Baup à commencer à se mettre à hurler, j’ai senti que le match leur échappait. A la fin de la première période, j’étais déjà cuit, mais là je ne sentais plus la fatigue. Et quand Pimenta a marqué le deuxième (90e + 4)… je crois que j’ai fait le 80 m le plus rapide de ma vie pour lui sauter dans les bras. C’était énorme! Voir le sourire de tous ces gens en tribune, prendre des flashs plein la gueule (sic) et partager ça avec mon père, qui a suivi le match du banc des délégués, je ne suis pas prêt de l’oublier. Bizarrement, je n’ai pas trop de souvenirs de la fête qui a suivi, si ce n’est qu’après avoir fait plusieurs boîtes dans la nuit, on est arrivé sur le plateau de Téléfoot le lendemain matin, avec des tout petits yeux, mais de grands sourires. »

     

     

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