Le déclic de Cheick Diabaté

    Cheick Diabaté

     

     

    Huit années ont passé depuis l’arrivée de Cheick Diabaté aux Girondins de Bordeaux. Attaquant au profil atypique, souvent moqué par les médias, le malien n’en reste pas moins un joueur décisif. Dans son édition du jour, le quotidien l’Equipe dresse un long portrait du joueur bordelais, et revient notamment sur ses débuts avec l’équipe réserve, sous la houlette de Patrick Battiston : « Avec lui, on a eu envie de travailler avec un physique qu’on n’avait pas trop vu chez nous. Sur son premier ballon, il fait contrôle, frappe et lucarne. On se dit “Pourquoi pas ?” […] Il a fallu dompter ce physique : appuis, coordination, motricité, timing. […] Il était capable de voir passer le ballon entre ses jambes sur un centre en retrait comme de gagner un match à lui tout seul. […] Il a fallu lui faire prendre conscience qu’il devait être collectif. […] Il a eu tellement de mal à s’intégrer, à comprendre le message, qu’à un moment il y a eu une cassure, on n’y croyait presque plus. »

     

    Ne parlant pas la langue française à son arrivée, ces problèmes de communication auraient pu lui porter préjudice mais le géant malien a finalement repris le dessus, comme nous le raconte son ex-coéquipier, Floyd Ayité, formé aux Girondins : « Il est arrivé dans un groupe qui vivait ensemble depuis quelques temps et il ne pouvait pas communiquer avec nous. Il restait un peu dans son coin avec Abdou Traoré. […] Il est obnubilé par le but. Avant le coup d’envoi et même pendant les matches, il n’arrêtait pas de venir me voir et de me dire ‘Fais mois marquer ! allez, je dois marquer ! […] Tout s’est enchaîné. Il a terminé meilleur buteur du championnat de CFA en ne jouant que six mois. Sentir que les portes allaient se fermer a peut-être été un déclic. »

     

    Grâce à ses performances, Cheick Diabaté tape dans l’œil de Gernot Rohr, qui souhaite le rapatrier en Corse, afin de l’intégrer à l’effectif de l’AC Ajaccio. Seulement, l’ancien joueur bordelais a également dû batailler auprès de ses dirigeants pour obtenir son prêt : « J’ai du batailler avec les dirigeants d’Ajaccio pour qu’ils le prennent. Le public le prend parfois en grippe parce qu’il a l’air maladroit mais c’est une fausse impression. Il est très adroit techniquement malgré son gabarit »

     

    Mais les réticences à son sujet ne se limitent pas au championnat de France, et sont également apparues dans son propre pays. Alain Giresse, sélectionneur des Aigles entre 2010 et 2012, nous raconte les critiques envers Cheick Diabaté lors de ses apparitions avec la sélection malienne :  « Au Mali aussi, sa sélection posait question du fait de son allure, de son style pas académique. C’est toujours pareil : on fait des cadres et, quand on ne rentre pas dedans, ça gêne. J’avais des joueurs qui avaient un bagage technique moins élevé et des stats bien inférieures mais qui ne subissaient pas les mêmes railleries. C’était pareil pour Peter Crouch. […] Je veux bien qu’on dise qu’il est maladroit mais il m’a fait une CAN avec trois buts et deux passes décisives en 6 matches. »

     

     

    Retranscription par Girondins4ever