Saivet n’a “rien fait encore à Bordeaux”

     

     

    Buteur le week-end dernier face à l’OGC Nice, Henri Saivet ne se repose pas sur ses lauriers, après une première partie de saison convaincante. Le jeune milieu bordelais sait qu’il doit prouver encore plus et continuer sa progression. Un discours positif et ambitieux, délivré dans cette interview accordée à Vincent Duchesne du site Sport 24.

     

     

     

    “Henri, Bordeaux a décroché une précieuse victoire le week-end dernier à Nice. Avec vous dans le rôle de l’unique buteur. Un but un peu atypique…

     

    Oui, un beau pointu. Dans la surface, on n’a pas beaucoup de temps pour tirer et prendre une décision. Là, je contrôle, je vois le défenseur qui revient et le gardien qui commence à anticiper. Donc, je décide de faire le pointu. Ça rentre, tant mieux. Peu importe la manière. Le pointu, ça surprend souvent les gardiens par sa trajectoire. Je suis content. C’était une victoire importante, face à un concurrent direct.

     

    Vous en êtes à 6 buts en Ligue 1 cette saison. Que pensez-vous de ce total ?

     

    Pour l’instant, c’est bien mais ça peut être encore mieux. J’ai loupé un penalty contre Rennes. Ça aurait pu me faire 7 buts. Je dois encore m’améliorer devant le but pour essayer de marquer encore plus et je dois aussi progresser dans l’entrejeu, dans les prises de balle, dans les décrochages, dans le jeu en mouvement. Et défensivement aussi.

     

    Vous avez longtemps été considéré comme un grand espoir à Bordeaux sans vraiment vous imposer. Comment expliquez-vous que vous soyez cette saison dans la lumière ?

     

    Auparavant, j’avais peut-être un manque de réussite et un manque de confiance. La confiance, c’est l’élément moteur pour un joueur. Je connais bien le staff. On a bien discuté. Ils me font confiance. On a besoin aussi de la confiance des joueurs pour qu’ils nous mettent dans les meilleures conditions en match. C’est un tout. Je pense que tout le monde y est gagnant.

     

    Le rôle de Francis Gillot est donc très important ?

     

    Oui parce qu’il nous parle beaucoup. Il a un avis extérieur car souvent, il n’est pas au cœur de la séance d’entraînement. Il se met en retrait pour essayer d’avoir une vision globale de tout ce qu’on fait. Après les entraînements, il prend un ou deux joueurs à part par rapport à ce qu’il a vu. Il essaye de nous guider. Tout le staff nous parle beaucoup. On a besoin de cette communication. Elle résout beaucoup de problèmes. C’est bien d’avoir un échange. Surtout si on n’est pas d’accord. Ça permet de progresser individuellement.

     

    Avez-vous l’impression d’avoir franchi un cap cette année ?

     

    Oui, dans la mesure où je joue plus. J’ai franchi aussi un cap dans le sens où je suis plus décisif. Il faut continuer. Et ça va payer. Je n’ai pas gagné ma place de titulaire, loin de là. Il faut montrer tous les week-ends qu’on mérite de jouer. Car on a quand même des joueurs de qualité. Il ne faut pas s’arrêter là. Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. J’estime d’ailleurs n’avoir rien fait encore à Bordeaux. 6 buts, ce n’est rien. Vraiment rien. Il y en a qui marque plus de 30 buts dans une saison. On leur dit que c’est bien. D’autres, plus de 90 buts dans une saison, c’est super bien. 6 buts, c’est quoi ? (sourire)

     

    Il y a beaucoup d’ambition dans votre discours…

     

    Il faut en avoir. Je sais ce que je vaux. Je sais ce que j’ai fait et ce que je n’ai pas fait. Et à l’heure actuelle, je n’ai encore rien fait.

     

    Etes-vous plus mature aussi ?

     

    Oui, peut-être. C’est aussi par rapport à tous les joueurs que j’ai pu côtoyer à Bordeaux ces dernières années. On apprend beaucoup de ces gens-là. C’est important de prendre du bon dans chaque personne, d’être vraiment à l’écoute. Quand je suis arrivé dans le groupe pro, il y avait des joueurs comme Micoud, très habile dans ses déplacements. L’année du titre, on avait une équipe redoutable avec Gourcuff, Chamakh, Cavenaghi avec son sens du but… Moi, j’étais plutôt observateur. J’ai pu observer l’exemplarité d’Ulrich Ramé qui venait le premier et qui partait le dernier à l’entraînement.

     

    Avec le départ de Gouffran à Newcastle, le départ de Diabaté à la CAN, sentez-vous une pression supplémentaire sur vos épaules sur le plan offensif ?

     

    Non, je ne sens aucune pression. C’est vrai que Gouffran était un élément important de notre collectif. On est tous contents pour lui. Il ne faut pas s’apitoyer sur notre sort. Il faut l’accepter. On en a connu d’autres depuis que je suis là. Yoan arrivait au terme de son contrat. Il avait envie d’un challenge plus important. C’est bien pour les Girondins de «ramasser» un peu sur Yoan. Tout le monde est content. Maintenant, à nous les milieux offensifs et les attaquants de faire encore plus. On est conscients qu’il faut peut-être jouer un peu différemment. Mais je ne me fais pas de souci. Je n’ai pas d’inquiétude.

     

    Actuellement, vous êtes plutôt sur un côté. Cela vous plairait-il d’évoluer dans l’axe ?

     

    Du moment que je suis sur le terrain, je donne le meilleur de moi-même. Je suis à la disposition de l’équipe. Je vais tout faire pour marquer ou faire marquer. Que ce soit sur un côté ou devant, ça ne me pose pas de problème. Je n’ai pas de préférence.

     

    Vous êtes lié jusqu’en 2014 avec les Girondins, avez-vous été approché pour une possible prolongation ?

     

    Pour l’instant, non. Je pense que les dirigeants étaient plus axés sur la recherche d’un renfort pour pallier le départ de Yoan. Moi, j’ai encore un an et demi de contrat. On n’est pas pressé. Je me concentre surtout sur la deuxième partie de saison qui s’annonce vraiment intéressante et importante. Après, c’est sûr que ça va venir vite. Mais ils savent très bien ma position. Je la garde secrète (sourire). On en discutera le moment venu.

     

    En tant que joueur formé au club, il y a une envie particulière de réussir ici ?

     

    J’ai envie de leur rendre un peu ce qu’ils m’ont donné. C’est grâce à ce club que j’ai réalisé mes rêves de jouer la Ligue des champions, de pouvoir signer professionnel. A moi de leur rendre sur le terrain.

     

    Un petit mot sur la réception de Valenciennes ce samedi…

     

    C’est quand même une équipe très intéressante. Offensivement, ils sont vraiment costauds. Il faudra vraiment faire attention même s’ils traversent un petit coup de moins bien avec les départs de Kadir et Gil. En plus, Bong et Angoua seront suspendus. Ils seront amoindris. Mais ça ne veut absolument rien dire. Ça va être un match compliqué. Il faut se méfier.

     

    L’objectif est de rester accrocher au wagon des équipes qui sont au pied du podium ?

     

    Oui, surtout que derrière, ça revient bien. Il faut essayer de prendre le maximum de points. Le wagon, il faut le prendre dès maintenant parce qu’après, on aura des regrets, ça c’est sûr. Même le podium est accessible dans la mesure où on fera bien les choses. L’année dernière, tout le monde vous disait éliminé de la course à l’Europe et au final, on a arraché la qualification pour la Ligue Europa. Tout est possible.”