Frédéric Longuépée s’adresse aux supporters par l’intermédiaire d’une newsletter

D’habitude, ce sont plus des offres commerciales qui nous sont proposées par mail, ou des opérations liées à la billetterie. Cette fois-ci, les Girondins de Bordeaux de Frédéric Longuépée innovent. L’exercice de la newsletter est assez simple : informer. Celle-ci, sur un ton qui se veut rassurant – surement en écho aux craintes des supporters quant à l’avenir du club – est presqu’intégralement écrite avec le « Je » du PDG des Girondins de Bordeaux. Du moins, le champ lexical ne laisse aucun doute sur la rédaction intégrale de Frédéric Longuépée qui utilise des termes qui lui sont propres. Alors, l’on pourrait s’en amuser, et dire que l’exercice est un peu mieux réussi qu’une réponse à une interview de France Football par mail, ou dire que le discours autocentré ou ‘égocentré’ laisse penser que Frédéric Longuépée nie les inquiétudes des supporters, mais passons.
Il y aura donc 9 newsletter en tout, avec plusieurs termes : l’histoire pour construire le futur, les évolutions de l’économie du football, le cadre de politique sportive, l’émergence d’une culture sportive, le football comme locomotive économique ?, le stade et revenus de billetterie, le FCGB dans sa Communauté, le partenariat national et international, et enfin le meilleur pour la fin : le trading joueurs.
Encore une fois, si la forme est discutable, le fait d’informer les supporters – ou plutôt d’essayer de les rassurer – est plutôt une bonne chose. Tout comme aussi d’appeler les abonnés pour prendre de leurs nouvelles, ainsi que de leur famille, même si là encore, le fait de communiquer sur cette démarche sur les réseaux sociaux officiels gâche un peu le côté noble de cette démarche.
Revenons au fait. Dans son édito, Frédéric Longuépée assure penser « à nous, à nos proches, à nos collaborateurs ». Il y a également l’apparition de nombreuses lapalissades qui n’engagent que ceux qui les écrivent ou ceux qui y croient. « Nous partageons tous les valeurs du FC Girondins de Bordeaux et cette unité se confirme en cette période difficile ». Pas certain que l’unité soit même partielle, encore moins totale, que ce soit chez les supporters en conflit avec la direction, les partenaires décidant de geler les contrats en cours, ou les diffuseurs ne réglant par les dernières traites, mettant ainsi à mal un système conçu uniquement autour des droits TV et d’éventuelles plus-values sur les transferts, et le trading… Dans un but d’éponger des dettes, et non pas de créer de la richesse, ou de la qualité sportive, évidemment.
Une chose est une nouvelle fois à noter : l’absence de discours de marque, l’absence d’internationalisation et de discours purement commercial, pour cependant parler de « sportif » ou encore d’« ancrage régional ». Est-ce, qu’enfin, le club a choisi de prendre la bonne voie, celle qu’en fait les supporters suggéraient depuis le départ, à leur petit niveau et avec leur petite expérience ? Permettez-nous d’encore en douter.
Comme rapporté par L’Equipe, le FCGB, toujours par l’intermédiaire et le « je » de son PDG (on force un peu le trait, c’est vrai, on vous l’accorde), assure vouloir « terminer la saison ». Si dans la presse nationale quasiment jamais Bordeaux n’a été évoqué dans les négociations (avec la Ligue, l’UNFP, la FFF, l’UEFA, ou les divers groupes créés), Frédéric Longuépée assure que le « Club travaille à faire entendre sa voix auprès des organes consultatifs », tout en ajoutant qu’il sera « nécessaire d’attendre la décision de l’UEFA et bien évidemment de voir comment la crise sanitaire évolue ».
Vient en seconde page, « L‘histoire pour construire le futur ». « Mais en poursuivant quelle ambition ? » se clôture le premier paragraphe. Excellente question, à laquelle nous non plus nous n’avons pas de réponse. Mais le mot sportif est utilisé, tout de même. Quatre petits paragraphes suivent, pour faire des moyennes de classements des précédentes décennies, et ainsi constater, comme nous, que les Girondins de Bordeaux régressent dans la hiérarchie.
« Afin de nous montrer à la hauteur de notre histoire, tout en tenant compte de notre environnement économique, le Club s’est fixé comme objectif de classement pour la nouvelle décennie une qualification aussi régulière que possible pour les compétitions Européennes sachant qu’aujourd’hui plus qu’hier, nombreux sont les clubs qui peuvent y prétendre et que cela demandera du temps et de nombreux efforts. Tous nos choix stratégiques, tous nos axes de développement et tous nos travaux sont et seront articulés sur la base de cet objectif, avec votre soutien, toujours essentiel ».
Et cela se ponctue évidemment par une note d’optimisme, pour rassurer les supporters, que c’en était le but à la genèse de la réflexion de cette newsletter. « La confiance et l’engagement réaffirmés de nos actionnaires et les moyens qu’ils entendent nous donner conforteront nos ambitions ». Cette affirmation, qui n’a pas déviée d’un iota ces derniers mois chez Frédéric Longuépée, ne sera vérifiée qu’à l’intersaison, si tous nos meilleurs joueurs ne sont pas vendus, et si King Street éponge la dette qui sera conséquente à l’issue de l’exercice, tout en montrant de l’ambition SPORTIVE, comme cela a été décrit. Permettez-nous, là aussi, d’en douter.
La conclusion est rédigée sur la base d’un régionalisme marqué, d’identitarisme avec « l’esprit Girondins », ainsi que le « rayonnement de l’Institution dans notre région comme partout dans le monde ». Ah, justement, que pensent les clubs amateurs régionaux du partenariat payant, « Le Cercle ,» en ces temps de crise, où tous les championnats sont arrêtés ?
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