Christophe Dugarry : “Le sélectionneur nous disait : ‘qui joue la première mi-temps, qui joue la deuxième ?’. Il n’arrivait pas à nous départager […] C’était comme ça, en déplaise aux jaloux, aux méchants, aux aigris et aux cons”

    Christophe Dugarry est revenu sur sa relation avec Zinedine Zidane. Les deux anciens joueurs se sont connus juste avant les Girondins de Bordeaux, pour éclater aux yeux de tous en Gironde, et ponctuer leur carrière commune par un titre de Champion du Monde.

    « Zizou je le connaissais en équipe de France, déjà de 14 ans, 15 ans. Donc déjà j’avais eu affaire à lui. C’était un garçon très timide, très réservé. Et de suite on a accroché, alors qu’on n’avait pas du tout le même tempérament : moi je parle beaucoup, je la ramène tout le temps, lui pas du tout. Je ne sais pas ce qui a fait que ça a accroché. Je pense qu’il aurait aimé être un peu plus comme moi, et moi un peu plus comme lui. Quand il débarque à Bordeaux, c’est une super nouvelle. C’est un copain qui arrive, et puis surtout un mec dont je savais qu’il était déjà génial. Ils ne vont pas le chercher pour dire : ‘c’est la future star’, pas du tout. Et puis forcément quand il joue, on se rend compte que c’est vite pas mal. A l’époque, je savais faire autant de choses que Zizou. Après, on se rend compte, en voyant nos parcours, qu’il y a autre chose que la qualité technique du jeu et du football. D’ailleurs, en équipe de France espoirs, je me souviens, le sélectionneur venait nous voir tous les deux et nous disait : ‘qui joue la première mi-temps, qui joue la deuxième ?’. Tellement il n’arrivait pas à nous départager. Après, il y a eu le travail, le mental, qui ont fait que Zizou est devenu ce qu’il a été, à la différence de moi. Mais oui à l’époque, c’était comme ça, en déplaise aux jaloux, aux méchants, aux aigris et aux cons. Parce qu’il y a aussi beaucoup de cons sur internet… Même si ce n’est pas à ceux-là que je m’adresse. Il y aura certainement des réactions derrière mes propos, mais je l’assume, et un jour si on a la chance de refaire Zizou, on lui posera la question. Au-delà du footballeur, ce que j’ai toujours aimé, et ce que j’aime chez ce garçon-là, c’est son humilité. Quand on voit certaines images de joueurs aujourd’hui qui pensent à leurs stats, et à leur pomme avant tout, ça me met tellement mal. Comme je l’ai toujours dit, je n’ai pas été un grand joueur. Je suis fier de ma carrière mais je n’ai pas été un grand joueur. Cependant, j’ai eu la chance de jouer avec de très grands joueurs, que ce soit au Milan, au Barça, ou en équipe de France. Il y a certaines attitudes, même si on me dit que le football et la génération ont changé… Il n’empêche que je trouve qu’il y a des attitudes qui me filent la gerbe et que je n’ai jamais ressenties chez un mec comme Zizou. Jamais. Ça a été un leader technique, mais ça a toujours été un garçon collectif malgré tout. Je n’ai pas envie de faire le vieux con, mais je le suis forcément un peu, ou le vieux réac… Chaque génération a ses propres codes. On avait les nôtres, il fallait les comprendre. La génération d’aujourd’hui a d’autres codes avec notamment les réseaux sociaux. Sincèrement, je me sens totalement dépassé. Je ne comprends pas cet individualisme à outrance ».

    Retranscription Girondins4Ever