Bernard Lions : “On n’a pas fait les choses à l’envers, on n’a pas commencé par le marketing et la création d’une marque qui ne repose sur rien. Non, on commence par gagner des matches”

Bernard Lions, journaliste L’Equipe, était correspondant du quotidien sportif sur les Girondins de Bordeaux notamment lors de l’année du titre de Champion de France 2008-2009. Il se souvient.
“Ce souvenir est à moitié professionnel et personnel, mais ce sont les Girondins de Bordeaux de Laurent Blanc. J’ai vécu la naissance d’un Président, de Laurent Blanc, en tant que joueur. Ma génération est celle de France 98. Et j’ai assisté à la naissance d’un grand entraîneur. A l’époque, cela paraissait très simple ce qu’il a fait à Bordeaux. Si on prend un peu de hauteur et de recul, ce qu’il a fait à Bordeaux était quand même assez remarquable. J’ai adoré le 2007-2010, parce qu’il y avait des joueurs incroyables, c’était une aventure humaine incroyable et je dis ça en dehors de mon affection pour Laurent Blanc et Jean-Louis Gasset. Il y avait des joueurs incroyables comme Fernando Cavenaghi, Marouane Chamakh. Ce que Laurent Blanc et Jean-Louis Gasset ont réussi à faire avec Yoann Gourcuff, à l’époque, ça paraissait très simple. Mais Yoann, je le connaissais depuis ses débuts, quand je suivais aussi le football italien, on était souvent en contact et il m’avait demandé mon avis quand il était en contact avec les Girondins. Je lui avais dit que Bordeaux était bien et il y est allé pour atteindre le sommet. On dit qu’elle a fait qu’un one-shot mais elle a mis quand même fin à l’hégémonie de Lyon, mais derrière ils ont quand même fait mieux qu’exister en Ligue des Champions. Ils ont joué contre de grosses équipes, la Juve, le Bayern, je me rappelle de ces matches-là qui étaient extraordinaires, avec des coups tactiques de Laurent Blanc. Une super époque qui a été entrecoupée avec la fin de l’aventure de Ricardo qui était une blessure. On se souvient de ce dernier match à Toulouse où Elmander met 3 buts et prive Bordeaux de l’Europe. Ça avait été un peu un sabordage des joueurs vis-à-vis de Ricardo et après il y a eu l’année de Jean Tigana. J’y suis resté 5 ans et cette période des 3 ans avec Laurent Blanc a été incroyable. J’ai vu la naissance d’un grand entraîneur, j’ai vu comment il était parti, comment il évoluait au quotidien. On parlait de Paulo Sousa, c’est la même chose. Laurent Blanc savait exactement où il voulait aller. Et comme on ne réussit pas tout seul en tant qu’entraîneur, il a eu la chance d’avoir une bonne génération de joueurs, dont certains formés au club : Benoit Trémoulinas, Pierre Ducasse, Marouane Chamakh, Grégory Sertic, Abdou Traoré, Henri Saivet… Avec ces joueurs-là c’était un tout. Et il y avait un Président, un directeur général et tout le monde était en phase avec leur entraîneur. Ils étaient tous focus sur ce qui était important : ce qui se passait sur le gazon. Ils faisaient tout pour que l’équipe gagne et qu’elle fonctionne, et le reste découlait tout seul. Je me rappelle que tout le monde a en tête ce but extraordinaire de Gourcuff contre Yepes du PSG mais je me rappelle surtout d’un stade Chaban Delmas, qui était loin d’être plein. Les gens se sont piqués petit à petit à l’aventure girondine, ils sont revenus au stade et il y a eu des ambiances formidables. Le lendemain du titre sur la place des Quinconces il y avait plus de 50000 personnes, il y avait une communion qui s’est faite parce que les bordelais se sont reconnus dans leur équipe. Il y avait des joueurs supérieurs à la moyenne comme Fernando Cavenaghi, des ambianceurs comme Souleymane Diawara, des grands joueurs comme Alou Diarra, des joueurs emblématiques comme Marc Planus, Ulrich Ramé… C’était une équipe complète sur toutes les lignes et j’insiste sur le fait que c’était tout un club qui était focus sur la réussite sur le terrain. De là, tout a découlé : tu as bonifié les joueurs que tu as pu revendre derrière, tu as eu des résultats qui t’ont permis de remplir un stade et de vendre des maillots. On n’a pas fait les choses à l’envers, on n’a pas commencé par le marketing et la création d’une marque qui ne repose sur rien. Non, on commence par gagner des matches, on fait tout pour que sportivement, ça se passe le mieux possible et le reste viendra tout seul”.
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