Henrique : “Ma mère m’a engueulé”

     

     

    Nouvelle interview de Carlos Henrique, pour son retour à la compétition, après avoir purgé ses quatre matches de suspension. Le défenseur central brésilien s’est confié à Lawrence Leenhardt pour France Football. Il revient notamment sur cette sanction, son retour au Brésil, le système de jeu avec 3 défenseurs centraux, et la lutte pour retrouver sa place dans le onze titulaire.

     

     

    «Henrique, quel est votre sentiment avant ce match contre Ajaccio ?

    Déjà, je suis très content. J’étais à l’arrêt forcé et ça ne m’était jamais arrivé. Ça m’a dérangé car ce n’est pas comme une blessure. Moi, je n’ai rien fait et on m’a empêché de jouer. Dans l’histoire, je pousse un peu le joueur (*), j’ai fait une connerie mais lui qui me met un coup de coude est moins sanctionné que moi ! Je n’ai pas compris. Mais j’ai décidé d’avancer. Tout ça, c’est du passé. D’ailleurs, plus personne ne m’en parle à part vous !

     

    Vous avez souvent été blessé longuement. Mais une suspension, comment la gère-t-on mentalement ?

    C’est très difficile, j’étais vraiment mal dans ma tête. En plus j’étais en grande forme quand c’est arrivé. Le coach m’a permis de rentrer une semaine au Brésil et ça m’a fait un bien fou. Ma mère m’a engueulé : «mais qu’est-ce que tu as fait à ce joueur ?». Ça m’a fait de la peine. J’ai parlé avec mes amis, la famille, j’ai travaillé avec un préparateur physique. Quand Je suis rentré, j’étais bien. Je ne suis pas allé au stade, ça c’est trop dur. Trop de stress. J’ai seulement été voir Nice et on a perdu (1-2) ! Mon fils, qui est un grand supporter, m’a obligé à regarder le match à Brest. C’est vrai que c’est vraiment dur. Ma foi m’a aidé à patienter. C’est une épreuve différente d’une blessure, un coup d’arrêt donné par quelqu’un. Tu te sens inutile, tu ne sers à rien.

     

    Et pendant ce temps, Bordeaux a effectué une belle remontée…

    Oui, avec ce système à cinq défenseurs, c’est bien. Tout le monde se sent mieux. J’ai beaucoup joué comme ça au Brésil, notamment toute ma formation. Contrairement à ce qu’on croit, c’est un système très offensif. Il me correspond aussi.

     

    Et vous avez perdu votre place sans pouvoir la défendre. C’est dur à avaler ?

    Dans ma tête, ce n’est pas comme ça. Les autres sont des bons joueurs mais j’ai confiance en moi. Je suis sorti sur suspension, pas sur blessure. J’étais en forme, je le suis toujours. C’est le coach qui décide mais moi, je veux croire que je vais jouer. Je pense avoir ma place, j’y crois, je veux la reprendre. Je vais me battre pour jouer. J’ai passé d’autres épreuves (deux ruptures des ligaments croisés aux genoux) plus dures. J’étais contacté au mercato, j’ai refusé de partir mais ce n’est pas pour rester sur le banc. L’équipe marche, ok j’en suis très content mais moi aussi je veux montrer que je peux apporter.

     

    Mais vous n’étiez pas dans le onze lors de l’opposition à l’entraînement…

    Il reste encore trois jours ! Je ne vais pas faire la gueule, il faut que je sois bon et costaud. J’ai toujours dû me battre, toute ma vie, depuis le quartier. Je n’ai rien eu de facile ni par hasard. Et je sais, grâce à mon éducation, que même si je ne comprends pas aujourd’hui, dans le futur, cette expérience m’aidera…»