Belay: « Ca devient comme la NBA »

     

     

    Double buteur à Lille, Nicolas Maurice-Belay revient sur sa performance du week-end face au champion en titre, à un poste plus axial qu’à son habitude. Il aborde également un sujet qui fâche et sur lequel s’axe la plupart des reproches qui lui sont adressés : celui des statistiques.

     

     

    Contre Lille, Francis Gillot vous a aligné en pointe alors que vous êtes milieu offensif gauche…

    Milieu excentré, ça reste mon vrai poste. Ma qualité première, c’est la vitesse, je m’en sers pour faire la différence. Contre une équipe comme Lille, qui laisse de l’espace derrière quand elle attaque, c’est plus simple pour moi, j’ai plus de chances de pouvoir peser sur le jeu. Je préfère jouer en pointe contre Lille que contre Toulouse qui défend plus bas. J’avais d’ailleurs eu bien plus de mal à ce poste contre eux (2-0, le 11 février).

     

    Vous avez plus de 150 matchs en Ligue 1 mais vous n’avez inscrit que sept buts…

    Je ne fais pas attention à mes stats. En tout cas, ça ne m’obsède pas. Des stats, ça ne veut rien dire parfois. Si vous perdez 3-1 et que le buteur marque en toute fin de match quand l’équipe est menée 3-0, il sert à quoi son but sérieusement ? Contre Lille, sur notre deuxième but, je déborde pour faire la passe à Yoan (Gouffran) qui transmet à Ludo (Obraniak) qui marque. Ca ne compte pas comme un but, ni comme une passe décisive mais je me sens important sur l’action.

     

    C’est quand même un aspect qui compte dans le football…

    Tel qu’il est pensé actuellement, le système ne favorise pas un joueur comme moi. Tu peux avoir les pieds carrés, marquer un but de raccroc, on dira toujours que tu as fait un bon match. Tandis que si tu ne marques pas… Le football moderne, ça devient comme la NBA. On ne regarde quasiment plus que des chiffres. Regardez Boris Diaw, c’est l’un des joueurs les plus complets de ce championnat même s’il ne marque pas énormément. Et bien, on vient encore lui dire qu’il ne met pas assez de points.

     

    Dans votre carrière, ça vous a desservi?

    Oui. A Sochaux, je suis arrivé au club avec l’étiquette du « mec qui ne marque pas ». En interne, certains ne voulaient pas que je vienne à cause de cela mais le président de l’époque (Jean-Claude Plessis) s’est battu pour. C’est vrai que je ne suis pas un buteur dans l’âme, je n’ai parfois pas su répondre à ces critiques. Mon premier objectif, quand je rentre sur un terrain, c’est de prendre le dessus sur mon latéral.

     

    Etre plus tueur devant le but, c’est quelque chose que vous travaillez?

    Oui. Déjà à Sochaux, Francis Gillot a parfois été dur avec moi mais il avait raison. Je comprends que ça devait le saouler de défendre devant les dirigeants un joueur offensif qui ne marque pas. Ici, je regarde beaucoup comment travaillent les autres attaquants, comment ils se placent. Avant, j’étais dans un extrême, je pouvais avoir le but grand ouvert devant moi, je préférais quand même faire la passe à un attaquant pris au marquage. Je voulais faire plaisir à mes équipiers, ne pas passer pour le mec qui boycottait untel ou untel. Maintenant, je prends plus ma chance. Il faut être égoïste comme il le faut. A mon poste, un joueur comme Nene à Paris l’a très bien compris.

     

     

    Source: 20 Minutes