Résultats des Girondins

    Obraniak “La pression me galvanise”

     

     

    Dans une interview accordée à Fifa.com, Ludovic Obraniak s’est longuement exprimé sur son choix de rejoindre les Girondins de Bordeaux au cours de l’hiver, afin de trouver du temps de jeu mais aussi le plaisir de jouer. L’international polonais est également revenu sur l’échéance de sa saison et cette participation au championnat d’Europe avec la Pologne.

     

     

    “Vous étiez en manque de temps de jeu à Lille. Êtes-vous comblé de ce point de vue à Bordeaux ?

     

    C’est vrai, même si quand je suis arrivé, il n’y avait rien d’acquis, et qu’il n’y avait aucune promesse de ce côté là. Je savais juste que mon profil correspondait à ce qu’ils cherchaient, et qu’en venant ici j’aurai plus d’occasion de jouer qu’à Lille. J’ai joué quasiment tous les matches depuis que je suis arrivé, ce qui est pour moi une vraie satisfaction. J’ai trouvé du plaisir sur le terrain et du temps de jeu, c’étaient mes objectifs prioritaires.

     

    Lille a été champion l’an dernier avec un banc de remplaçants décisif et à l’attitude exemplaire, dont vous faisiez partie. Revendiquiez-vous un autre statut ?

     

    Quand les joueurs qui sont devant sont meilleurs que soi, il faut savoir l’admettre. Quand on a Moussa Sow, Gervinho et Eden Hazard sur le terrain, qu’est-ce qu’on peut revendiquer ? En tant que remplaçants, nous avons juste essayé de combler les baisses de forme des uns et des autres en faisant des différences aux bons moments. Et ça a plutôt bien fonctionné.

     

    Les arrivées à Lille de Joe Cole et Dimitri Payet l’été dernier ont-elles scellé vos derniers espoirs de jouer davantage avec le LOSC ?

     

    L’arrivée de Dimitri était logique, avec le départ de Gervinho et les incertitudes sur Hazard. Il fallait compenser et préparer l’avenir. En revanche, on ne signe pas avec un joueur comme Joe Cole pour le mettre sur le banc toute la saison. J’ai compris que ça allait devenir très compliqué pour moi.

     

    Lors du dernier entretien que vous avez accordé à FIFA.com, nous avions souligné le fait que vous revêtiez souvent le costume de sauveur. Cette année encore, vous marquez un doublé à Lille, avec Bordeaux qui l’a emporté 5:4 contre votre ancienne équipe…

     

    On va dire que j’ai une bonne étoile ! (rires) J’ai souvent la bonne idée d’être au bon endroit au bon moment. Après, c’est aussi beaucoup de travail. Après tout ce qui s’est passé à Lille, je me dis que la roue a tourné du bon côté, et que quand on est honnête et qu’on fait bien les choses, on est récompensé. Même si ça m’a un peu embêté que ce soit face à mes anciens coéquipiers, c’était pour moi un signe du destin. Marquer un doublé contre une équipe qui vous disait que vous ne pouviez pas être titulaire, c’est forcément un joli pied de nez. C’était une façon pour moi de prouver que je n’étais pas forcément cantonné à un rôle de joker.

     

    Entre ce doublé à Lille, celui que vous avez marqué lors de votre première sélection avec la Pologne, alors que vous aviez grandi en France, et vos buts décisifs avec en fin de saison dernière alors que vous étiez remplaçant, on a l’impression que la frustration est un puissant moteur chez vous…

     

    Oui, c’est possible. Mon premier entraîneur quand j’étais jeune avait compris que j’ai parfois besoin d’être piqué au vif pour réagir. Inconsciemment, je pouvais parfois m’endormir un peu et me laisser aller. Les gens qui me connaissent bien savent que j’ai besoin d’une piqûre de rappel de temps en temps. Mais quand l’enjeu est fort et que la pression monte, ça me permet de hisser mon niveau de jeu et de concentration. La pression me galvanise.

     

    Cela va donner des idées à Françis Gillot, votre entraîneur à Bordeaux. Comment se passent vos premiers mois depuis votre arrivée en Gironde ?

     

    J’essaie de donner le maximum depuis que je suis arrivé. Ça s’est très bien passé, notamment les deux premiers mois. Nous avons eu ensuite une période où nous subissions un peu plus les événements. Avec un peu d’attention et de concentration, nous aurions quatre à six points de plus à l’heure actuelle, et nous serions en capacité de jouer une cinquième ou sixième place. Tout ça en ayant fait un début de championnat plus que moyen, ce qui veut dire qu’avec un peu plus de réussite nous aurions pu jouer les premiers rôles. Mais Bordeaux revient de loin, avec une place de relégable à la dixième journée… Ça veut dire que cette équipe a su réagir et qu’elle a un vrai potentiel.

     

     

     

     

    Comment expliquez-vous que Bordeaux réponde présent contre les grosses écuries, et perde des points contre les équipes moins bien classées ?

     

    C’est plutôt l’inverse qui s’est produit en première partie de saison, mais ça s’est inversé en 2012. C’est qu’on doit être défaillant quelque-part. Ça se joue sur des points de détail et sur la motivation. Quand on approche de la fin de saison, les équipes qui jouent pour le maintien sont loin d’être faciles à jouer. Nous avons trop tendance à nous faire remonter en fin de rencontre quand nous avons ouvert le score. Cette saison, tous les gros sont devant mais il y a quand même des places d’honneur à jouer, et il faut se battre jusqu’au bout.

     

    Bordeaux est-il le club idéal pour préparer “votre” UEFA EURO 2012 avec la Pologne ?

     

    C’est le choix qui m’a paru le plus cohérent, autant sportivement qu’humainement. Et il ne faut pas oublier que Bordeaux est un grand club, qui était champion de France il y a moins de trois ans, puis quart de finaliste en Ligue des champions. Pour moi, c’était l’opportunité de jouer et de continuer à progresser dans un bon club français. Tous les paramètres étaient réunis pour signer ici. Je fonctionne aussi beaucoup à l’affectif, la manière dont Bordeaux m’a approché, m’a conforté dans l’idée que c’était un club familial et humain. Quand un entraîneur vous veut vraiment, ça fait toute la différence.

     

    Parlons de votre équipe nationale. Le fait d’être qualifié d’office à l’UEFA EURO 2012 en tant que pays organisateur permet-il de faire une bonne préparation ?

     

    C’est difficile à dire. J’aurais tendance à dire non, car on ne joue que des matches amicaux qui n’ont pas l’intensité des matches de qualification. Je pense qu’on ne joue pas contre la même équipe du Portugal en amical ou pour un match de qualification de Coupe du Monde ou d’Euro. En tous cas, nous avons essayé de nous préparer de la meilleure des manières. La Pologne revient de loin et est en totale reconstruction depuis les qualifications manquées pour la dernière Coupe du Monde. La mayonnaise a mis du temps à prendre, mais je pense que nous sommes prêts.

     

    Que pensez-vous de votre Groupe A, avec la Grèce, la Russie et la République tchèque ?

     

    C’est assez ouvert, même s’il n’y a pas de matches faciles dans ce genre de compétition. Après, vu les équipes qui composent ce championnat d’Europe, cette configuration représente clairement une opportunité de passer le premier tour. Si nous n’arrivons pas à sortir de ce groupe là, nous ne sortirons jamais d’un autre groupe. Quand on évite l’Espagne et tous les gros, et qu’en plus on joue à domicile, c’est l’occasion ou jamais d’atteindre un quart de finale, ou mieux. Avec le public et la confiance, tout est possible, mais si on ne sort pas des poules, ce sera une grosse déception pour tout le monde.

     

    Quels sont les atouts de la sélection polonaise aujourd’hui ?

     

    Nous avons de fortes individualités, avec des joueurs qui jouent dans des grands clubs allemands, qui connaissent le haut niveau européen, ou encore Wojciech Szczęsny, le gardien d’Arsenal. Après, il faut trouver une bonne osmose entre tous ces joueurs, ce qui n’est jamais évident quand chacun joue dans un championnat différent et qu’on se retrouve tous les trois mois. Mais au vu des matches que nous avons disputés dernièrement contre le Portugal ou l’Allemagne, je suis très optimiste et je pense que nous avons une équipe qui peut être dangereuse.

     

    A titre personnel, c’est votre première grande compétition internationale. Cette perspective vous excite -t-elle particulièrement ?

     

    Je suis complètement emballé ! Pour un footballeur pro, disputer ce genre de compétition est un aboutissement. Ce n’est pas une fin en soi, mais on rêve tous de disputer une Coupe du Monde ou un championnat d’Europe. C’est pour ça que j’essaie de me préparer de la meilleure des manières, parce que c’est un moment important pour moi et pour la Pologne. Il faut vraiment que nous réalisions quelque chose de grand.”